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Critique de Dionysos89


Régulièrement, la collection Une Heure-Lumière des éditions le Bélial' dévoile un nouveau titre, le plus souvent picoré dans la nombreuse production de novellas chez les Anglo-Saxons. Cette fois-ci, pour le 23e titre de la collection, il s'agit d'un récit de Ian McDonald datant de 2018 : le Temps fut.

Une histoire de livres
Le Temps fut est le titre d'un recueil de poésie médiocre et inconnu que découvre un jour Emmett Leigh, bouquiniste anglais, lors de la fermeture de The Golden Age, une très ancienne librairie londonienne. Comme souvent, ce n'est pas le livre lui-même qui l'intéresse, lui ce passionné d'histoires en tout genre, mais plutôt l'histoire du livre. En effet, il y découvre par hasard une lettre romantique d'un certain Tom adressée à son « cher Ben ». Ni une ni deux, le côté enquêteur d'Emmett prend le dessus et il se met à vouloir en savoir bien le plus sur ce couple atypique. Il situe le lieu et l'époque de ladite lettre et commence à se mettre en quête d'informations sur ces deux personnages. Il rencontre ainsi d'autres bouquinistes ou des amateurs d'histoire militaire qui le renseignent efficacement. Seul hic au tableau : si les informations concernent bien les mêmes personnes, elles ne renvoient pas à des dates cohérentes. Comment Tom et Ben peuvent-ils s'être connus à plusieurs dizaines d'années d'intervalle sans avoir vieilli ? Pourquoi cette lettre s'est-elle retrouvée dans un recueil de poésie quasiment introuvable habituellement ? La réponse est dans le livre, mais aussi dans les livres, supports de bien des réponses existentielles.

La forme novella parfaitement maîtrisée
Le Temps fut est l'exemple-type d'une novella bien cadrée avec une intrigue qui ne demande surtout pas plus d'informations que ce que ces 140 pages nous offrent, tout en allant au bout de thématiques tout à fait passionnantes. Cette novella est avant tout une histoire d'amour : celle que traque le héros, mais également celle qui le concerne davantage. En effet, le lecteur suit un aller-retour constant entre les tendres échanges épistolaires de Tom et Ben et les affres romantiques du narrateur. On devine assez vite quand chaque scène se passe, mais dans quel ordre tout cela s'est-il déroulé ? L'auteur se garde assez de munitions pour les délivrer au bon rythme aux lecteurs ; cela lui fait évidemment parler du temps qui passe, questionner ce qui est vraiment constant, voire immuable. Pour faire tenir tout cela, Ian McDonald a recours à de la science-fiction qui peut paraître complexe, mais n'use qu'en un seul chapitre d'un peu de « hard science », c'est léger et rapide pour justifier efficacement de la raison invoquée comme point de départ à l'intrigue. Comme dans tout voyage de ce type – et le format novella est très bon pour cela, les derniers mots saisissent le lecteur pour l'encourager à repenser tout ce qu'il a lu.

Finir le Temps fut marque comme tout récit de voyage temporel bien réalisé : on bade sur les derniers mots, on se triture à repérer les points cruciaux de l'intrigue et on relit plusieurs passages pour se convaincre que tout est bien conçu.

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