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Critique de sylviedoc


Voilà, c'est fini, comme dirait Jean-Louis (Aubert), et le retour sur ce dernier volume est certainement le plus difficile, d'une part parce que je suis un peu triste de quitter la famille Caskey avec laquelle j'ai partagé tant de bons moments depuis le printemps ; et d'autre part parce que je n'ai pas envie de trop en dire, pour ne pas gâcher la découverte aux lecteurs qui sont encore en cours de série, ainsi qu'à ceux qui ne l'ont pas encore débutée mais en meurent d'envie ! Et je sais qu'ils sont nombreux.
J'ai donc choisi de livrer plutôt mon ressenti global, et de ne pas m'appesantir trop longuement sur les détails de la fin de cette saga.
Comme je l'ai déjà dit quelque part, je n'aurais peut-être pas jeté mon dévolu sur Blackwater sans l'offre de MC privilégiée qui m'avait été faite sur les deux premiers volumes. Et je serais passée à côté d'une belle aventure familiale, où les éléments, et principalement l'eau de la rivière Perdido jouent un rôle essentiel. D'ailleurs à ce propos, je me suis interrogée à maintes reprises sur le titre de la série : la rivière Blackwater existe elle aussi dans l'histoire, mais la star, c'est bien la Perdido ! Ou peut-être faut-il le prendre au second degré, parce que les eaux de la Perdido cachent de bien noirs secrets ?
Cette saga se déroule sur cinq décennies de 1929 à 1969, des années qui ont vu le monde se transformer, passant par des crises financières et économiques, une guerre mondiale, suivie d'une période de prospérité et de mutation de la société. Ces événements sont bien sûr présents en toile de fond, mais on ne s'éloigne guère du microcosme de la petite ville où règnent les femmes Caskey. Je précise "les femmes", car à dans l'ensemble les hommes qui les épousent ou gravitent autour d'elles ne sont guère plus que des satellites, plus ou moins utiles et appréciés. Mais ils semblent satisfaits de leur sort, à l'image d'Oscar, le mari d'Elinor qui grâce aux conseils avisés de celle-ci a fait prospérer les affaires de la famille et de la ville par conséquent. Ou Billy aussi, le mari de Frances, qui a l'origine voulait "épouser la famille Caskey", et y a fort bien trouvé sa place malgré une union interrompue prématurément.
La dynastie Caskey ce sont avant tout des figures féminines fortes et puissantes, dont Mary-Love, la matriarche du début de la saga est l'emblème. Puis ce sera Elinor, surgie miraculeusement lors d'une crue dévastatrice au début de l'histoire, qui va s'imposer comme la leader, non par la force, mais par la persuasion et l'intelligence. C'est elle le véritable pivot du récit, et c'est par elle et par une partie de sa descendance que la dimension fantastique va prendre une place de plus en plus importante au fil des tomes. Mais d'autres femmes comme Miriam, Lucille ou Grace, ou encore Queenie, Sister, les domestiques Zaddie et Ivey occupent également des positions clés à certains moments.
Blackwater ne raconte pas simplement l'histoire d'une famille riche dans une petite ville de l'Alabama, c'est toute une chronique de société qui parle de mixité sociale, de ségrégation raciale (on est assez progressiste ici par rapport au contexte américain), de tolérance à l'égard des inclinations sexuelles, de handicap aussi dans un des volumes. J'ai été assez étonnée de constater que le couple formé par Lucille et Grace soit aussi facilement accepté (la question ne se pose même pas), mais aussi un peu choquée que les tendances pédophiles d'un autre personnage ne suscitent pas de réactions. Mais le roman datant du début des années 80, ces dérives n'étaient pas pointées du doigt comme de nos jours.

Pour revenir sur la composante fantastique, elle est assez longue à se mettre en place, les premiers tomes sont parsemés de petites touches qui aguichent ou agacent le lecteur impatient d'en savoir plus sur cette histoire qui lie Elinor et d'autres membres de sa famille à la rivière. mais il faut attendre le tome 5 pour obtenir certaines réponses, et le dernier nous laisse un peu sur notre faim, laissant notre imagination finir le travail. Souvent cela me gêne, ou me frustre, quand un auteur me laisse ainsi dans le flou. Ici je n'ai pas trop ressenti de manque, mais par la suite, en repensant à ma lecture, je me suis questionnée sur le sort de certains personnages, aussi bien ceux liés à la rivière que d'autres qui sont simplement partis vivre ailleurs et dont on n'a plus de nouvelles. Ma note globale de quatre étoiles au lieu de cinq est due à ces petits "oublis" que je pense volontaires mais qui auraient pus être comblés avec une centaine de pages supplémentaires. Est-ce un choix éditorial, puisqu'il s'agit d'un feuilleton avec un découpage précis (250 pages par épisode) ? Ou l'auteur n'a-t-il pas eu envie de fournir toutes les clés ? Question qui restera également sans réponse !
Mais ce petit bémol n'enlève pas grand-chose au plaisir que j'ai ressenti tout au long de ma lecture, lecture que j'ai volontairement fait traîner pour la savourer plus longtemps. Maintenant je vais prêter la série à ma fille dès que j'en aurai l'occasion, et peut-être que d'ici une dizaine d'années elle me la rendra, et je me replongerai avec joie dans les eaux de Blackwater.

Je crois en avoir suffisamment dit pour susciter l'envie de nouveaux lecteurs, du moins j'espère ! Et comme je n'aime pas écrire de billets trop longs, je conclurai en disant simplement merci à Babelio de m'avoir donné l'occasion d'une belle découverte, et à la maison Toussaint Louverture d'avoir réédité cette saga de façon aussi magnifique !
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