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Critique de Alfaric


Les ouvrages estampillés Bit-Lit ne sont définitivement pas fait pour moi. Je ne suis pas génétiquement équipé pour apprécier ce genre de trucs. Je prie donc les amatrices et les amateurs de ce genre littéraire de ne pas lire les lignes qui vont suivre, car elles vont forcément pourrir leur groove.

C'est à chaque fois la même chose avec la Bit-Lit : je me laisse convaincre de tenter ma chance avec telle ou telle auteure, et au bout d'une poignée de chapitres j'ai déjà identifiée tous les emprunts aux jdr gothiques (généralement "World of Darnkess" et cie, mais ici c'est plutôt "In Nomine Satanis / Magna Veritas"), les emprunts à "Buffy" & cie (mais n'a pas l'humour de Joss Whedon qui veut), les trucs girly et le fanservice qui ne me parlent absolument pas… Et mieux vaut passer sous silence le côté ouvertement commercial de l'ensemble qui fait la part belle à un consumérisme parfois à la limite du placement publicitaire (enseignes, marques, produits).


Richelle Mead nous raconte le quotidien de Georgina Kincaid, une succube qui ne veut pas être une succube, une succube qui veut être humaine. On suit donc ses tribulations avec ses collègues humains d'Emerald City Books & Coffee (Doug Sato du rayon livre, Bruce Newton du rayon café, Warren Llyod le patron bellâtre), et avec ses collègues inhumains collecteurs d'âmes (Peter le vieux vampire prof de danse, Cody le jeune vampire fashion victim, Hugh le démon chirurgien esthétique). Force est de constater que les uns et les autres ne se sentent pas très concernés par leur job...
Évidement les représentants des forces du mal sont cool et branchés, et les représentants des forces du Bien sont nazes et has been. On est plus près de bobos blasés que d'immortels engagés dans une lutte pour le contrôle de l'humanité... J'ai néanmoins apprécié l'inversion des rôles entre le très sérieux archidémon Jérôme, fanboy de John Cusack, et Carter l'archange débraillé et soiffard. ^^ Je ne sais pas si c'est un hasard ou une coïncidence, mais on dirait les caricatures de Crowley et Castiel dans la série "Supernatural"… ^^
Comment dire... Je n'ose même pas qualifier cela de sous Anne Rice tellement l'héroïne n'est pas très crédible dans ses états d'âme vis-à-vis de sa situation d'immortelle par rapport à Louis, Lestat, Armand et compagnie. Mais bon, ce n'est pas grave vu que ce n'était visiblement pas le but. Mais elle fait vraiment cagole sur les bords en voulant systématiquement le beurre et l'argent du beurre... Car elle peut changer d'apparence à volonté (on revient souvent sur les économies de dressing et de maquillage qui sont ainsi permises) et accroître son charme naturel, elle dispose de la jeunesse éternelle, de l'immortalité et de l'invulnérabilité, elle est désirée et adorée par tout le monde, mais cela ne lui suffit pas. Elle veut en plus le grand Amoûr avec l'Homme Idéal…
Elle se donne le beau rôle en expliquant qu'elle a vendue son âme et son humanité en voulant réparer ses erreurs et épargner de la peine à ses proches, mais elle s'est foutue dans la merde toute seule comme une grande en voulant en même temps un mari doux et aimant et un amant fougueux et passionné (et je passe sur les flashbacks historiques qui nous expliquent cela, car la Chypre du Ier millénaire avant Jésus Christ qui nous est décrite est moins plaisante que les décors en carton pâte de l'Âge d'Or d'Hollywood).
C'est donc tout naturellement que 2500 ans plus tard on la retrouve embourbée dans un énième triangle amoureux :
- (fantasme n°1) se caser avec un homme riche et célèbre mais timide, comme ça aucun conflit entre ego à la maison
- (fantasme n°2) rencontrer l'âme soeur, à savoir un beau gosse intelligent et drôle (si possible romantique et ténébreux)
Et quand elle n'arrive pas à se décider, elle se tourne vers sa roue de secours habituelle et s'envoie en l'air comme une bête avec son supérieur hiérarchique queutard (fantasme n°3). Pour une strong independant woman, on repassera. lol

L'héroïne à la répartie facile et à la langue bien pendue, comme dans toutes les séries bit-lit que je connais, met en scène son propre one woman show, comme dans toutes les séries bit-lit que je connais, qui se base essentiellement sur ses remarques acerbes et ses duels verbaux riches en allusions sexuelles, comme dans toutes les séries bit-lit que je connais.
Mais dès qu'on aborde des sujets sérieux, on botte systématiquement en touche... On reste donc dans le politiquement correct. On est ni plus ni moins que dans une version surnaturelle de "Sex in the City", alors qu'on aurait pu être dans une version sexy de "Supernatural"... tant mieux, tant pis, cela sera selon les goûts de chacun / chacune.
On papote vêtements, musiques, danses de salons, fast-food et restaurants à la mode ou et sorties en ville… et l'intrigue tourne d'autant plus en rond que les cliffhangers stéréotypés ne peuvent lui venir en aide pour relancer la mécanique.
Car l'intrigue qui se veut principale, mais qui passe bien après les amourettes et les coucheries de la narratrice, ressemble à n'importe quel thriller des années 90 : un serial killer joue avec les nerfs de l'héroïne sur laquelle il a flashé, et avec ceux des forces de l'ordre censées l'arrêter, en envoyant des messages et des indices sur ses activités et ses prochaines victimes. le suspens étant insoutenable (ironie inside), le coupable est-il :

Pour moi la réponse m'a sauté au visage avant même le premier crime, l'auteur ne se donnant même pas la peine de semer des fausses pistes dignes de ce nom. Dans cette optique le premier gros twist tombe très à plat, et le deuxième gros twist qui aurait pu être très bien tombe lui aussi à plat car intercalé entre une déclaration de flamme pitoyable et une scène pornographique assez pour ne pas dire très complaisante. Et puis tout repose sur un concept éculé dans les historie d'anges et de démons : les nephilims. L'héroïne, âgée de 2500 ans pour rappel, m'a semblé aussi naïve que le Richard Virenque des "Guignols de l'Info"…


Malgré tout, j'ai lu cet épisode pilote sans déplaisir, grâce au 2e degré distillé par l'auteure. Car cette dernière se moque de Georgina la Mary Sue (elle ressemble plus aux photos de sa créatrice qu'aux diverses illustrations de couverture), d'elle-même et de ses lectrices.
Georgina kiffe les livres et le moka blanc : cela tombe bien, elle est employée d'Emerald City Books & Coffee.
Georgina est très fière de poste de directeur adjoint, mais elle officie à la caisse de la librairie et au service du café.
Georgina est très fière de sa ponctualité mais entre ses congés, ses retards et ses maladies imaginaires, on ne peut pas dire qu'elle soit un bourreau de travail…
Georgina est très fière de ne vampiriser que les pauvres types et ainsi d'éviter les braves types (selon le principe que plus la victime est vertueuse et plus vite elle est vampirisée, et vice-versa), mais elle est plus préoccupée par le sort de son patron queutard que par le geek puceau dont elle a volé l'âme…
Georgina est très fière de se présenter comme une vamp de légende, mais s'avère incapable de gérer des amourettes à 2 balles. Si elle a été mutée à Seattle, métropole américaine de 2e voire 3e zone ce n'est sans doute pas un hasard…^^ Et plus avant dans la série, elle sera mutée au Canada, la honte ultime !
Georgina se comporte de manière fantasque avec tout le monde, alternant avec une belle régularité le très chaud et le très froid, mais s'étonne qu'on puisse s'en offusquer et est mortellement blessée dans son amour propre quand on lui pose un lapin.
Georgina se lamente sur sa condition d'immortelle maudite, mais se comporte comme la dernière des cagoles hipsters : il faut se distinguer de la masse et soulager son amour propre ^^
Ainsi on ne s'éloigne jamais du centre ville de Seattle, mises à part 2 ou 3 virées en banlieue, où l'héroïne narratrice fait bien sentir sa condescendance envers le conformisme ennuyant à mourir des classes moyennes (cette héroïne bit-lit condense vraiment les stéréotypes du bobo hipster).
Georgina est fangirl des aventures de Cady et O'Neill écrits par Seth Mortensen, qui ne sont que d'énièmes clones des héros de "Claire de Lune" et consort…
C'est donc tout naturellement que Georgina loue la connaissance qu'a l'auteur de Chicago et son équipe de hockey alors que ce dernier avoue s'être limité sur le sujet aux quelques recherches internet qu'il en a fait. On peut faire la même remarque pour Richelle Mead qui de Seattle semble ne connaître le Space Needle et l'équipe de hockey locale. D'ailleurs Richelle Mead comme Seth Mortensen ont déménagé de Chicago à Seattle… Sûrement un hasard… ^^
Et on pourra aussi supposer que moult lectrices reconnaîtront leurs moments de faiblesse dans l'héroïne qui va se réfugier sous sa couette avec son chat, son best-seller préféré et un demi-litre de glace au tiramisu…


Au final, c'est de manière très sympathique qu'on inverse doublement la formule de la midinette tombant amoureuse d'un démon nocturne avec un grand timide qui tombe amoureux d'une créature de la nuit. J'aurais vraiment aimé que cela soit bien plus réussi que cela. Je continuerais bien pour savoir si cela prend son envol, mais je me suis laissé entendre dire que la série allait decrescendo et qu'on tourne rapidement en rond avec une bonne poire spectateur des coucheries de l'héroïne lididophage, sans parler de la réutilisation de tous les clichés du genre. Oui car les appétits de succube de la narratrice sont bien commodes pour placer une série de scènes de culs de plus en plus précises niveau pièces de lingeries, caresses, léchouilles, et sécrétions corporelles diverses et variées inhérentes au cahier des charges des séries de bit-lit que je connais.
Lien : http://www.chemins-khatovar...
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