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Critique de dvall


dvall
21 novembre 2020
La route.

Une étroite bande de bitume menant d'un point A à un point B. Mais comme souvent dans les voyages, ce n'est pas le point de départ ni le point d'arrivée qui comptent. C'est le chemin parcouru. Ce qui est vécu sur la route, ce que l'on y gagne ou ce que l'on y perd en cheminant. Ou bien ce que l'on transporte avec soi. Les deux voyageurs de ce roman sont un père et son jeune fils, poussant un caddie à travers les paysages dévastés et presque désertés d'une Amérique post-apocalyptique à la noirceur angoissante. On ne sait rien de ce qui a conduit ce monde à sa destruction, on ne sait rien ou pas grand-chose de ce père et de ce fils qui n'ont pas même de noms.

Le style d'écriture est dépouillé, minimaliste, à l'image des paysages traversés. Les dialogues sont lapidaires, les phrases prononcées parfois réduites à de simples mots, déshabillées mais vivantes. Dans ce monde pourrissant, une paire de chaussures et une conserve de nourriture peuvent vous sauver la vie ou vous la coûter. La nourriture, toujours la nourriture. Car pour survivre il faut manger. Ne pas se laisser dévorer par le désespoir ou la cruauté, par la rage aveugle et monstrueuse que certains rescapés développent pour eux-mêmes survivre. À travers toutes ces ténèbres et ces horreurs, c'est une lueur fragile mais ardente pourtant qui illumine ce roman de part en part : l'amour que porte ce père à son enfant, un amour si absolu, si désintéressé, si inaliénable qu'il en devient la colonne vertébrale de ce récit, sa moelle épinière palpitante.

Ce père est prêt à tout sacrifier pour son fils, pour lui transmettre quelque chose dans ce monde qui semble pourtant ne plus rien avoir à donner. Malgré les cadavres qui jonchent la route, les visions d'épouvante auxquelles ils sont confrontés, le père fait ce qu'il peut pour que son fils sache le prix de la vie, croit en la possibilité d'un avenir meilleur. Quelque part, il doit bien rester quelques « gentils ». Ils se cachent simplement les uns des autres. Alors il faut continuer à avancer, continuer à « porter le feu ». Cette métaphore bien sûr, c'est celle de l'humanité qu'il y a en nous. Et qu'il ne faut jamais, ô grand jamais, laisser s'éteindre.
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