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Critique de belette2911


La prochaine fois que je ronchonnerai sur nos gouvernants, j'aimerais qu'on me susurre à l'oreille "Mexico" ou "Felipe Calderon", juste pour me rappeler que malgré leur gabegie et leur incompétence, il est préférable d'être dirigé par ces voleurs que par les assassins au pouvoir qui sévissent au Mexique.

Les Mexicains ne savent plus où finit l'État et où commence le crime, et vice-versa car tout le système est infiltré, pourri, gangrené par les cellules d'un cancer qui est plus terrible que le vrai.

Ne faites confiance ni à la police, ni à l'armée, ni aux dirigeants. Ils sont pires que tout…

Ni vivants, ni morts… Tel le chat de Schrödinger, ces personnes disparues se retrouvent dans une dimension parallèle pour leurs familles qui ne savent pas faire leur deuil puisque personne ne sait si ces disparus sont morts, assassinés ou servent de main d'oeuvre bon marché quelque part.

Le néant total et donc, zéro enquête et zéro justice puisque le concept de « disparitions forcées » (inventée par les nazis) n'est pas inscrit dans le code pénal. Un peu comme si tous ces gens (plus de 30.000) avaient décidé de partir ailleurs sans prévenir personne.

Ce roman qui oscille entre roman noir et roman policier n'est ni l'un ni l'autre. C'est en fait une gigantesque enquête sur une réalité glaçante que sont ces disparitions ou ces assassinats… Parfois même, ce sont les habitants de villages entiers qui ont disparu et croyez-moi, même Fox Mulder saurait que ce n'est pas l'oeuvre des extra-terrestres.

Bizarrement, dans des zones ultra violentes, des sociétés investissent quand même… le sous-sol est riche d'or, de gaz de schiste, de métaux, de pétrole et les techniques d'extractions sont toutes plus polluantes les unes que les autres. Non content d'avoir fait disparaître des populations entières ou de les avoir chassé par la violence, le saccage continuera et après pillage, pas de nettoyage… Si ce n'est des corps.

Le pire pour les familles des disparus ? En plus de ne rien savoir sur leurs proches disparus, les familles doivent aussi encaisser une criminalisation des victimes retrouvées parfois assassinées dans un fossé, comme si en fin de compte, elles l'avaient bien méritées puisque appartenant au milieu du crime. Hors, il n'en est rien !

Douche froide sur ma tête car moi aussi, lorsque je vois aux infos qu'un criminel-délinquant a été assassiné, je me dis que ce n'est que justice…

Mais non, ce n'est pas de la justice. Et si cette personne était innocente, alors ? Je serais complice de tous ceux qui la criminalise pour se dédouaner de leur assassinat et laver le sang sur leurs mains, même si nous ne sommes pas au Mexique. J'étais moins fière, tout à coup.

Ce roman d'enquête, après son introduction qui vous fige déjà la bouche ouverte devant autant d'horreur, va nous parler de quelques personnes disparues, nous livrer les récits des témoins (qui se terrent), du ressenti de leur famille, de leurs combats, voués à l'échec, du cauchemar qui commence, de cette attente, de cette mort lente qui va les prendre dans ses bras.

Le coeur est au bord des lèvres durant la lecture. La vie d'une famille a basculé parce que Untel était au mauvais endroit, au mauvais moment. Kidnappé ? Assassiné ? Devenu un esclave ? Une mule ?

Quelques réponses mais jamais de justice. Normal, la disparition forcée au Mexique est utilisée surtout comme stratégie de terreur car chaque personne disparue affecte le moral de beaucoup de monde autour de lui.

Est-ce la police qui l'a enlevé ? Les narcos ? Est-ce l'armée qui a assassiné ces étudiants ? Oups, pardon, sujet tabou ! La Grande Muette n'a jamais aussi bien portée son nom. Les pires âneries seront dites en conférence de presse, après l'exécution de ces 43 étudiants mais gare à ceux qui mettraient en doute ce qui a été dit.

C'est un Mexique loin des cartes postales, que l'auteur nous dévoile, c'est un pays de tortionnaires, de voyous, d'assassins et les pires ne sont pas chez les narcos ou le crime organisé. le pire est bien souvent à la tête de l'état. Un état qui ne fait pas son mea culpa alors qu'il se comporte comme l'Allemagne nazie le fit, en son temps.

C'est une enquête qui glace les sangs, qui serre les tripes, qui met le coeur au bord des lèvres. C'est un livre qui fait monter en vous des sensations horribles lorsque vous pensez à la douleur des familles, à la terreur qui cloue ces gens car on ne sait jamais où le prochain coup va tomber.

Si la peur fait bouger les gens, les poussent à réfléchir, à se dépasser, la terreur, elle, les fige au milieu de la route, dans les phares… Les prédateurs n'ont plus qu'à donner le coup de grâce aux pauvres lapins.

Un roman enquête qui ne laisse pas indifférent et à éviter de lire avant de partir en vacances là-bas, ça vous les gâcherait… Moi, je n'irai pas.

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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