Citations sur Houston, tome 2 : Et tous mes amis seront des inconnus (8)
Je crois que je suis tombé amoureux de Sally pendant qu’elle prenait son petit déjeuner, lors de notre premier matin ensemble.
Quelque chose, sa démence peut-être, venait de lui susciter une érection. Il se jeta sur le monticule de terre à côté du trou et se mit à le baiser passionnément. J'étais ébahi et ses compagnons semblaient très agacés.
Ma situation n'a absolument rien à voir avec ma capacité à endurer la souffrance. Je ne peux rien vivre de tragique quand je suis tellement à l'aise vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Qui le pourrait ? On rassemble toutes ses ressources pour lutter contre la tristesse. Je n'ai ni guerre ni prison à endurer. Mon corps n'a connu aucune rudesse, aucun tyran ne cherche à piétiner ma détermination. Tout vient de notre existence personnelle, pour les gens comme nous. La famine, la sécheresse, la guerre, l'injustice - tout ce que tu veux. On les pompe dans notre existence personnelle.
Un bon brandy, dit-il. Une distillation rare, à l'image de mon malheur. Seul un connaisseur peut apprécier un malheur comme le mien. Il faut un esprit aguerri pour en saisir les subtilités les plus délicates. Le malheur, voilà une chose pour laquelle on devrait décerner un prix Nobel.
J’étais peut-être un vrai écrivain. Si je continuais mes efforts, je pourrai sans doute écrire aussi bien que n’importe qui, à part les génies. Je pourrai être meilleur que la moyenne, je pourrai être un écrivain mineur. Avec beaucoup de chance , je pourrai - par le plus grand des hasards - écrire une bon texte, à un moment de ma vie, surtout si je gardais la forme en écrivant des livres corrects pendant une vingtaine d’années. Mais je finirai sans doute par rater le coche, moi aussi. Je le sentais déjà en train de le rater. Ma vie n’était pas une vie. C’était une sorte de long voyage confus.
Dans mon corps, le seul espace encore libre se trouvait dans ma tête. Tout le reste était plein, trempé, une bouillie de sentiments aussi spongieuse que la chair d’un pamplemousse.
Le Texas, c’était ce ciel, c’était le ciel qui me souhaitait à nouveau la bienvenue. La terre m’importait peu - elle était morne, monotone, constellée de petites villes laides. C’était le ciel qui m’avait manqué, et à le voir ainsi dans son éclat matinal, je compris soudain pourquoi je n’avais pas été moi même pendant ces derniers mois. Il était d’une telle profondeur, d’une telle grandeur, d’une telle immensité incroyable, il englobait tant de choses, il offrait un tel espace vaste et généreux, qu’à l’avoir ainsi au dessus de soi il était impossible de ne pas se sentir plus déterminé.
Je suis tellement bonne dans le rôle de la femme difficile à avoir que personne ne m'a jamais [...].