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Critique de Allantvers


J'ai l'impression avec ce livre d'être entrée par la bonne porte pour découvrir Jay McInerney, un auteur dont j'avais compris à tort que sa patte était très proche de Brest Easton Ellis, qui ne me convient pas (toujours pas remise d'American psycho!) et que son oeuvre tournait exclusivement autour de bavardages stériles au sein de la communauté WASP et CSP++ de New York.
Or La belle vie est loin de se limiter à ça, même si le cadre new yorkais privilégié est bien affirmé, les personnages ont le fond et de l'épaisseur nécessaires pour porter une intrigue ambitieuse et emblématique, laquelle étant rien moins que la portée sociologique du 11 septembre 2001 sur la société américaine, et les effets psychologiques sur des individus ayant perdu ce jour-là leur innocence et leur assurance jusque là imperturbable.

Ce qui m'a plu dans le roman c'est le choix d'avoir traduit ce basculement par une histoire d'amour, symbole de perte de repères et de violent sursaut de pulsion de vie, et de l'avoir construit d'une manière qui évite habilement le glamour et le gnangnan : les potentialités de cette histoire d'amour étaient déjà présentes dans les vies des protagonistes dont les mariages respectifs avaient commencé à vaciller longtemps avant les tours, de même que c'est bien avant le 11 septembre que Luke a entrepris son questionnement existentiel en réaction au matérialisme stérile de sa vie, tandis que de son côté le mariage de Russell et Corinne était en besoin d'un nouveau souffle.

Mais ce qui fait la réussite de "La belle vie", c'est son climat: celui d'un New York saisi dans un état de torpeur et de peur latente en dépit du calme revenu, dans lequel les perturbations à la marge prennent une ampleur démesurée. Par quelques images, les chapelles ardentes, l'ombre des immeubles de faible hauteur, les enfants qui reparlent du grand feu, on perçoit ce que la vision de la skyline new yorkaise amputée de ses deux tours a pu avoir de traumatisant.

On a beau ne pas tenir ici un grand roman américain, il laisse une empreinte sur le lecteur à qui l'auteur aura su faire toucher du coeur ce moment fondamental de l'histoire américaine.
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