Citations sur Dans les eaux du Grand Nord (50)
-Pourquoi avez vous choisi de devenir chirurgien Mr Sumner ? Un irlandais comme vous. Ça m'intrigue.
- Parce que je voulais avancer. M'élever au dessus de mes origines.
- Vous vouliez avancer,mais maintenant vous êtes sur un baleinier du Yorkshire,à vous faire du tracas pour les mousses. Je me demande ce qu'est devenu toute votre belle ambition.
Sumner ferme la serrure du coffre à pharmacie il glisse la clef dans sa poche et se regarde rapidement dans le miroir. Il paraît beaucoup plus que ses 27 ans. Son front est creusé par les rides,il y a des poches sombres sous ses yeux.
- J'ai simplifié mes objectifs Mr Drax.
Stevens était un brave homme, travailleur, loyal, obéissant, mais il existe des gens incontrôlables. C’est la simple vérité. Ils sont trop pervers, trop bêtes. Ils n’exécutent pas les ordres, ils refusent de se laisser gouverner. Un homme comme Henry Drax, par exemple, est un grave danger pour tous ceux qui l’entourent ; il n’a aucune conception du bien commun ; il ne connaît d’autre maître que lui-même et ses vils penchants. Quand un homme comme moi, un homme honnête, un homme d’affaires, de bon sens, découvre qu’il a parmi ses employés un salopard aussi dangereux et ingouvernable, la seule question est : comment puis-je au mieux me débarrasser de lui avant qu’il me détruise, moi et tout ce pour quoi je travaille ?
Dans ce genre d’occasion, quand il a soif et qu’il a assez d’argent, il boit pendant une semaine sans s’arrêter pour respirer. Deux ou trois bouteilles par jour. Davantage. Ce n’est pas une question de besoin ou de plaisir, de vouloir ou de ne pas vouloir. La soif le pousse en avant, aveuglément, sans heurts. Ce soir il va tuer, mais ce n’est pas sa priorité. La soif est bien plus profonde que la rage. La rage est vive et brève,mais la soif dure. La rage a toujours une fin, une conclusion sanglante, mais la soif est sans fond, sans limite.
Les hommes dorment, fument, jouent aux cartes. Ils mangent leurs maigres rations, mais ne font aucun effort pour améliorer leur sort ou se préparer à l’hiver brutal. À mesure que la température chute et que les nuits s’allongent, ils brûlent du bois flotté, morceaux de l’épave du Hastings, et terminent les derniers sacs de charbon sauvés du Volunteer.
Les questions les plus importantes sont celles auxquelles nous ne pouvons espérer répondre par des mots. Les mots sont comme des jouets : ils nous amusent et nous instruisent un temps, mais quand nous atteignons l’âge adulte, nous devrions y renoncer.
La confusion et la stupidité sont de notre côté. Nous sommes incapables de nous comprendre, nous sommes orgueilleux et stupides. Nous construisons un grand feu de joie pour nous réchauffer, puis nous nous plaignons que les flammes soient trop ardentes et trop vives, ou que la fumée nous aveugle.
Quelle importance s’il est entouré de sauvages, de babouins dénués de tout sens moral ? Le monde n’en continuera pas moins à tourner à sa guise, comme il l’a toujours fait, avec ou sans son approbation.
Pour Sumner, les hommes qui viennent à lui ne sont que des corps : des jambes, des bras, des torses, des têtes. Leur chair forme la totalité de ses préoccupations. Quant au reste de leur personne – leur caractère moral, leur âme –, il y est tout à fait indifférent. Il estime qu’il n’a pas le devoir de les instruire ou de les guider vers la vertu, qu’il n’a pas à les juger, à les consoler ou à sympathiser avec eux. Il est médecin, il n’est ni prêtre, ni magistrat, ni conjoint. Il guérit leurs lésions, il trouve un remède à leurs maladies, quand c’est possible, mais, au-delà de ça, ils n’ont aucun droit sur lui, et lui, dans son état actuel de désarroi, n’a aucun réconfort à leur prodiguer.
Un ours adulte, c’est magnifique et ça fait peur. Si on fait payer un demi-penny pour voir un ours adulte, les gens trouveront encore que c’est une bonne affaire.
Un homme doit toujours regarder en avant, jamais en arrière.