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Critique de michfred


Un petit recueil qui a pour singularité de regrouper six nouvelles du maître Maupassant,que Claude Santelli a adaptées pour la télévision, du temps où celle-ci se souciait plus de nourrir les appétits culturels de son public que de remplir sa part de cerveau disponible par des publicités insipides...

Toutes sont pratiquement des chefs-d’œuvre, qu'il s'agisse de la nouvelle ou de son adaptation.

Les 6 nouvelles sont très connues comme La Petite Roque, La Parure ou Aux Champs ou nettement moins connues comme Hautot père et fils, Berthe ou L'Enfant. A chacune d'elles le cinéaste a su trouver une expression particulière. Je n'en analyserai que 3.

Pour La Petite Roque, récit cruel d'un viol et d'un crime odieux ,commis sous l’impulsion brusque d'une sexualité animale, le film est d'une grande fidélité à la nouvelle, réaliste et puissant,comme son héros, à l'écran Bernard Fresson, qui joue le maire violeur bientôt rongé de culpabilité et confondu par elle, comme par un destin.

Pour l'Enfant, c'est très différent: la nouvelle étant archi courte, presque une épure, le cinéaste va puiser dans sa connaissance profonde de Maupassant pour lui donner chair et substance, et pratique la "contaminatio" de quelques autres récits pour donner à cette "naissance" allégorique et symbolique toute sa portée et sa richesse. Ainsi s'élaborent, autour du mariage de Jacques et Berthe, toute une série de variations sur la grossesse, piège subi ou tendu- cachée ou exhibée, désirée ou redoutée- et qui finit par trouver avec ces deux jeunes mariés encore chastes une expression originale et idéalement assumée. C'est pour moi la meilleure adaptation de Maupassant à l'écran, tant elle fait preuve d'une connaissance et d'une fidélité à l'esprit de l’œuvre,en même temps qu'elle est d'une grande liberté d'expression dans l'exercice difficile de la transposition!

Un dernier petit mot pour "Berthe", nouvelle terrible sur une enfant intellectuellement attardée qu'on marie pour calmer la voix parfois trop brutale de la nature en elle, qui s'éprend de son abominable mari pour le plaisir qu'il lui donne d'abord, mais qui sombre dans la psychose une fois que l'époux a épuisé la drôlerie de leurs jeux sexuels et qu'il l'abandonne...Le cinéaste a trouvé pour ce sujet cruel -et cher à Maupassant- un registre presque fantastique, d'une grande noirceur: celui de la chute dans le non sens absolu, la complète déréliction. Le seul "garde-fou" au sens propre est le discours du narrateur, le médecin de Berthe, presque le pire de tous, dans son parti-pris d'observation clinique d'un anéantissement programmé.

Recueil à lire, et, si vous avez comme moi eu le réflexe d'enregistrer ces perles, à voir et à revoir...

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