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Critique de marguerite18


Jeanne est dotée d'un père et d'une mère aimants, mais qui se révèlent de fort mauvais parents puisqu'ils la laissent épouser un homme dont ils ignorent tout. le mariage à l'époque étant une condition dont une femme ne pouvait guère s'évader, n'est-ce pas le moins qu'on aurait pu attendre d'eux qu'ils se renseignent quelque peu sur le prétendant de leur fille, le vicomte Julien de Lamare, grand jeune homme élégant, qui leur a été présenté par le curé au sortir de l'office ? On tremble pour Jeanne, éduquée au couvent, si ignorante et désarmée, si avide de bonheur à l'aube de sa vie de femme, que son père, adepte de Rousseau, rêvait de "tremper lui-même dans un bain de poésie raisonnable". Même si elle découvre - non lors de sa nuit de noces, bien décevante, mais pendant leur voyage nuptial en Corse - en pleine nature, le plaisir sensuel, l'entente conjugale n'est qu'éphémère, Julien se révélant cupide, avare et infidèle. Jeanne est désoeuvrée, son mari "ayant pris la direction de toute la maison pour satisfaire pleinement ses besoins d'autorité et ses démangeaisons d'économies". Un événement vient bousculer cette routine ; Rosalie, la bonne de la famille, soeur de lait de Jeanne, accouche pratiquement aux pieds de celle-ci d'un fils dont elle refuse de révéler le géniteur. Plus tard, Jeanne découvre son mari dans le lit de Rosalie et apprend que leur liaison a commencé dès avant le mariage. Sous le choc, Jeanne s'enfuit, pieds nus dans la neige. Elle-même enceinte, Jeanne met au monde un petit Paul, surnommé Poulet, sur lequel elle reporte tout son amour. le couple fait la connaissance du comte et de la comtesse de Fourville. Peu après, Jeanne, résignée, s'aperçoit que son mari a noué une liaison avec la comtesse. Cet adultère étant découvert par le comte, les deux amants connaîtront une fin tragique. Après la mort de son mari, sa mère étant décédée auparavant, l'existence de Jeanne et de son père est tout entière absorbée par Poulet qu'ils étouffent d'affection et élèvent sans bon sens. Devenu grand, celui-ci tourne mal et fait des dettes. le père de Jeanne mourant à son tour, celle-ci se retrouve dans une solitude complète et n'est sauvée de l'abandon total et de la ruine que par Rosalie, qui revient auprès d'elle et prend ses affaires en main. le roman s'achève sur une note un peu plus optimiste, Jeanne et Rosalie recueillant la fille de Poulet. Rosalie dit à sa maîtresse : " la vie, voyez-vous, ça n'est jamais si bon, ni si mauvais qu'on croit".

A la différence d'Emma Bovary capable de prendre des initiatives - même si celles-ci tournent en général à la catastrophe - Jeanne subit passivement sa vie et chemine sans révolte de désillusion en chagrin. C'est ainsi qu'après la mort de sa mère, elle découvre à la lecture d'une correspondance que celle- ci a eu un amant.

Malgré de brefs moments de joie, 'histoire est amère et mélancolique, la langue de l'auteur pure, dépouillée et belle.
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