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Critique de argali


Cet oratorio (avec solistes, choeur et ensemble) rend hommage aux soldats nord-américains tombés sous les balles lors du Débarquement et est une critique féroce de la guerre, des hommages, des faux semblants et de la vie où la fin inéluctable est la mort.

Ce texte, à la fois dramatique et ironique, est centré sur un carré de gazon vert, du cimetière américain de Colleville-sur-Mer en Normandie, écrasé par le soleil d'août. Une famille endeuillée depuis 60 ans, suite à la perte de jumeaux de 20 ans à peine, vient se recueillir sur leurs tombes pour la première fois. Il y a là leur soeur, sa fille et son gendre et deux de ses petites-filles, adolescentes. Dans ce lieu de recueillement, où tout est net, beau, ensoleillé, le calme n'est rompu que par le bruit de la mer et les cris stridents de quelques corneilles. Eunice, la grand-mère, semble bouleversée et détachée à la fois. Phyllis, la fille, ne cesse de bavasser comme pour exorciser le malheur et la mort. La tension est palpable entre elles, elle se révélera peu à peu.

Les deux femmes reviendront de nuit, seules, à la rencontre de leurs morts, Paul et Victor, et se retrouveront avec stupeur face à face avec leurs fantômes et ceux de leurs frères d'arme, jouant au football et batifolant entre les tombes. Un dialogue virulent et brutal se nouera entre morts et vivantes, entre passé et présent.

Tragi-comique, surréaliste, ce texte met en présence des êtres en souffrance mais incapables de comprendre celle de l'autre, aux antipodes de la leur. Et la rencontre ne peut qu'être étrange et brutale, rageuse et violente.

Catherine Mavrikakis que je découvre avec ce court texte - de 124 pages à peine- met en scène plusieurs thèmes comme les relations mère-fille conflictuelles, l'obsessions morbide, le devoir de mémoire et une certaine esthétisation de la mort.

J'ai trouvé cette pièce à la fois forte et pesante. Certains passages sont beaux et puissants et méritent qu'on s'y attarde. D'autres sont longs et redondants. D'autres encore créent un certain malaise. D'ailleurs je me demande si cette pièce est destinée à être jouée (et si elle l'a été) où simplement à être lue.
L'auteure semble avoir un univers bien à elle ; elle a, en tout cas, une plume forte et belle. Je découvrirais certainement d'autres de ses écrits.
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