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Critique de ChristiandeSeauve


Claude Martin, attaché à notre pays la Haute-Loire par sa famille et sa maison à Saint-Pal-en-Chalencon et près du Chambon-sur-Lignon, nous livre toute une vie professionnelle consacrée à la diplomatie avec deux pôles dominants la Chine et l'Europe. le lecteur, au fil des pages, se remémore ce qui fut d'actualité pendant ces 50 dernières années.

le jeune énarque, diplômé des Langues'O fait ses premiers pas à 20 ans, à l'ambassade de Pékin lors de son service militaire en 1964. Il y reviendra d'abord comme ministre plénipotentiaire puis comme ambassadeur et lors de séjours. Deux dates marqueront ses passages : 1966 avec la révolution culturelle et 1989 le massacre sur la place Tian'anmen. En 1965, les Chinois ne connaissent la France que par le sac de Pékin et les missionnaires ! L'histoire à Pékin avance lentement à la manière d'un peuple qui a les millénaires derrière lui. Les réformes politiques accompagnent lentement le monde économique, la corruption et l'urbanisme sauvage suivent. La rencontre Mao - Nixon sonne le glas de la primauté de la France. La balance déséquilibrée des échanges s'aggrave au fil des ans.

L'auteur suit sans état d'âme le maoïsme français dans ses divagations qui, comme un feu de paille, enflamment l'atmosphère. Passionné par cette civilisation Claude Martin vous fera découvrir les poètes et romanciers chinois, l'opéra et le cinéma, leurs artistes et les peintres sans oublier ses amis dissidents. Dans des zones désertiques interdites aux étrangers, vous croiserez des bandits et assisterez à des enlèvements et vous reviendrez par le transsibérien.

À chaque pas de Pékin à Berlin, apparaît dans la trame cette obsession des autorités chinoises que l'Europe renforce son unité face aux deux autres grandes puissances. À son premier retour de Chine une page précieuse de l'histoire contemporaine apparaît quand l'auteur fait partie des négociateurs de l'entrée de la Grande-Bretagne dans le Marché commun. Par la suite l'Europe témoigne de son impuissance à avoir une politique commune. L'ambassadeur à Berlin renforce le couple France-Allemagne en l'obligeant à tenir le même langage face au délabrement de l'Europe. Une monnaie sans politique fiscale commune et un agrandissement monstrueux de l'union donne un grand corps sans vie. Et les personnalités parfois contraires des deux chefs d'État ne facilitent pas la tâche.

le défilé de personnalités, de Georges Marchais à Jackie Kennedy nous livre, sans fard, des portraits décapants. Ils ne sont jamais vindicatifs et rendent la lecture attachante. Un adjectif : insignifiant, incontournable ou subtil, précède le nom du personnage ; parfois le mot va plus loin comme tripoter ou agitateur et les nuances épinglent. L'auteur sait se moquer de lui-même. Dans une situation inconfortable quand la France, contrairement à la parole donnée, livre des armes à Taiwan, donne des leçons de socialisme et de droits de l'homme aux Chinois, il organise un bal masqué à l'ambassade sur le thème des trafiquants d'armes. Au nom de la France, il se dresse sur la pointe des pieds pour embrasser une lauréate ou ingurgite une queue de moutons. Les ministres qui se succèdent, sont jugés à l'efficacité de leur travail sans à priori lié à leur passé politique. Ces pages, où l'analyse des déceptions dues aux revirements politiques consécutifs au blocage des idéologues, relèvent du chef-d'oeuvre mais jusqu'où peut aller la duplicité d'un homme d'État ? « Ne vous inquiétez pas, écrit-il, je vous retrouverai. »
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