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Critique de Arakasi


Le Far West, ma p'tite dame, c'est plus ce que c'était ! Au lieu de traquer les hors-la-loi, les prétendus tireurs d'élite baillent aux corneilles, avachis sous le porche d'un saloon, et tirent sur les chapeaux soufflés par le vent – en les ratant la plupart du temps. Les femmes enquiquinent les hommes, les hommes cognent les femmes, les éleveurs dégringolent des falaises, les cowboys boivent comme des trous, les indiens torturent les péquenauds et les vaches s'emmerdent sec. Décors en carton-pâte, fusils chargés à blanc, desperados de pacotille, villes désertées, saloons gris de crasse, ranchs industrialisés, putains fatiguées, comanches faméliques… Voilà tout ce qui reste de la glorieuse Conquête de l'Ouest. Alors, puisque plus rien ne tourne rond, puisque tout part à vau-l'eau, pourquoi s'en faire ? C'est ce que semblent penser Doc Holiday et son pote Wyatt Earp alors qu'ils zyeutent d'un regard las l'arrivée du cirque de Buffalo Bill à la petite ville de Long Grass. Posons nos fesses un moment au sol, débouchons une bouteille de bière et installons-nous un moment près d'eux pour regarder, dans un nuage de poussière, les derniers vestiges de la Légende de l'Ouest s'envoler…

Dernier roman de Larry McMurty, « le saloon des derniers mots doux » sonne comme un adieu au western. Malgré toute son amertume et sa dérision, « Lonesome Dove », le roman le plus connu de McMurty et mon gros coup de coeur de 2014, conservait des accents épiques, à présent tout à fait disparus. Tout semble submerger par un sentiment de négligence général : on pourchasse les indiens négligemment, on conduit des troupeaux négligemment, on pend des voleurs de chevaux négligemment… Même le lecteur n'échappe pas à ce climat de je-m'en-foutisme ambiant. C'est un peu le problème : malgré toute ma bonne volonté et l'affection que je porte à McMurty, je n'ai pas pu m'empêcher de bailler un peu à la lecture de ce – pourtant – très court roman. L'humour est toujours là et arrache de temps à temps un sourire amusé au lecteur, mais les personnages sont trop nombreux et trop sobrement esquissés pour attirer réellement l'intérêt. du charme, de la mélancolie, un brin de poésie, mais trop peu de consistance pour être mémorable. Dommage, mais, pour me consoler, la préquelle de « Lonesome Dove », « La marche du mort », sortira en juin. Inutile de dire que j'en attends énormément !
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