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Critique de Alfaric


Nous sommes dans le 10e tome de la "Saga Vorkosigan" et on s'éclate toujours autant !
A la fin du tome précédent, la copie Mark délivrée de son triste sort et de son triste destin par l'original Miles découvrait quelque chose dont il ne connaissait même pas l'existence : la liberté de faire ses propres choix… Souffrant d'un complexe d'infériorité par rapport à son frère en croisade perpétuelle contre les forces obscures de la crevardise, il fallait bien qu'un jour Mark se lance à son tour dans sa propre croisade. Et c'est ainsi qu'il se fait passer pour l'Amiral Naismith pour lui emprunter ses mercenaires et aller délivrer les clones de l'Ensemble de Jackson, enfer capitaliste censé être la caricature des États-Unis d'Amérique dans le domaine du darwinisme social (mais force est de constater que les élites autoproclamées de la ploutocratie mondialisées ne ménagent pas leurs efforts pour que la réalité rattrape la fiction). Mark choppe un ulcère à force de donner le change, et déjà qu'il souffre de gros problèmes d'identité sexuelle suite aux sévices qu'il a subit la présence de Bel(le) Thorne le/la capitaine l'hermaphrodite et de Taura la sergente louve-garou de 2m50 toutes les deux amoureuses de Miles n'arrange aucunement ses affaires… Ce qu'il ne sait pas, c'est qu'il a immédiatement été grillé, mais qu'on le laisse faire parce que foutre la merde dans l'Ensemble de Jackson n'est pas pour déplaire aux mercenaires altermondialistes de l'Amiral Naismith. Nous assistons donc à une opération d'exfiltration en territoire hautement hostile (voir "Le Labyrinthe", où Miles a déclenché la guerre entre les grandes maisons ultralibérales / néoféodales dans une ambiance résolument sorciers de Quarmall). Miles s'aperçoit lui trop tard de la supercherie, mais poursuit son frère pour le tirer de la panade… Car expliquer aux clones qu'on va leur retirer le cerveau pour le remplacer par celui d'un uberrich qui va voler leur corps tandis que leurs neurones finiront au laboratoire ou à la poubelle n'est pas chose facile : tout le monde ne collabore pas au projet grande évasion qui ici a des similitudes avec le manga "The Promised Neverland". Comme toujours les choses dégénèrent, et Miles reprend les choses en main pour qu'elles n'empirent pas davantage. Sauf que c'est lui qui en fait les frais : il est gravement blessé, pour ne pas dire quasi mort, son caisson de survie a été égaré sur le champ de bataille, et le seul qui saurait le retrouver a été éparpillé façon puzzle par une grenade à fragmentation…

Dans le 2e partie, Miles est déclaré disparu mais présumé mort et tandis que la Sécurité Impériale lance ses agents dans toute la galaxie pour le retrouver, Mark fait la connaissance de la famille Vorkosigan et de la civilisation de Barrayar que toute sa vie on lui a appris à haïr. le récit se pose, devient presque intimiste : on entre dans la tête de Mark qui découvre ce dont on l'a toujours privé, à savoir un père, une mère, une famille, une identité et une place dans la société. Il culpabilise à mort d'être aussi bien reçu par ceux qu'ils devaient tuer et dont actuellement il aurait causé la mort du fils unique, et il rechoppe un ulcère à chaque nouvelle conversation puisque la Sécurité Impériale le soupçonne toujours de n'être qu'un tueur formé pour assassiner le chef du gouvernement de Barrayar à savoir Aral Vorkosigan (et les choses ne s'arrangent guère quand ce dernier fait une attaque cardiaque en sa présence mais sans aucun témoin). Ce qui est génial dans cette partie, c'est que Mark est toujours dans son complexe d'infériorité par rapport à Miles alors que nous autres lecteurs savons que Miles pensait et ressentait les choses exactement de la même manière de Mark, avec quelques obstacles supplémentaires certes (la tentative de meurtre de son grand-père, la comparaison avec ce crétin d'Ivan, la relation avec la princesse Elena sous la surveillance de l'ogre Bothari). Dans cette ambiance, la relation comico-romantique entre Mark et Kareen Koudelka, la fille benjamine de l'ancienne garde du corps de Cordelia Vorkosigan est savoureuse (oui GRR Martin a piqué le concept de Brienne de Torth à Lois McMaster-Bujold, et c'est loin d'être le pire de ses plagiats)… Mark n'y tient plus, pour ne plus se sentir coupable il demande audience à l'empereur, dont maintenant il est l'un des héritiers, pour obtenir le droit sinon la carre blanche de retrouver son frère Miles…

Dans la 3e partie, nous sommes dans une gigantesque partie de poker menteur ! Ceux qui ont lu le "Cycle de Fondation" d'Isaac Asimov savent quel est la meilleure planque possible, donc on repart dans l'Ensemble de Jackson pour négocier la récupération du caisson de survie de Miles… Sauf que bien malin est celui qui est sûr de savoir qui de Mark ou de Miles est le véritable Amiral Naismith (car personne ne sait que l'Amiral Naismith n'existe pas et n'est que le personnage créé de toutes pièces par Miles pour évacuer ses pulsions schizophréniques), sauf que les barons locaux ne savent pas s'ils doivent s'allier ou s'affronter, et que nous découvrons le Conglomérat Duronas formés par les clones d'une scientifique eurasienne trahies par l'une des leurs qui en épousant le Baron Fell a préféré le pouvoir et l'argent aux gens comme toute crevarde qui fait passer ses petits intérêts bien calculés avant le bien commun de l'humanité. Nous sommes dans un asile de fous, et alors que nous suivons le POV de Miles qui réanimé essaye de retrouver sa mémoire, Mark qui fait tout pour le récupérer tombe entre les mains du Baron Ryoval qui le prend pour Miles et qui compte bien lui faire payer au centuple les pertes que naguère il fait subir à son ego et à son pognon. On ne va pas tortiller du cul pour chier droit : le calvaire de Mark aux mains du Baron Ryoval est EXACTEMENT le même que celui de Theon Greyjoy aux mains de Ramsay Snow dans "Le Trône de Fer" / "Games of Thrones", et c'est insoutenable*... En lui faisant subir le pires sévices, on ne fait qu'ajouter des personnalités multiples (Bouffe, Grunt et Hurleur) à la double personnalité qu'on avait déjà implanté en lui (Tueur). Et quand Miles qui a retrouvé la mémoire vient le délivrer, il ne peut que se rendre compte des dégâts incommensurables que ses frères ont déjà commis parmi les crevards : les faibles et les déshérités avaient un justicier, maintenant ils en ont plusieurs pour le prix d'un ! Tremblez tyrans galactiques, tremblez aristos intersidéraux, tremblez banksters des étoiles, car arrivent à grands pas les Tyrion Lannister dans l'Espâce... Et ils veulent tous vos têtes au bout d'une pique, parce que vous ne méritez rien d'autre !!!


* Si vous avez déjà lu une oeuvre de Marion Zimmer Bradley ne lisez surtout pas ce qui va suivre, vous en seriez marqués à jamais… Je pense avoir compris qu'avec tout ce passage, l'auteure a essayé d'évoquer l'affaire Marion Zimmer Bradley, autrefois accusée de complicité avec son mari mais aujourd'hui convaincue d'être l'instigatrice d'enlèvements, de séquestrations, de viols, de tortures, et d'actes de barbarie commis sur mineurs / mineures y compris leurs propres enfants (Moira et Mark)...
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