Alors que de nombreux ouvrages de cette rentrée littéraire se sont penchés sur ce que font les nouvelles technologies à nos vies, le Meilleur des mondes consacre une émission à la littérature et aux liens qu'elle entretient avec nos vies connectées. Comment les auteurs s'inspirent-ils de phénomènes actuels pour imaginer le futur ? Et comment les récits littéraires peuvent-ils nous aider à mieux appréhender les effets du numérique sur nos vies ?
Pour en parler, François Saltiel reçoit :
- Yannick Grannec , romancière, autrice du livre "Au-dedans"
- Lilia Hassaine, journaliste et écrivaine, autrice du livre "Panorama"
- Bruno Markov, ancien consultant dans le secteur de l'intelligence artificielle, auteur du livre "Le dernier étage du monde"
"Le Meilleur des mondes", c'est notre émission hebdo sur le numérique et sa place dans la société, à suivre en direct sur Twitch tous les jeudis de 16h à 18h ! Venez poser vos questions, discuter avec l'équipe et partager vos idées en direct !
#rentréelittéraire #litterature #twitch
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et les épisodes du "Meilleur des mondes" là https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/le-meilleur-des-mondes
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Peu à peu, j'ai pris l'habitude d'entendre parler d'attentats au coin de ma rue, d'Etats européens au bord de la faillite, de plans de licenciements partout en France, de tempêtes tropicales en Méditerranée, de migrants morts échoués sur la Côte d'Azur, de gens noyés sous le seuil de pauvreté à quelques rues de la mienne.. Et finalement, de foyers de rage s'allumant dans tout le pays, puis convergeant vers Paris, devenue la capitale des désirs inassouvis et des marchands de rêves inaccessibles. Ainsi, depuis cinq mois, toute l'hystérie sur laquelle reposait la société de consommation - jadis perceptible au premier jour des soldes ou aux cris stridents que les célébrités déclenchaient sur leur passage - s'est retournée contre les architectes du système. C'était assurément plus commode, quand on promettait aux gens le Ciel après la mort. Désormais, on leur serine que le paradis existe bel et bien sur terre, on l'affiche partout sur les murs et les écrans en leur jurant qu'ils pourront y accéder, s'ils le méritent. A condition de souscrire au dogme du marché, prendre part à la compétition globalisée, prier chaque jour pour une plus grande maison, une herbe plus verte et une plus large télé, se réunir tous les dimanches matin dans de grands centres commerciaux climatisés et la Réussite reconnaîtra les siens. Alors oui, quand le paradis gonfle chaque jour ses tarifs et durcit ses conditions d'entrée, je peux comprendre que certains crient à l'arnaque organisée. J'aurais sans doute pensé la même chose à leur place.
De l'intérêt de mettre l'intelligence artificielle au service de l'économie de l'attention: le grand jeu de notre époque. Un marché colossal. Pas une seconde ne s'écoule, sur nos écrans, sans que quelqu'un cherche à nous convaincre d'acheter son produit, de s'intéresser à lui, de nous joindre à sa cause, de voter pour lui, d'écouter ses problèmes, de liker ses photos, sa dernière vidéo, de faire connaissance... Il en résulte une pénurie globale d'attention disponible. Plus aucun cerveau n'a le temps de faire le tri entre l'essentiel et l'insignifiant ni d'arbitrer ce qui mérite son intérêt. Alors on fait appel à des algorithmes, pour trier les sollicitations à notre place, filtrer les contenus qui nous indiffèrent et promouvoir ceux qu'on désire - parfois sans le savoir. Avec le temps, ces guides apprennent à nous connaître et détectent des parts insoupconnées de nous, dont nous n'avions même pas conscience. C'est logique, ils ont été entrainés pour ça.
De l'intérêt de mettre l'intelligence artificielle au service de l'économie de l'attention: le grand jeu de notre époque. Un marché colossal. Pas une seconde ne s'écoule, sur nos écrans, sans que quelqu'un cherche à nous convaincre d'acheter son produit, de s'intéresser à lui, de nous joindre à sa cause, de voter pour lui, d'écouter ses problèmes, de liker ses photos, sa dernière vidéo, de faire connaissance... Il en résulte une pénurie globale d'attention disponible. Plus aucun cerveau n'a le temps de faire le tri entre l'essentiel et linsignifiant ni d'arbitrer ce qui mérite son intérêt. Alors on fait appel à des algorithmes, pour trier les sollicitations à notre place, fltrer les contenus qui nous indiffèrent et promouvoir ceux qu'on désire - parfois sans le savoir. Avec le temps, ces guides apprennent à nous connaître et détectent des parts insoupçonnées de nous, dont nous n'avions même pas conscience. C'est logique, ils ont été entraînés pour ça.
Dans le miroir de l'entrée, j'ai franchement fière allure. Si je me croisais dans un couloir, je me trouverais une vraie tête de connard. C'est bon signe.
Mes rêves dévissent inéluctablement de cette manière à l’approche de leur dénouement. C’est une sorte de tradition, depuis la mort de mon père et plus encore depuis que Marion m’a quitté l’année suivante - par surprise, elle aussi. Un beau matin, elle m’a simplement annoncé : « si je reste, j’ai peur de sombrer avec toi. » Il fallait en avoir, de la crasse dans le coeur, pour dire une chose pareille.
au début de la mission, Jules avait besoin que l'un des deux coopère: soit Fred, soit Maurice.
Alors il les a mis en compétition. Ils auraient eu intérêt à rester solidaires et laisser Jules se débrouiller seul il se serait retrouvé coincé.
Mais Fred a dû soupçonner que Maurice le lâcherait tôt ou tard, alors il est allé se coucher en premier.
Résultat Fred est libre et Maurice prend cher.
Je reconnais bien les tactiques décrites dans les carnets de mon père. Mettre ceux qui pourraient vous faire en concurrence, les couper de leurs alliés. Les pousser à s'isoler, s'ostraciser puis disparaitre, en silence.
La seule chose plus triste, pour un couple, que de ne plus faire l'amour, c'est de baiser par automatisme, sans même s'en rendre compte. Je rassemble mes souvenirs... Elle a peut-être essayé de me chauffer, dans le salon. Puis on a dû migrer vers la chambre, de peur de tacher mon canapé. Et là, oui - ça me revient, je crois qu'elle m'a sucé pour me convaincre – ou alors, c'était la fois d'avant. Des images sans date, sans poésie se bousculent, toujours les mêmes: zoom sur sa chatte, ses seins, son cul, sa bouche, toujours droit au but. Le même tempo, la même durée, les mêmes accords. Je sais qu'autrefois, on avait un tas d'autres façons de s'exprimer notre amour, mais elles ont disparu dans le refrain des nuits. D'ailleurs, le seul fait d'appeler ça de l'amour m'apparait comme une erreur de sous-titrage, une mauvaise interpréation des images. C'est devenu autre chose: de l'exercice, une habitude ou peut-étre une tactique pour s'endormir. Quelquefois, les paupières closes, je tente de ressusciter le garçon d'avant, sa naiveté, son insouciance, mais il ne répond plus.
Derrière l'hotesse, un écran plat vante la richesse des bases de Qinoa Labs : plus de 650 millions de profils nominatifs, 3 200 variables en moyenne sur chacun d'eux, provenant de 1317 sources de données différentes-1318, le temps que je passe le portique. Une kyrielle d'applications Facebook et Android sont rachetées ou développées ici chaque jour, dans l'unique but de collecter un maximum d'informations personnelles sur leurs utilisateurs: tests de personnalité, jeux, énigmes, sondages, utilitaires... Ajoutez-y les données qu'on achète aux sociétés de crédit, aux opérateurs télécoms, aux assureurs, aux pharmacies, aux centres commerciaux.. Puis toutes celles aisément accessibles en ligne: cookies, réseaux sociaux, blogs, registres officiels... Et vous obtenez un trésor incomparable sur terre, filtré, agrégé, transformé, raffiné par des centaines de data engineers.
Jules est certes un séducteur plus expérimenté, mais je suis meilleur stratège. La stratégie, c'est une invention des inadaptés pour vaincre les forts, une arme taillée par le cerveau de nos ancêtres pour compenser l'infériorité de leurs corps, lents et vulnérables, sans crocs ni griffes, face aux prédateurs plus chevronnés. C'est par la ruse qu'aux yeux de l'évolution, l'Homme est passé de "misft"à "modèle" indétrônable. Depuis, ce combat se perpétue à travers les siècles, contre les héritiers d'une injuste position dominante.
C'était assurément plus commode, quand on promettait aux gens le Ciel après la mort. Désormais, on leur serine que le paradis existe bel et bien sur terre, on l'affiche partout sur les murs et les écrans en leur jurant qu'ils pourront y accéder, s'ils le mérite.
A condition de souscrire au dogme du marché, prendre part à la compétition globalisée, prier chaque jour pour une plus grande maison, une herbe plus verte et une plus large télé.