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Critique de florencem


Nous sommes d'accord, la couverture colorée et super fun de Paola Escobar attire l'oeil. Bravo à l'illustratrice. le résumé avait aussi de quoi donner envie. Une famille de Chapelier vivant à Londres, une petite dose de magie et de folie (référence au chapelier fou de Alice ?), et des aventures rocambolesques. Pour ma part, j'étais déjà conquise, et pas du tout freinée par la cible plutôt jeunesse, car j'ai l'habitude d'en lire.

Sur le fond, La maison Chapelier est un roman jeunesse que je dirais "parfait" pour les enfants, mais peut-être pas forcément pour la cible : 9 ans et plus. Pour côtoyer plusieurs têtes blondes de cet âge, je les vois mal s'identifier à Cordelia. Ils sont beaucoup plus éveillés, matures et ici même si j'ai trouvé l'histoire très mignonne, il y a ce côté infantilisant avec lequel j'ai de plus en plus de mal. Pour revenir aux enfants que je côtoie, je les vois souvent chercher des romans dans des classes d'âge plus élevées, et quand je leur demande pourquoi, j'ai souvent droit à : c'est trop bébé. Et pourtant Cordelia à 11 ans. Même si elle ne vit pas à la même époque que nous, elle a pourtant des aspirations et des problèmes qui restent assez universels. Elle-même cherche d'ailleurs à faire reconnaître aux adultes qui l'entourent qu'elle n'est plus une enfant et qu'il faut la prendre plus au sérieux. Alors pourquoi chercher à donner au roman cet esprit trop dérisoire et qui manque de profondeur ? Certes faire lire ce roman à des 6-8 ans (qui pour moi sont plus dans la cible) serait peut-être un peu compliqué... mais ils sont pourtant plus le type de lecteur visé. Et là clairement, ce n'est pas vers ce genre de roman que je vais.

La maison Chapelier reste un roman divertissant, mignon tout plein, avec cette énergie loufoque et bonne enfant qui fait sourire. Il y a énormément de messages forts en plus. le père de notre héroïne m'a beaucoup marqué, alors qu'il est très peu présent. Dans les souvenirs de Cordelia, on voit cet homme pousser sa fille à utiliser son esprit, son inventivité. Il ne lui met pas de barrière, surtout pas parce qu'elle est une fille. J'ai trouvé aussi qu'il ne la voyait pas vraiment comme une enfant, dans le sens où il lui parlait comme si elle était son égale. Ne pas chercher à changer son enfant, mais plutôt cultiver ses particularités. Et cela fait chaud au coeur. Cordelia est aussi une enfant qui est très tolérante, à l'esprit vif et qui veut bien faire. J'aime sa façon de voir les choses, sa combativité, sa logique aussi. Elle est débrouillarde à souhait. Alors, oui, elle reste jeune mais on voit clairement les prémices d'une jeune extraordinaire dans ce personnage. Et là encore, c'est un exemple à suivre qui fait plaisir à voir.

L'ambiance globale du roman est aussi très pétillante. Loufoque, avec un peu de dérision. Aussi coloré que sa couverture, il est fantasque à souhait, et on arrive à prendre le parti de l'auteur sans aucun souci. On voit combien parfois ce monde est contradictoire et malgré la différence d'époque, on y voit aussi de nombreux points communs avec la nôtre. J'apprécie toujours cela car il est plus facile de s'immerger et on est aussi plus réceptif à ce qu'il se passe. La petite dose de magie est aussi très intéressante, même si pour l'instant on ne découvre que celle des Chapelier. Il doit y avoir des similitudes, mais je me dis qu'en fonction des objets, ce thème pourrait être beaucoup plus poussé.

Pour l'intrigue en elle-même : aucune surprise (ou presque - seule l'identité d'un antagoniste m'a surprise). Et ici... j'avoue que le bât blesse un peu, et on retrouve juste cet effet infantilisant. le méchant est repérable dès les premiers chapitres. Aucun suspens malgré le fait que nos petits héros mettent du temps à tout mettre en lumière. Pour le voleur, pareil, les indices sont tellement flagrants qu'il est difficile de passer à côté. Les machinations des méchants sont comme un phare en pleine nuit. Seule la résolution de tous les problèmes des protagonistes reste intéressante à suivre. Et c'est clairement dommage. Faire un peu marcher les méninges des lecteurs, c'est aussi très important (je ne demande pas une surcharge, j'entends bien). La psychologie des personnages n'aide pas non plus. On est dans la caricature trop souvent dans le manque d'intelligence, et les personnalités ne sont pas tellement développées. Je me suis attachée à Sam, Lulu et Cordelia, certes, mais plus parce qu'ils étaient mignons. J'ai eu du mal à avoir de l'empathie face à ce qui leur arrivait, et encore plus avec cette ambiance fantasque qui fait perdre du sérieux à l'ensemble de l'intrigue.

La maison Chapelier n'a donc pas su réellement me charmer. L'idée était là, l'ambiance également mais cela ne fait pas tout malheureusement. J'ai passé un bon moment mais sens plus.
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