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Citations sur Ma fille folie (23)

Elles répondent jamais vraiment les poupées, ma fille, pourtant on a l'impression qu'elles répondent. Elle a pas répondu à ma question parce que c'était la première que je lui posais et elle avait pas encore confiance ou il fallait qu'elle y pense bien. Elle était toute nue. Dans son ventre il y avait un grand trou tout rond pour y mettre de la terre et planter une fleur. Le trou m'a fait penser que dedans, les gens, ils sont vides. La poupée cachait même pas une bague dans son ventre. J'ai décidé que les poupées et les gens sont différents. Elle avait plus de cheveux d'un côté, peut-être que c'est un chien qui les avait mangés. Ses yeux semblaient comme les miens quand je les ouvre en grand pour y faire tenir plus de choses. C'étaient des yeux bleus que les noirs. Les yeux décident leur couleur : si on naît la nuit ils sont noires, si c'est le jour ils sont bleus. Ceux qui ont les yeux verts c'est parce qu'ils voulaient naître ni le jour ni la nuit, mais ils sont nés quand même et ils se sont retrouvés comme ça.
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"Les pensées, ça ne peut pas s'entendre."
Tu restes là-haut dans ta cour à regarder ton prunier tout sec. Tu restes toujours là à regarder ce prunier tout sec.
"Il n'est pas sec."
Je reviens demain.
"Il n'est pas sec."
[...]
"Mon arbre est sec pour qui ne sait pas le voir au-delà de l'écorce."
[...]
"Le prunier existe comme moi j'existe : ce ne sont pas les feuilles et les fruits qui font une vie."
[...]
Rentre à l'intérieur, t'es toujours comme ça, assise, à rien dire, à fixer un tronc sec.
"Il n'est pas sec."
Il est sec.
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Le premier avantage qu'elle apprécia passionnément en vivant seule fut de pouvoir laisser la merde accrochée à son cul sans provoquer l'inspection du nez froncé de son ennuyeuse génitrice. Maddalenina aimait ses selles depuis le jour où, dans une conversation déj en cours entre deux fenêtres, elle entendit que sa voisine du même âge, Amalia Coghe - enfant sans malformation aucune -, avait la nuit d'avant chié une bague que l'on croyait perdue à jamais. Chaque jour, après sa régulière séance aux cabinets, Maddalenina, pleine d'espoir, fouillait de ses doigts son fruit fumant, y trouvant seulement au printemps des noyaux de cerise, et en hiver des solitudes de journées constipées. Mais, espérant que quelque bague fleurisse dans le fumier entre ses fesses, elle veilla à laisser fertile, pour elle, le terrain. Elle mourrait sans bague au cul ni au doigt, Maddalenina, mais faute de le savoir, elle chia toujours dans une délectable espérance.
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Les odeurs que tu me fais sentir me font penser au raisin pourri abandonné au abeilles et aux mouches ; à de l'eau morte, à des latrines mal tenues, au coeur noir d'une pomme de terre. Mais je te pardonne si tu lui accordes, à elle, la compagnie des fleurs, si tu la fais aller dans des cours parmi des fantômes de curés et aucune peur pour lui serrer la gorge. Sa peau a déjà la couleur de la mort ; qu'est-ce qui arrive au sang, c'est lui qui devient pâle ? c'est lui qui se glace avant la conscience du cerveau  c'est lui qui délave les iris ? c'est lui qui se fait neige dans les veines, maintenant, pour Maddalenina. Moi je questionne une personne invisible ? Mais je questionne encore. on ne meurt jamais, au chaud ? Le père de Maddalenina put l'avoir pensé, mais seulement jusqu'au moment où il s'est refroidi le charbon qu'il est devenu. Tout mort doit devenir glacé, forcément. Le froid ultime qu'ils ont toujours prédit. Et puis ils nous ont menacé d'un enfer pas moins épouvantable, destin ultime si nos vies avaient fréquenté le péché.
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Ce jour triste je m'étais mise à marcher sans regarder les arbres des rues, le ciel qui était noir mais peut-être bleu, les maisons. Je regardais pas les gens, j'aimais les odeurs de personne, et même j'avais envie de vomir de dégoût avec l'odeur du pain du boulanger que les autres fois où j'allais toucher ma pension ça me donnait envie d'en manger. Je marchais en regardant ma main, j'avais beaucoup de tristesse pour elle parce qu'elle était offensée. Je me suis pas arrêté les jambes jusqu'à ce que je me suis presque cognée contre un mur et ma main l'a touché, sinon je pouvais me faire mal à la figure. J'ai été contente de ne plus la voir comme une main morte, parce qu'elle avait tout oublié. Il fait toujours oublier après qu'on s'est moqué de toi, sinon on comprend plus la couleur du ciel.
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Crois pas, ma fille, que les yeux bleus sont plus beaux que les noirs. Les yeux décident de leur couleur : si on naît la nuit ils sont noirs, si c'est le jour ils sont bleus. Ceux qui ont les yeux verts c'est parce qu'ils voulaient naître ni le jour ni la nuit mais ils sont nés quand même et ils se sont retrouvés comme ça.
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Plein de gens marchent toujours deux par deux,
moi, quand il pleut, j'ai même pas mon ombre à côté.
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Je me suis rendu compte que mon âme avait été giflée.
Ce n'était pas le cœur, je le jure,
ce n'était pas le foie ou un coup sur les reins.
C'était une gifle à toute volée à ma personne.
Je sais que, si je l'avais raconté, tout le monde m'aurait dit,
Va, va avec Maddalenina, que vous êtes bien pareilles.

Mon âme en est restée blessée, elle est tombée malade.
Le prunier l'a compris, lui il a compris, c'est mon reflet.
Je guéris des squelettes de personnes et de parapluies,
mais pour mon âme stupide je connais pas de remède :
elle n'est pas portée par des os.
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Le froid n'est pas différent de tous ceux que j'ai connus,
pas plus intense que celui qui habite mon thorax quand j'observe d'ici ma maison,
où les souvenirs se rabougrissent en souffrant.
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Juste deux fois j'ai vu la neige dans toute ma vie : c'est la chose la plus bizarre qui vole dans l'air. Plus belle que les oiseaux. Moi je pleurais en la voyant, je sais pas pourquoi. C'était une émotion qui ressemblait plus à du chagrin qu'à du bonheur. Parce qu'elle fondait : c'est ça qui me faisait pleurer. Comme quand je trouve pas de bague dans mon caca. Ca fait un bon moment que je fais pas caca. Pense à ta cour comme elle serait belle avec la neige. Le prunier tu peux te l'imaginer en fleur et avoir une belle illusion parce que c'est pas vrai, il est tout sec.
"Moi, je ne sais plus quoi dire devant cette femme. Je ne lui sers à rien. Elle va son chemin."
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