AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de sylviedoc


Le rêve hollywoodien...c'est ce qui a amené Gloria depuis le Texas et Robert qui débarque de l'Arkansas à se rencontrer un beau matin aux abords des studios de cinéma où ils espèrent décrocher le graal : un rôle dans une des productions du moment. Nous sommes au début des années 30, l'Amérique peine à se relever de la crise, et nombre de jeunes gens sont prêts à tout pour ramasser un peu d'argent, ou être repéré par un recruteur. Ce qui va amener nos deux héros à s'inscrire à un marathon de danse, où ils seront assurés de la nourriture, de quelques vêtements (et chaussures, indispensables !), et d'un abri pour le temps qu'ils tiendront le rythme. Par contre, pour ce qui est du sommeil, il sera très rationné, à peine 10 minutes par tranches de deux heures. Et encore, pendant ce laps de temps il faut également se nourrir, se laver, se faire soigner quand nécessaire et satisfaire ses besoins essentiels, autant dire qu'on est loin du baloche à Lucien ! Mais il y a mille dollars à la clé pour les vainqueurs, une somme suffisamment conséquente pour attirer de nombreux couples de crève-la-faim. Et des professionnels, aussi, qui enchaînent ces compétitions et laissent peu de chances aux amateurs. Ici ils sont représentés par James et Ruby, qui vont devenir assez proches De Robert et Gloria. Ruby est enceinte de cinq mois...

Pour corser un peu la chose, et attirer des sponsors et du public payant, les organisateurs ont pensé à tout : coin buvette, évènements spéciaux célébrés à grand renfort de pub, ou encore les derbies, des courses éreintantes à l'issue desquelles le couple arrivant dernier est éliminé. Bien sûr, certaines associations ou ligues de vertu s'émeuvent de cette exploitation de la misère humaine, mais difficile d'avoir gain de cause quand ce genre de spectacle rapporte tant. (D'ailleurs, les choses n'ont pas beaucoup changé sur le fond, de nos jours nombre d'émissions de téléréalité ou de "jeux" fonctionnent encore sur le principe de l'élimination par vote ou abandon ou de l'humiliation des candidats pour faire du buzz. Et ça ne choque pas grand monde. C'était mon petit coup de gueule, fin de l'aparté)

Nous suivons donc parallèlement le couple dans l'épreuve du marathon, sur plusieurs semaines, leurs interactions avec d'autres concurrents, les organisateurs, les sponsors et les dames de "la Ligue des Mères pour le relèvement de la moralité publique", ouf ! Et le jugement rendu dans le procès pour le meurtre de Gloria, retranscrit sous formes de fragments de phrases en guise de tête de chapitres. Pas de suspense, nous savons dès le début qu'elle est morte, et d'ailleurs tout le long du récit elle aspire à cette issue, communiquant au lecteur son spleen et son "anti-joie de vivre".
Si vous avez envie d'une lecture joyeuse, allez voir ailleurs, vous êtes prévenus. Et ne regardez pas non plus le film inspiré du roman et réalisé par Sidney Pollack en 1969, avec Jane Fonda et Michael Sarrazin, même s'il n'est pas exactement fidèle au roman, il risque de vous flanquer par terre, et vous seriez éliminé du marathon !

Je recherchais ce livre depuis longtemps, ayant justement été très impressionnée par le film (vu dans les années 70), et j'ai enfin réussi à me le procurer via une des bibliothèques que je fréquente. J'avais donc très peur d'être déçue, comme parfois lorsqu'on fonde trop d'espérances sur quelque chose de très attendu. Mais l'alchimie s'est produite, ce roman a été à la hauteur de ce que j'en espérais, et malgré sa brièveté (moins de 200 pages) il ne m'a rien manqué. le style est assez sec, pas d'étalage inutile, et du coup c'est très efficace, percutant. On se le prend en pleine tronche, et on reste pantois. J'ai d'ailleurs mis trois semaines à en rédiger la critique, il me fallait un certain recul pour ordonner mes idées, comme chaque fois qu'un livre me marque émotionnellement. D'autant plus que je savais que ces marathons ont réellement existé, et qu'il ne s'agit pas totalement d'une fiction. Je n'ai pas ressenti d'empathie pour Gloria, mais j'ai compati avec Robert. Et je me suis demandée quand un producteur aura l'idée de ressusciter l'idée d'un marathon de danse, histoire d'émoustiller le public d'une chaîne payante...
Commenter  J’apprécie          6633



Ont apprécié cette critique (65)voir plus




{* *}