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Critique de morganex


Les USA pendant les années trente. Peu de temps après le crack boursier de 1929. Une époque durant laquelle, plus qu'à toutes autres, le contraste entre pauvres et riches est le plus marqué. C'est le temps des "Raisins de la colère": les uns crèvent pendant que les autres applaudissent, gros cigares entre les dents, bedaines bien pleines. C'est aussi l'époque du mirage hollywoodien: des milliers de jeunes chômeurs se rêvent en stars du 7ème art, tentent leur chance, survivent un temps de figurations en figurations, oublient rapidement tout espoir, abandonnent leur jeunesse au fatalisme, à la misère et au quart-monde.

Mais il leur reste une dernière chance: "Les marathons de la danse".

Gloria et Robert ont abandonné le mirage des plateaux ciné. 1000 dollars au couple qui dansera le plus longtemps. 80 couples au départ. La compétition peut durer des semaines. Et c'est de prime à la survie dont il s'agit. de fatigue, de douleurs, de sommeil, de blessures, d'épuisement, d'abandon, d'humiliations ... la mort n'est rien, elle fait partie du jeu.

L'enfer est sur le parquet, dans le moindre pas de danse répété à l'infini.

Une heure et demie à danser ou du moins à bouger, à s'économiser. Dix minutes à se reposer. Jour et nuit. L'abandon sans gain ou la victoire.

"Gloria et moi avions été prévenus par des vieux routiers que la seule façon de tenir le coup jusqu'au bout c'était d'utiliser au mieux les pauses de dix minutes grâce à une méthode très précise: apprendre à manger son sandwich, tout en se rasant et en se faisant soigner les pieds, apprendre à lire les journaux tout en dansant, apprendre à dormir sur l'épaule de sa ou de son partenaire."

Tenir, toujours tenir, échapper au sommeil, aux crampes, aux états d'âmes, aux rivalités haineuses entre couples...

... Pour au moins manger.

Le "je" du texte, au bout de quelques semaines, se vante même de prendre du poids.

L'obsession, sans cesse en tête, de décrocher un sponsor. En échange d'une pub dans le dos: quelques vêtements et surtout des chaussures neuves.

L'espoir qu'un producteur, dans le public, vous remarque...

Prime de 100 dollars offerte, en sous-main, par les organisateurs, au couple acceptant de se marier sur les planches. le public applaudit, rit, pleure à ces unions où chacun en est venu à détester l'autre.

Des âmes bien-pensantes se liguent pour que cesse le marathon. On leur graisse la patte.

Chaque couple attend la chute, l'abandon du voisin.

Toujours plus de clients curieux, ils paient pour venir renifler la misère, la souffrance et l'humiliation.

S'en suit une longue litanie d'aménagements de règles, de nouveautés... jusqu'aux conséquences dramatiques qui en découleront.

Mais ceci appartient au roman.

Ce que j'en pense:
Le style narratif est pauvre, sec, minimaliste, dépouillé à l'extrême, quasi sténographique. Il privilégie les dialogues. Et pourtant la magie opère quand on comprend que l'important réside dans ce qui n'est pas dit. McCoy est là, en spectateur attentif, soucieux de la description soigneuse des faits. Il ne prend jamais vraiment position. Et c'est là, entre les lignes, que se glisse le refus, la peur de cet American Way Of Life là, l'indignation du lecteur.

Ce roman est plus qu'un chef d'oeuvre, c'est un miracle.

Ps: en 1970, Sydney Pollack nous livre sa version cinématographique. Jane Fonda sera Gloria, Michael Sarrazin Robert.
Lien : https://laconvergenceparalle..
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