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Critique de Biblioroz


Ce recueil renferme des textes très brefs que j'ai globalement appréciés pour la qualité de la plume bien plus que pour la passion des sujets. Je me répète sûrement mais l'écriture de Guy de Maupassant est irréprochable, simple tout en dégageant un charme qui donne irrésistiblement envie de relire une seconde fois certaines phrases si pleines de notre belle langue !

C'est un abbé avec sa foi absolue qui hante le premier texte au sujet plein de charme. Celui-ci est bien persuadé que son Dieu a tout fait avec une logique que l'on ne peut remettre en doute. Tous les éléments de la nature ont leurs raisons d'être. Excepté peut-être la femme que l'abbé haïssait car elle est, selon lui, un danger et un piège pour l'homme de par son caractère aimant. Mais il suffit de la splendeur d'un clair de lune, caché habituellement à l'homme qui dort, pour l'émerveiller au point de ne plus trouver la réponse à cette question « Pourquoi Dieu avait-il fait cela ? Puisque la nuit est destinée au sommeil, à l'inconscience, au repos, à l'oubli de tout, pourquoi la rendre plus charmante que le jour, plus douce que les aurores et que les soirs, et pourquoi cet astre lent et séduisant, plus poétique que le soleil et qui semble destiné, tant il est discret, à éclairer des choses trop délicates et mystérieuses pour la lumière, s'en venait-il faire si transparentes les ténèbres ? »

On trouve de l'ironie en allant dans un bourg normand où un médecin s'exalte tout seul de la proclamation de la République puis de l'émotion en lisant la toute dernière phrase de la nouvelle L'Enfant.

Un médecin de campagne nous raconte un miracle de Noël autour d'une femme possédée et loin d'adhérer à l'histoire abracadabrante j'ai néanmoins pu déguster la beauté de la campagne immobile et silencieuse ensevelie sous un manteau de neige si parfaitement décrite par l'auteur.

Plusieurs textes parlent de l'instabilité des coeurs avec l'amour bien souvent lié à la mort. Ils sont également nombreux à exploiter le fait que, naïvement ou aveuglément, l'on ne connaît jamais réellement les personnes avec lesquelles on vit.

La plus poignante nouvelle est peut-être celle s'attardant sur le portrait d'une veille fille appelée la Reine Hortense. Elle livre une scène d'une agonisante entourée par l'égoïsme non dissimulé et absolument abject de la famille venue assister à ces dernières heures.
La plus tragique prête à un instituteur qui a perdu ses enfants la dénonciation de tous les meurtres commis par Dieu, l'accusant de massacreur…
La plus triste s'attache à un ancien cocher qui finit ses jours dans un asile parce qu'il s'était laissé attendrir par une chienne abandonnée, un « squelette de bête. » le ton est tout d'abord burlesque en relatant le trop grand besoin d'amour de cette chienne qui rameute tous les chiens à des kilomètres à la ronde mais tout se termine enseveli sous une grande tristesse.

J'ai bien aimé La nuit, un texte très efficace qui montre un Paris sous les lueurs des becs de gaz puis sous les angoissantes ténèbres. Une belle passion de la nuit, terriblement bien exprimée, qui vire au cauchemar.

Ces toutes petites nouvelles se lisent très vite, l'une nous porte immédiatement vers la suivante même si j'ai jugé que la moitié des histoires ne représentaient pas un réel intérêt. Je les ai lues en tournant délicatement les pages d'un vieux livre qui va bientôt fêter son siècle puisqu'il a été imprimé à Évreux en juillet 1926, une collection de l'auteur héritée de mon arrière-grand-père. Pour cela, elles ont cette saveur particulière des vielles choses et des vieux écrits qui réussissent à traverser les décennies qui nous séparent et nous unissent simultanément.
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