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Critique de Nastasia-B


Voici un bon recueil, — dans la moyenne —, pas le meilleur, pas le moins bon. J'y ai particulièrement savouré les trois nouvelles consécutives Une Vente, L'Assassin et La Martine.

La nouvelle titre explore deux directions distinctes. Tout d'abord le sujet principal, à savoir, selon l'auteur, le ridicule des « prix de vertu » (je n'ose même pas imaginer ce que Maupassant aurait pu écrire à propos des concours de Miss...) et du côté labile que peut prendre la vertu, surtout lorsqu'elle est exposée sous les projecteurs (voir à ce propos la fameuse chanson de Brassens, « 𝄞𝄆 ♬♪♫ trompettes de la renommée, vous êtes bien mal embouchées »).

Et puisque je suis dans la comparaison avec l'ami Brassens, l'autre axe majeur de cette nouvelle est la dénonciation du chauvinisme exacerbé du narrateur qui s'admire dans Gisors, modeste ville de l'Eure, comme dans la plus grande mégapole de tous les temps et qui ne peut que me faire songer à la chanson « les imbéciles heureux qui sont nés quelque part ».

Un Échec raconte la déconvenue (un bon vieux râteau des familles !) d'un dragueur auprès d'une femme mariée (petites remarques misogynes au passage, merci M. Maupassant).

Puisqu'on est dans le registre de la misogynie, l'auteur en remet une petite couche avec Enragée ? qui nous conte la nuit de noces d'une naïve persuadée d'avoir contracté la rage et qu'il fait passer pour une cruche des plus mémorables.

Le modèle est une forme de n-ième jugement du mariage comme un enfermement que rien ne justifie (l'auteur était personnellement contre cette institution et prétendait comme la chanson des Rita Mitsouko que « les histoires d'amour finissent mal en général »).

La Baronne est une sorte d'addendum à la nouvelle Yveline Samoris (recueillie après la mort de l'auteur dans le Père Milon). Il y est encore question de femmes à la vertu douteuse et intéressée.

Une Vente, est la vraie nouvelle originale du recueil et elle se situe dans la lignée de la Bête Au Maît' Belhomme ou des Tribunaux Rustiques, autres nouvelles savoureuses de l'auteur. Maupassant y emploie, comme il sait si bien le faire, le patois haut normand dans une histoire rocambolesque et franchement drôle.

L'Assassin se présente sous la forme d'une plaidoirie de procès. J'ai cru y lire en filigrane le propre jugement De Maupassant sur la société.

La Martine est probablement une des plus belles illustrations du génie littéraire De Maupassant. Il y décrit, tout en émotion, tout en délicatesse, tout en subtilité, tout en suggestion la passion d'un brave gars de la ferme, Benoist, pour une belle paysanne qui, ayant un temps fait écho à ses avances, choisira d'en épouser un autre.

Une Soirée se présente sous forme d'une petite farce sans prétention. Un soldat en permission chez sa soeur dans une ville inconnue, jouissant d'une tendance affirmée pour le goulot essaie de trouver des filles afin de prendre du bon temps et tombe nez-à-nez avec son beau-frère au beau milieu d'une réception mondaine.

La Confession explore le contraste entre un époux et sa femme. L'un militaire, vertueux, l'autre, rieuse, de moeurs faciles. Au soir d'un repas arrosé, le vertueux va fauter...

Divorce déploie, dans le registre de l'anecdote, la trame d'un notaire qui a « recruté » sa femme par petite annonce en examinant le montant de la dot apportée par l'épouse. Mais d'où provient cet argent ?...

La Revanche fait une nouvelle fois l'apologie de la relation extraconjugale au détriment de la légale.

L'Odyssée D'Une Fille raconte la suite de déboires liés au hasard qui ont conduit une fille pauvre vers les chemins de la prostitution. Ce thème sera repris et enrichi dans la nouvelle le Port (publiée dans le recueil suivant La Main Gauche).

Enfin, Une Fenêtre dévoile les dessous d'un procédé original de mise à l'épreuve d'un futur mari. Mesdames, si vous en avez les moyens...
...mais ceci n'est qu'un avis, donc, presque rien.
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