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Citations sur Les enquêtes de Roderick Alleyn : Meurtre en coulisses (18)

[...] ... Tous les membres de la troupe étaient sur scène. Martyn découvrit qu'ils étaient au nombre de six et qu'elle les connaissait déjà pour avoir vu leurs portraits dans le hall, avant de les rencontrer dans leurs loges respectives. Elle s'aperçut que, dans son esprit, chacun d'eux portait une étiquette : Helen Hamilton était l'Actrice Vedette, Gay Gainsford l'Ingénue, J. G. Darcey le Père Noble, Parry Percival le Jeune Premier, Clark Bennington - à tort ou à raison - l'Ivrogne et Adam Poole ... Elle ne trouvait aucune appellation pour ce dernier. Celle de "Patron" lui convenait peut-être ? C'était ainsi que l'on désignait, à l'époque victorienne, les auteurs-réalisateurs.

D'autres personnages gravitaient autour de ce noyau. Il y avait le Dr John Rutherford, dont l'excentricité semblait dépasser celle que lui attribuait la légende ; l'homme au pull-over rouge qui était le régisseur et qui s'appelait Smith ; l'assistant de ce dernier, un homme taciturne et que l'on n'entendait presque jamais. Il y avait enfin les machinistes qui s'activaient, chacun dans son domaine, ou contemplaient les acteurs avec un égal détachement.

Quand Martyn parvint sur la scène, les comédiens se préparaient à la séance de prise de vues. Ils commencèrent à se déplacer selon un ordre bien établi, dirigés par Adam Poole, sous le regard attentif et quelque peu inquiet d'un homme d'âge moyen, à l'aspect dégingandé, qui courait ici et là, muni d'un pot de peinture et de pinceaux. Cet homme, le dernier qui apparût sur scène ce matin-là, ne semblait avoir aucune occupation précise. Mais, en même temps, tous les rouages du théâtre avaient l'air de dépendre un peu de lui. Il portait une combinaison de travail et une chemise à carreaux dont son cou émergeait tel celui d'un oiseau, long et moucheté, pour se terminer par une tête qui vacillait légèrement, comme si elle reposait sur des articulations usées par l'âge. Les autres l'appelaient Jacko. Ils s'adressaient à lui avec une sorte d'irritation affectueuse. Ce fut lui qui désigna la position de chaque projecteur et lui aussi qui donna le signal mettant les acteurs en mouvement. Helena Hamilton apparut au dernier moment. Elle se glissa, légère et gracieuse, dans un espace laissé ouvert au milieu de la troupe. Aussitôt, elle devint le point de mire de toute la scène. ... [...]
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[...] ... Plus tard, les acteurs eurent tous le même sentiment : ils n'avaient pas compris, à temps, qu'un désastre venait de s'abattre sur le Vulcain. Le rideau tomba sur les derniers mots du Dr Rutherford. Il y eut une nouvelle vague d'applaudissements, Poole sortit du plateau en courant, suivi par le reste de la troupe. Il rencontra Clem Smith qui tenait toujours son trousseau de clef.

Une odeur de gaz emplissait les coulisses.

Curieusement, peu de commentaires furent échangés en ce début de crise. Les acteurs s'étaient rassemblés et regardaient à droite et à gauche. Nul n'osait poser la question qui était dans tous les esprits.

- "Il faut empêcher les visiteurs d'entrer, Clem," indiqua Poole. "Tu n'as qu'à les envoyer au foyer."

Le régisseur assistant se dirigea rapidement vers le téléphone. Bob Grantley surgit dans l'encadrement d'une porte, un sourire épanoui sur le visage.

- "Un triomphe !" s'exclama-t-il. "John ! Ella ! Adam ! Mon Dieu, vous avez tout simplement ..."

Il s'interrompit brusquement et son sourire se figea.

- "Ne reste pas ici, Bob," reprit Adam. "Va t'occuper des autres. Demande à nos invités de continuer sans nous. Ben est souffrant. Il faut faire ouvrir toutes les portes. Nous avons besoin d'air.

- Une fuite de gaz ?" interrogea Grantley.

- Vite," continua Poole. "Emmène-les dehors. Explique-leur la situation. Ben est malade. Ensuite tu m'appelleras, je ne bouge pas d'ici. Fais vite, Bob."

Grantley sortit sans un mot.

- "Où est-il ?" interrogea le Dr Rutherford.

- "Adam ?" fit Helena Hamilton.

- "Retourne sur le plateau, Ella. Il vaut mieux que tu ne restes pas ici, crois-moi. Kate te tiendra compagnie. Je vous rejoindrai dans un moment.

- Vous venez, docteur ?" lança Clem Smith.

Il y eut un bruit de bousculade dans le corridor. Le Dr Rutherford ordonna :

- "Ouvrez les portes de la remise."

Puis il disparut derrière la toile de fond. ... [...]
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Les raisons qui poussent un être humain à en tuer un autre peuvent parfois sembler ténues, invraisemblables. Des meurtres ont été commis pour toutes sortes de motifs : la jalousie, la peur, la vanité, l’ennui, la haine.
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Pour l'amateur de théâtre, il n'existe peut être pas d'expérience plus forte et plus riche en émotions que celle consistant à écouter des acteurs sans les voir. Les voix lointaines et désincarnées, venant de nulle part, le silence presque surnaturel qui pèse sur les coulisses, les odeurs, le sentiment que les murs retiennent leur souffle, un climat, une atmosphère d'attente inexpliquée, tout cela se conjugue et se démultiplie. Le théâtre vit et espère. Son cœur bat.
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La coquetterie est un travers mortel pour un acteur.
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L’homme est un être éminemment attaché aux conventions. Même devant ses tragédies, il a le réflexe de chercher des repères.
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S’il faut être pédéraste pour compatir au sort d’un homme malheureux au point de se donner la mort, s’il faut être pédéraste pour se sentir physiquement et mentalement malade à cette idée, alors oui, je préfère être un pédéraste qu’un homme normal.
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Pense à ces actrices que la nature n’a pas choyées mais que leur public trouvait belles, à ces vieux comédiens qui faisaient oublier leur âge. Tout est là, dans l’esprit. C’est une question d’intériorité, d’effort et de discipline.
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Ben s’était conduit d’une manière détestable avec lui. Il avait tout fait pour le ridiculiser durant les répétitions. Il l’avait troublé et agacé, introduisant des gestes et des mimiques qui n’étaient pas dans le texte, l’interrompant au milieu d’une tirade, le regardant du coin de l’œil et le narguant, le laissant muet de fureur et d’impuissance. C’était la technique qu’utilisait un instituteur pour torturer un petit écolier.
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Aucun comédien n’aime à être jugé autrement qu’en terme de louanges dithyrambiques.
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