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Aujourd'hui, l'endroit a presque disparu sous la végétation, l'escalier solide qui y menait a été détruit par les bombardements et a vu ses pierres emportées par les Américains pour construire leurs campements. Pourtant, il reste encore au sommet de la falaise, dans l'ancien ossuaire en plein air, derrière le foisonnement des banians, un objet qui effraie les enfants qui s'y aventurent : un crâne d'où s'échappe un murmure quand souffle le vent.

Pour commémorer les défunts de la guerre, deux journalistes, dont un ancien combattant, ont l'idée d'un reportage sur les habitants d'Okinawa, seuls Japonais à avoir subi des combats au sol lors de la terrible bataille contre les Américains. Pour ce faire ils imaginent une enquête pour identifier le kamikaze qui repose dans l'ossuaire, pour ensuite lui rendre hommage.

Un homme va s'opposer au projet. Cet homme c'est un paysan qui, alors que les Américains pilonnaient l'île et qu'il n'était encore qu'un enfant à la recherche de nourriture avec son père, avait découvert avec lui le cadavre du kamikaze et l'avait aidé à le hisser jusqu'à l'ossuaire.

Les pleurs du vent rappellent aux vivants l'horreur de la guerre. À travers l'angoisse d'un vieil homme qui refuse que l'on piétine un sanctuaire dédié à ceux qui ont donné leur vie pour leur pays, ces vivants devraient comprendre qu'il faut les laisser reposer en paix, que l'écoute du vent et la contemplation du ciel suffisent à ne jamais les oublier...

Un roman magique, poétique et envoûtant de Medoruma Shun, né en 1960 à Okinawa, île qui a connu, du 1er avril au 22 juin 1945, l'une des plus sanglantes batailles du Pacifique. Deux mois après la fin de ses combats, ce sont finalement les bombes atomiques lâchées sur Hiroshima et Nagasaki qui amèneront le Japon à se rendre.
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Nous sommes sur l'archipel d'Okinawa, au milieu des années 1980. En haut d'une petite falaise, à l'orée d'une grotte, se trouve un ancien ossuaire des morts de l'invasion américaine de 1945. Sur son muret y est perché un crâne humain, faisant face à l'estuaire, et à la mer. Il intrigue, il inquiète, il est comme sacré…d'autant qu'il semble s'animer les jours de vent lorsqu'il émet un curieux sifflement…ce vent qui s'engouffre par les orbites et en ressort sonorisé, comme s'il s'était chargé au passage des plaintes des pauvres âmes des jeunes soldats sacrifiés. Les pleurs du vent…

Alors qu'Akira et ses copains se lancent un petit défi pour approcher le crâne en haut de la falaise et percer son mystère, son père Seikichi ne voit pas d'un bon oeil l'autorisation donnée par le chef du village, son ami d'enfance Tokuichi, à deux journalistes de métropole, Fujii et Izumi, de faire un reportage sur la légende de ce fameux crâne pour une chaîne de télé. Pour Seikichi, ce crâne vaut bien mieux qu'une opération de communication, il concentre ses souvenirs des derniers jours de guerre. La mémoire ressurgit lorsque, gamin, il devait se cacher dans une des grottes de ce terrain envahi par l'ennemi, avec sa mère, et son père, qui a été blessé sous ses yeux. Et il n'est pas le seul à savoir que le crâne et le squelette associé encore visible appartiennent à un kamikaze. Le journaliste Fujii qui est un peu plus âgé que lui, était lui aussi soldat au coeur de cet enfer, où il connut Kâno, un autre soldat déterminé et charismatique. Victime d'une grave chute, Fujii avait dû être évacué et ne revit jamais Kâno, dont le beau stylo l'avait fait rêver à l'époque…Le même qu'en allant y voir de plus près, il va retrouver à proximité du crâne…

Une histoire assez courte et simple, qui ne déborde pas d'action mais convoque la mémoire de ces âmes perdues, de ces jeunes fauchés pour la défense désespérée de la patrie. Certains passages nous replongent dans ces terribles jours de 1945 sur l'archipel. Si sa thématique rappelle celle d'Akira Yoshimura et son jeune héros Shinichi de Mourir pour la patrie, l'atmosphère y est plus apaisée. Là où Yoshimura nous plonge en totale immersion et sans temps mort dans l'enfer et l'horreur de la guerre, Medoruma écrit un roman sur la mémoire, dans un paysage insulaire où la luxuriance de la nature, très présente, apporte une touche de poésie un peu fantastique, mais aussi de sérénité à ce sujet difficile.
Au terme de cette histoire, tout le monde sur l'île a finalement un souvenir de cette terrible bataille, et les mémoires convergent vers ce crâne emblématique qui relie les hommes dans son souffle mystérieux. L'auteur fait à mon avis le bon choix en restant à la lisière du fantastique, le phénomène du crâne qui pleure étant facilement expliqué, ce qui évite toute perte de crédibilité au roman.

Un bon moment de lecture d'un des très bons écrivains japonais contemporains.
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Très court roman vite lu. J'avais été attiré par le thème. Les « lamentations du vent », assimilées à des pleurs émanant d'un crâne de squelette datant de la deuxième guerre mondiale. Mais en dehors de passages très poétiques, cette histoire de squelette d'un kamikaze de la dernière guerre se traîne beaucoup. On comprend l'enjeu. Un reporter de TV veut en faire un reportage comme témoin de la bataille d'Okinawa, auquel s'oppose un homme du village, qui se souvient, avec son père, avoir porté un cadavre qui pourrait être ce squelette en ce lieu devenant alors un endroit « tabou ». Mais tout cela est très lourd et l'intrigue se perd en répétitions et longueurs.
Je reste donc assez déçu après l'enthousiasme de « L'âme de Kotaro ».
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Dans ce village d'Okinawa, le passé se présente sous la forme d'un crâne qui pleure lorsque le vent du large le traverse. Lorsque deux hommes travaillant pour une chaîne de télévision arrivent au village avec le projet d'en faire l'objet d'un documentaire et d'en identifier, peut-être, son propriétaire, des réactions vont s'opposer: faut-il laisser les âmes et les souvenirs en paix, comme semble le préconiser Seikichi, ou commémorer une Histoire qui se perd, comme le souhaiterait Fujii ? Si j'ai trouvé intéressantes les questions soulevées par ce court roman et l'humour dramatique de cet auteur que je découvre avec Les Pleurs du vent, je suis restée un peu froide à son écriture descriptive qui, bien qu'elle se fasse luxuriante lorsque vient le temps d'évoquer la nature et le climat de l'île, laisse une place bien subtile au ressenti des personnages.
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Nous sommes dans un village japonais à une date indéterminée. Sans doute vers la fin du XXe siècle. Dans un ossuaire, devenu inaccessible, le crâne d'un kamikaze mort pendant les combats de la deuxième guerre mondiale provoque un bruit saisissant les jours de vent. Les enfants jouent au pied de la falaise où se trouve le crâne, et ne peuvent s'empêcher de se lancer le défi de monter jusque là. En même temps, une équipe de télévision vient tourner un documentaire sur la deuxième guerre mondiale, et Fujii, le reporter, voudrait intégrer le crâne dans son film, d'autant plus qu'il a un lien avec les soldats qui ont combattu là. Il rend visite à Seikichi, l'homme qui au village connaît le mieux l'histoire lié au mort. Ce dernier refuse violemment l'idée que des étrangers pourraient voir, et encore plus filmer le crâne. Il a des souvenirs et un secret qu'il souhaite garder pour lui-même.

Je suis beaucoup moins convaincue par ce livre de Medoruma Shun que par le recueil de nouvelles lu précédemment. La construction du récit m'a en particulier parue un peu boiteuse, pas très convaincante. Les personnages, la situation sont là, mais l'auteur a du mal à en faire quelque chose qui tienne le lecteur. C'est dommage parce qu'il y avait de la matière, et que l'écriture reste belle.
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Etes-vous hypnotisé vous aussi ? Regardez bien la jolie couverture des Pleurs du vent et vous serez comme moi, attiré par ces vagues. Et comment résister à ce titre si poétique ? Sorti au Japon en 1997, les éditions Zulma ont eu l'excellente idée de publier ce roman japonais en français. Un court roman où il est question de deux hommes qui ont vécu la bataille d'Okinawa, la dernière bataille de la Seconde Guerre mondiale. Et il y a aussi ce crâne qui pleure, et cette peur, cette honte qui habitent les personnages. Je remercie les éditions Zulma pour cette sublime lecture.

Ile d'Okinawa, au Japon, dans les années 80. le crâne est ici un des personnages principaux de cette histoire. Objet sacré, maudit ou vénéré, il représente toutes les victimes japonaises décédées pendant la Seconde Guerre mondiale, quelles soient soldats kamikazes ou civiles. Il existe depuis quarante ans un mystère autour de ce crâne qui surplombe la falaise et contemple la mer. Les rumeurs et le mystère qui l'entourent ont engendré une sorte de malédiction autour de ce crâne ayant appartenu à un kamikaze. Que semble cacher Seikichi ? Pourquoi est-il si terrifié lorsqu'on lui parle de ce crâne ? Que cache à son tour Fujii, venu enquêter sur la légende du crâne qui pleure ? En tout cas, ce crâne provoque chez ces deux personnages un réveil brutal de leurs douloureux souvenirs, du temps de cette bataille d'Okinawa.

"Jusqu'à présent, personne n'avait jamais eu l'idée de parler sérieusement du crâne qui pleure à quelqu'un d'extérieur au village. D'abord parce le sentiment d'avoir une dette envers ceux qui étaient morts à la guerre interdisait aux survivants de parler à tort et à travers des disparus, mais surtout parce que quiconque entendait la triste lamentation du vent ne pouvait qu'être saisi de stupeur. Dans le village, où il était défendu de pointer du doigt un cimetière car cela portait malheur, il y avait des gens qui ne pouvaient pas même lever les yeux vers le crâne qui pleure, lequel depuis les vestiges de l'ossuaire en plein air continuait à regarder la mer." (pp. 40-41).

Ainsi, dans ce court mais intense roman, il est question de cette bataille sanglante qui dura 22 jours et qui fit tomber plus de 77 000 soldats japonais et plus de 14 000 soldats américains. Les personnages sont comme encore "sonnés" par cette guerre, même quarante ans après. Elle leur a laissé une empreinte indélébile. le bruit terrifiant provenant du crâne terrifie Seikichi depuis des années et lui rappelle incessamment ce qu'il a vécu avec son père il y a quarante ans. Quant à Fujii, le journaliste, il a ressenti cette peur féroce de mourir, celle qu'il a ressentie alors qu'il était soldat-kamikaze. Il était même en colère contre son propre Empereur, et se posait des questions sur cette guerre. Vous l'aurez compris, ce livre donne énormément à réfléchir sur la souffrance engendrée par la guerre. Ces personnages pourront-ils un jour s'en délivrer ?

En conclusion, Les Pleurs du vent est un court roman dans lequel deux destins d'hommes se croisent. L'un a vécu la bataille d'Okinawa en aidant son père blessé, en évitant les soldats américains qui grouillaient le sol de l'île. L'autre était soldat et aurait dû finir kamikaze comme ses camarades. le crâne qui pleure font ressurgir leurs souffrances à chaque instant. Quel est le mystère qui entoure ce crâne ? Seikichi et Fujii réussiront-ils à surmonter leurs douleurs ? de même, ce roman laisse une grande place à la nature, l'autre grand personnage du livre. La falaise, la mer, le vent, la rivière, le banian. Tous sont acteurs. L'auteur les décrit si bien qu'on a l'impression nous aussi de se trouver au pied de cette falaise mystérieuse ou bien au coeur de cet ossuaire. Alors, lisez ce roman. Peut-être même que vous aussi vous entendrez les pleurs du vent...
Lien : http://lesmotsdejunko.blogsp..
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Dans un petit village près d'Okinawa, un ancien ossuaire à fleur de falaise dont l'escalier a été détruit abrite un crâne étrange, qui pleure quand il y a du vent.

Alors qu'une bande d'enfants se met au défi d'escalader la falaise pour aller y déposer un bocal, Fuji revient sur cet endroit qu'il a connu pendant la guerre pour faire un reportage. Seikichi voit cela d'un mauvais oeil et refuse de coopérer.

La venue de Fuji et son souhait de faire ce reportage amène les différents personnages - dont Fuji - à revivre cette époque de guerre.

Il s'agit ici davantage d'une tranche de vie que d'une "histoire" classique et j'avoue ne pas avoir bien cerné l'enjeu de la narration.
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Après avoir lu L'âme de Kôtarô regardait la mer, qui m'avait fait une très bonne impression. Je viens de terminer les pleurs du vent du même auteur.

Shum Medoruma a cette capacité à reprendre des éléments historiques qui, ici, se déroulent une nouvelle fois sur l'archipel d'Okoshima. L'auteur y ayant grandi, là-bas, est très influencé par cet archipel et son histoire assez sombre.

Les pleurs du vent n'échappent pas à cela. Si j'ai trouvé cette nouvelle moins fortes que celles que j'ai pu trouver dans son premier roman, je ne vais pas mentir en disant que je n'ai pas aimé. Au contraire, il y a dans cette nouvelle, un hommage à son archipel, une forme de clôture d'un deuil qui se fait par des mots. Des mots qui rayonneront à travers le monde. J'ai beaucoup aimé le concept du crâne qui pleure à l'extérieur du village. Crâne qui lui aussi regarde la mer. Cette vaste étendue d'eau sur laquelle on voudrait prendre le large. le crâne, dans cette histoire, à quelque chose de symbolique. Il est là, pleure et c'est tout un village qui reste emmuré.

Dans les pleurs du vent, il y a cet hommage à la tradition, aux morts, à ceux qui ont participé à la fameuse guerre et bataille d'Okinawa. Mendoruma permet d'entretenir la mémoire du souvenir, de clôturer le sens de la perte, du respect des défunts.
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Pas de doute. Des les premières lignes , on sent le style japonais, en tous les cas par rapport à ce que j'en connais. Beaucoup de poésie, du mystère et une intrigue qui se met doucement en place.
Ici, un groupe d'enfant découvre un squelette dans un lieu de culte d'un village d'Okinawa. En fait , tous les personnages principaux de l'oeuvre vont graviter autour de ce squelette , de façon plus ou moins attendue.
Beau roman , écriture poétique et intrigue très bien ficelée, chose à laquelle je n'aspirais pas forcément.
L'auteur , originaire d'Okinawa, est visiblement marqué par l'histoire de son île et la guerre contre les américains. Tout en finesse , il dévoile quand même quelques pans de l'horreur subie.
Une très belle surprise , vite lue, qui peut constituer une belle initiation au style nippon.
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Le récit se déroule dans un petit village d'Okinawa, où d'étranges pleurs s'échappent d'un ancien ossuaire, caché au milieu d'une falaise, alimentant depuis près de quarante ans de nombreuses rumeurs. Attiré par le mystère qui entoure ce crâne qui émet des sons qui font froid dans le dos, une bande de gamins du coin se lance comme défi d'escalader la falaise.
À l'occasion de la commémoration de la bataille d'Okinawa, un journaliste d'une chaîne de télévision s'intéresse également à la légende de ce crâne qui aurait appartenu à un kamikaze. Un agriculteur de la bourgade s'oppose cependant fermement à ce projet de reportage…

Ce crâne qui transforme le vent en pleurs n'est qu'un prétexte utilisé par l'auteur, lui-même originaire d'Okinawa, pour nous parler de son île tout en abordant des thèmes beaucoup plus délicats, tels que les dégâts psychologiques causés par la guerre, le devoir des kamikazes ou l'humiliation de la défaite et de la reddition du Japon. Les pleurs du crâne iront même jusqu'à symboliser les souffrances générées par la dernière bataille de la Seconde Guerre mondiale. Même quarante ans après, ce conflit a laissé une empreinte indélébile, que ce soit sur le journaliste et l'agriculteur, qui ont tous deux vécu la bataille d'Okinawa d'une perspective différente, ou sur cette génération suivante qui part à l'assaut de cette falaise et de tout ce qu'elle représente.

Le style typiquement japonais, empli de poésie et d'onirisme, de Medoruma Shun est de toute beauté et contribue à nous conduire tout en douceur au coeur des pleurs générés par cette guerre. L'écrivain ne manque pas non plus de nous décrire son île avec passion et grande précision, décrivant chaque parcelle de la nature et restituant l'humidité et la chaleur de la contrée d'Okinawa.

Un roman court, sensible et puissant !
Lien : https://brusselsboy.wordpres..
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