AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de franceflamboyant


Il y a bien longtemps, j'avais adoré le Coeur est un chasseur solitaire mais les raisons qui me poussent à aimer ce texte de nouveau sont certainement différentes. Je voyais dans ce beau roman un romantisme que je ne trouve plus. Par contre, j'y vois autre chose: en Amérique, à la fin des années 30, dans une petite ville sans nom, plusieurs personnages aiment et peinent. Nous sommes dans le sud des USA, celui qui est dit arriéré et est ségrégationniste.
Mick, quatorze ans, est encore écolière et rêve de musique et voudrait écrire des symphonies. Elle est encore aux portes de l'amour, de la vie sociale et de son conditionnement. Elle sait s'embraser et se laisser traverser par l'Amour. Biff Branon tient un restaurant et voudrait ne jamais avoir aimé. Blunt, syndicaliste, vante la rébellion des frères de pauvreté et leur triomphe. Singer, sourd muet à l'attitude digne, ne vit que pour son ancien colocataire, un gros homme au nom grec, sourd et muet lui-aussi. On l'a transféré, suite à ses nombreuses frasques, dans un asine d'aliénés. Enfin, le docteur Copeland, Noir vindicatif, courageux mais épuisé, n'en peut plus de la ségrégation qui lui prend son petit fils Willie et le mutile. Tous ces personnages errent, combattent et peinent pour un monde meilleur qui seraient moins réducteur, moins impitoyable et moins effarant. Mais personne au fond ne parvient à parler pour unir...
Les émotions des personnages, leur recherche d'un idéal qui passe par l'Amour et leur inéluctable désillusion sont rendues à merveille par la plume de Carson Mac Cullers qui, pourtant, a écrit ce roman toute jeune. Qu'on soit employé dans un cirque, docteur, petite enfant fière de sa beauté, enfant perdu dans le monde des pauvres, mère d'un fils massacré ou handicapé cherchant son pareil, tous semblent ici se heurter à une vaine quête d'amour, de reconnaissance et d'apaisement. Paradoxalement, leurs pauvretés, leurs erreurs et leurs manquements les grandit dans le texte. Personne n'est à même de voir ce que l'autre met en lui et personne n'entend la musique qu'il sait jouer pour l'autre. Mais chacun dégage, en acceptant sa malheureuse condition, une belle humanité et chacun se jette dans le monde...
Bouleversant.
Commenter  J’apprécie          94



Ont apprécié cette critique (8)voir plus




{* *}