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Critique de gerardmuller


Climats / André Maurois (1885-1967) /Académie française
Issu de la grande bourgeoisie limousine un peu rigide et accrochée à des principes d'un autre temps, Philippe Marcenat connaît d'abord une aventure amoureuse à Paris avec Denise Aubry. Cela ne dure que le temps d'une amourette car Philippe est un être composite et cynique qui peut être sensuel, sentimental et tendre par accès, et brutal par réaction. Il se décrit lui-même comme inhumain !
Lors d'un voyage à Florence, il s'éprend de la très belle Odile Malet et l'épouse malgré l'hostilité de ses parents.
« Regards d'une infinie brièveté, mais qui fut le grain de pollen minuscule, tout chargé de forces inconnues, d'où naquit mon plus grand amour… Je pense avec plaisir à notre amour de ce temps-là ; quand ce feu caché paraissait, c'était par flammes violentes et brèves…De même que certaine modes en dissimulant aux yeux des hommes le corps tout entier des femmes donnait jadis du prix à une robe effleurée, la pudeur des sentiments, voilant à l'esprit les signes habituels des passions, fait apercevoir la valeur et la grâce de nuances imperceptibles de langage. »
Mais la jalousie maladive, dévorante et obsédante de Philippe involontairement entretenue par Odile conduit à un désastre, une descente aux enfers et le divorce semble inéluctable.
« de même qu'elle avait la beauté d'un personnage de rêve, elle passait sa vie dans un rêve…Je la détestais et je l'adorais. Je la croyais innocente et coupable. »
La construction de ce très beau roman paru en 1928 est intéressante : dans une première partie, c'est la seconde épouse de Philippe, Isabelle de Cheverny, qui introduit une longue lettre que Philippe lui a écrit pour lui conter sa vie avant de la connaître. Par cette lettre, Philippe devient le narrateur et livre son âme à Isabelle comme une femme livrerait son corps. Dans une seconde partie, Isabelle se souvient et raconte sa rencontre, son mariage et sa vie tumultueuse avec Philippe qui a tout fait tout plus ou moins inconsciemment pour la rendre jalouse.
C'est le récit d'un double échec conjugal finement et subtilement analysé par André Maurois du point de vue psychologique. le style est délicat et somptueux et « Climats » reste son écrit le plus représentatif de son talent.
Extrait : « On a tort de dire que l'amour est aveugle ; la vérité est que l'amour est indifférent à des défauts ou à des faiblesses qu'il voit fort bien, s'il croit trouver dans un être ce qui lui importe plus que tout et qui souvent est indéfinissable. »
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