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Critique de ATOS


L'Afganistan, l'Avshvagan, le Terre des chevaux. Un nom au pays inoubliable, aux images parfois imprononçables .
Qu'est ce qui décide du destin d'un aventurier ? Un livre, peut être. Mais certainement bien plus.
Le livre : « les Cavaliers » de Joseph Kessel. L'aimant des « coeurs purs », l 'aviateur, le résistant, l'immense reporter, l'écrivain, le baroudeur, le journaliste, le joueur, ce « coureur d'horizons »comme l'écrit Olivier Weber .
Kessel aimait l'Afghanistan. Il l'aimait telle qu'elle est. En portant témoignage de ce là bas jusqu'à nous, ici.
Louis Meunier jeune frais moulu de nos écoles de commerce européennes aurait pu vivre le destin qui l'attendait. Mais comme le veau sur le terrain de Buzkashi , son destin, il est allé le chercher. Se battre pour le remporter.
Partir pour un ailleurs. le hasard aurait du le mener au Tadjikistan , mais le hasard a choisi : ce sera l'Afghanistan.
Afghanistan, pays, non. Royaume peut être davantage.
Royaume des pierres précieuses, des vignes, des fruits, des plateaux,des steppes, des montagnes, des déserts, des lacs bleus, des neiges, des maisons de terre, des campements, des thés brûlants, de roches, de poussière, de caravansérail, pays des chefs de guerre, des seigneurs, des clans, des peuples, des luttes, des combats.
Braise immortelle de l'Asie et de l'Orient.
Résistance, rébellion, opposition, alliance, autorité ,fierté, honneur, conflit, vengeance, religion.... la grandeur des mots face au tumulte de leurs maux.
Royaume tribal, royaume du cheval.
L'Afghanistan est plongé dans le chaos, bien sûr..La guerre... les guerres.. toutes ces guerres sur les terres d'un seul pays et pourtant le royaume afghan reste vivant.
Un pays est une chose sur la carte des hommes. Un royaume est un parfum dans le coeur de l'homme.
Alors il ne faut pas oublier, le chaos, il ne faut oublier les meurtres, les carnages, le terrorisme, les talibans d'hier et ne l'espérons pas - d'après demain, et ces bacha pazi, ces garçons jouets, d'aujourd'hui. Il ne faut pas oublier le musée des horreurs. Ne pas oublier les incohérences d'un pays qui cache le regard de ses femmes et qui travestit les aînées de leur filles en fils, en basha poch. Parce qu'il ne faut pas perdre la face, par ce que malgré tout, au delà de tout, il faut survivre contre tout.
Ne pas oublier que les femmes sont devenus des ombres, et qu'elles ne peuvent assister au Buzkashi, parce qu'elles sont femmes, ne pas oublier la faim, la soif , le taux de mortalité infantile qui dans certaines régions atteint le chiffre les plus élevé de la planète, ne pas oublié les mariages forcés, l'analphabétisme . Ne pas oublier que si aujourd'hui dans les villes du pays les palais se construisent à une vitesse accélérée au rythme grandissant et vertigineux du négoce de l'opium, aujourd'hui, pour les peuples afghans c'est encore la peur, la violence, l'insomnie, les mines, l'exode.
Parce qu'il faut écrire « les peuples afghans » et non le peuple afghan. Il faut se détacher de notre vision occidentale. Pour nous un seul peuple un seule nation. Mais la rose des vents nous apprend qu'en virant d'azimut tout peut être à la fois si semblable et pourtant différent. Où la mesure du temps, le poids d'une parole, la valeur d'une vie, tout est différent. Mais l'homme est de nature universelle, alors comment vivre en Afghanistan ?
Aimaqs,Ouzbeks, Turkmènes, les Pachtounes, Les Hazaras, les Tadjiks, les Baloutches, les Pashayis, les Kirghizes, les Nouristanis.... des sikhs , des hindous. Des bouddhistes, des musulmans, des sunnites, des chiites... de la steppe, de la montagne, du désert, ou de Kaboul, il faut survivre.
Cela relève du miracle. Tremblement de terre, froid himalayen, invasion de sauterelles, sécheresse, maladies endémiques ( tuberculose, scorbut, choléra,poliomyélite), exécutions, mines, roquettes, enlèvements, raquettes..Il faut alors survivre. Ni adieu , ni au revoir lorsqu'on se quitte en Afghanistan mais « Zenda Bashi », sois vivant !
L'aventure que vivra louis Meunier sera celle d'un jeune cavalier qui atteindra l'un de ses rêves : devenir tchopendoz, cavalier de Buzkashi. « Harakat o barakat » : c'est dans le mouvement que l'on trouve la grâce de Dieu. »....
Alors il monte, il galope, il ouvre la route, il trace. Il regarde, il apprend, il comprend.
Il comprend que si l'on peut jouer sa vie nul ne devrait jamais perdre la sienne.

Récit initiatique, regard pertinent et extrêmement bien écrit. Dans les cavaliers de Kessel, le vieux Guardi Guedj disait : » la meilleure, la véritable prière est d'accomplir au mieux le destin pour lequel un homme a été jeté sur la Terre ».
Destin, donc, accompli.

Lire ce livre.
Lire les Cavaliers de Joseph Kessel
Voir «  Voyage en Afghanistan » 1967 Émission d'Igor Barrère et Michel Colombes – Ina Films
Écouter les entretiens France culture – Kessel , sa vie, son oeuvre – 1969 et entretien avec Chaudine Chonez 1973.
Voir le documentaire « Les Bacha Posh afghanes - Des filles au masculin » de Katrin Eigendorf et Shikiba Babori
Voir « La Danse des garçons afghans » Documentaire de Jamie Doran – 2010
Voir « les Prisonniers de l'Himalaya » film documentaire réalisé par Louis Meunier, 2012.
Voir «  7 000 mètres au-dessus de la guerre » film documentaire réalisé par Louis Meunier en 2013.
voir : Nothingwood , film de Sonia Kronlund, 2017.
Opération Babelio- Masse critique en partenariat avec les Editions KERO. Juin 2014.

« à Jehol. » 
Astrid Shriqui Garain
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