Citations sur Art. 365 histoires pour épater la galerie (8)
Au XVIIIe siècle, un portrait est une chose très sérieuse : il permet d’asseoir et de légitimer une position sociale, de laisser une effigie pour la postérité et aussi de satisfaire un certain narcissisme. (…) Un bon portrait est comme un miroir : il faut que le nez, la bouche, les yeux, l’ensemble soient conformes à l’original. Or, tout cela se paie… Un commanditaire doit mettre le prix s’il souhaite que le peintre consacre tout son temps et toute son énergie à l’imitation minutieuse de ses traits. Si le contrat est modeste, le commanditaire ne peut pas se plaindre d’une ressemblance médiocre ; à l’inverse, pour une somme importante, le client est en droit d’appeler un certain nombre de corrections. Les contentieux se règlent devant les instances policières.
Ainsi, le peintre Joseph Vivien fut confronté à un modèle qui refusait de verser l’argent dû car il estimait insuffisante la ressemblance du portrait. L’artiste l’avertit qu’il allait lui ajouter une queue de singe puis lui affirma : « Tout le monde vous reconnaîtra et je trouverai vingt acheteurs au lieu d'un".
Berthe Morisot l'a bien compris, observer son enfant qui dort est un privilège, qui ne dure qu'un temps....
(Berthe Morisot_ Le berceau 1872)
Homme taiseux, d'un tempérament brusque, Turner est une telle force de travail qu'à sa mort des dizaines de milliers d'esquisses ont été retrouvées dans sa modeste demeure de Chelsea.
Mais la plus ahurissante des acquisitions ne s'est pas déroulée aux enchères. Ce fut une transaction privée : les Joueurs de cartes de Cézanne ont été cédés au Qatar pour le montant de 250 millions de dollars en 2011.
Pendant des siècles, être artiste supposait aussi d'avoir de solides compétences en chimie... Il fallait connaître les bons pigments, les broyer avec soin et les lier habilement avec des huiles, pour ensuite les diluer avec précision afin d'obtenir la texture adéquate de la pâte. Les précautions sanitaires étaient alors très peu respectées et, bien que l'on se méfiât de la toxicité de certains ingrédients, on en utilisait d'autres avec une très fâcheuse nonchalance. En particulier le plomb... Ce n'est pas par hasard que de nombreux artistes, comme le Caravage, dont la dépouille a pu être étudiée en 2010, ont souffert de graves maladies. En peignant, ils inhalaient des doses mortelles du métal qui, de surcroît, agissait sur les humeurs et avait la réputation de conduire à la mélancolie. Saturne, la planète du plomb en alchimie, est ainsi à la fois à la base du saturnisme, pathologie affectant les os, et du vague à l'âme saturnien qui "plombe" le moral. Une réglementation très stricte est désormais en vigueur pour éviter les contaminations et il est interdit de fabriquer de la peinture à base de ce dangereux métal. Histoire de rester d'aplomb.
Serait-ce parce qu’il est orphelin que Fra Filippo Lippi s’est fait une spécialité des « Vierge à l’enfant » ? Ce moine est loin d’être un enfant de chœur. Son mécène Côme de Médicis a même dû plaider sa cause auprès du pape Pie Ier. Son délit ? Avoir dévergondé une nonne de plus de trente ans sa cadette ! Vie dissolue mise à part, Fra Filippo Lippi, formé auprès de Masaccio, a imposé un style emblématique de la douceur italienne de la Renaissance.
Et Dubuffet d’ajouter : « Une chanson que braille une fille en brossant l’escalier me bouleverse plus qu’une savante cantate ». Chacun son goût.
Et dire qu’il a mis une partie de ses œuvres au feu… Oui, Sandro Botticelli a brûlé certaines de ses productions sur ordre du prédicateur Savonarole qui, entre 1497 et 1498 régna en maître sur Florence où vivait l’artiste… Sa peinture était-elle trop audacieuse ? Trop licencieuse ?
…
C’est par crainte que les charmes profanes de la peinture de nu aient raison de l’austérité de la peinture sacrée que Savonarole organisa des bûchers des vanités. Heureusement « La Naissance de Vénus » y échappa….