Ma tristesse ne savait où se mettre, je me taisais beaucoup en souriant.
- Alors... ? Tu sais ce que tu vas faire ?
- Ben ouais... j'ai pas tellement le choix...
- Ben si, tu l'as... évidemment qu'tu l'as...
- Non, je l'ai pas... J'suis serveuse, j'ai pas un rond et y a pas vraiment de père... alors bon...
- Et pourtant... j'suis désolée de te dire ça, mais, tu as le choix... et c'est super important que tu le saches... Peu importe ce que tu feras... Il faut que ce soit une vraie décision de ta part...
Je voyais des injustices partout : des femmes issues de milieux aisés pouvaient éviter les conséquences potentielles de leur vie sexuelle, alors que d'autres ne le pouvaient pas.
Et surtout : pourquoi il incomberait uniquement aux femmes de s'inquiéter de ces conséquences ? Pourquoi les hommes ne se sentaient pas plus concernés ? Pourquoi Fanny, Corinne et les autres s'étaient renseignées sur les risques encourus après avoir fait l'amour, et pourquoi leurs partenaires masculins ne se souciaient de rien ?
Deux semaines, c'était bien trop court pour aller mieux, mais je donnais le change. Il m'était impossible de mettre des mots pour cette douleur. Elle n'était pas terrassante, je travaillais, je sortais, je riais. Par contre, elle ternissait tout.
Je découvrais avec délice que les filles n'étaient pas des petites choses fragiles...
C'est une décision trop importante pour que tu t'encombres de nos opinions...On sera là quoi que tu décides.
- Oh... c'est marrant... t'as des poils...
- Ben... comme les femmes adultes...
- Pas celles que je connais.
(p. 70)
Les hommes ne montent jamais sur une table de gynéco. Vous ne savez pas ce que ça fait.
Il m’était impossible de mettre des mots sur cette douleur. Elle n’était pas terrassante. Je travaillais, je sortais, je riais. Par contre, elle ternissait tout.
Les femmes qui viennent nous voir, elles vivent des choses qui n'ont rien en commun avec ta vie.