Un essai très complet sur la perception. Pour
Merleau-Ponty, qui critique aussi bien l'intellectualisme que l'empirisme, il s'agit de redonner toute son importance au corps, qui n'est ni un simple instrument perceptif ni une dégradation de l'idéel. Sa démarche phénoménologique est classique mais elle se démarque toutefois de celle de
Husserl car il ne s'agit pas, à proprement parler, d'idéalisme transcendantal. Il s'agit d'ailleurs de réévaluer la séparation entre le sujet immanent et l'objet transcendant, d'affirmer une certaine transcendance perceptive générale dans laquelle le sujet se jette pleinement par son corps, et d'éviter de faire du Je un Je constituant.
Merleau-Ponty met en avant l'inhérence du monde transcendant (au sens husserlien plus que "métaphysique"), son phénomène obligé, qui n'est pas à traiter comme objet. Sur le plan rédactionnel on constate que
Merleau-Ponty développe longuement ses chapitres : il y a peu de découpage en sous-parties, le texte est dense. Toutefois, puisqu'il s'agit de phénoménologie, on peut y retrouver une certaine fluidité. Plus que
Sartre, avec lequel il n'y avait pas encore de rupture, cet essai représente une belle illustration du caractère français de la phénoménologie.
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