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EAN : 9782366581102
327 pages
KERO (22/05/2014)
4/5   46 notes
Résumé :
« Dans ce pays sans âge, on ne parle pas en nationalités, mais en peuples. On ne compte pas en kilomètres, mais en jours de route. Quand on se quitte, on se dit Zenda Bashi, sois vivant, parce que l’existence est incertaine. »

En 2002, Louis Meunier, tout juste diplômé, décide de plaquer une carrière tracée d’avance et de partir à l’aventure en Afghanistan. Il est ébloui par la beauté du pays et la dignité de ses habitants. Mais surtout, fasciné par ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (24) Voir plus Ajouter une critique
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« Les cavaliers afghans » de Louis Meunier débute en mars 2002. L'auteur juste diplômé d'une école de commerce, ne veut pas du parcours classique que son diplôme pourrait lui offrir : marketing, finance internationale…

Il finit, après un détour par l'Asie et l'Afrique, par répondre à une annonce d'une des nombreuses ONG arrivées en Aghanistan après l'opération américaine « liberté immuable » qui a renversé le régime taliban en 2001, ONG qui participent à la tentative de mise en place d'infrastructures permettant à ce pays déchiré par des années de guerre de se reconstruire.

Cet engagement va le mener très loin et le contraindre à puiser en lui-même, au cours des années, la force de continuer. Il va le rendre de plus en plus humble et profondément respectueux de tous les êtres accueillants qui croiseront sa route.

Car Louis Meunier a tout à apprendre quand il débarque dans ce pays rude aux paysages et au climat variés et changeants, où il lui faut se plier aux règles tribales et aux coutumes des multiples groupes ethniques qui le composent. Il faut ajouter à cette complexité la déstabilisation provoquée par la cohabitation avec des troupes étrangères, la reprise des attentats et attaques des talibans qui feront évoluer et changer d'attitude des hommes devenus progressivement méfiants vis à vis des promesses de ceux qui se disent leurs libérateurs.

Et lui-même ne choisit pas la facilité car, passionné de chevaux et bon cavalier à la manière occidentale il rêve, après avoir lu « Les cavaliers »  de Joseph Kessel,  de parvenir à s'introduire dans le cercle très fermé des joueurs de Bouzkachi « les tchopendoz » et de participer à cette mêlée violente qui veut que l'on parvienne à s'emparer de la dépouille d'un bélier ou d'un veau et dans une course effrénée où tous les coups sont permis, de ne pas se la laisser reprendre avant de la lâcher dans le cercle de justice matérialisé par un drapeau.


J'ai aimé suivre ce jeune homme dans sa quête où il surmonte progressivement les difficultés qui se dressent sur son chemin. Il nous fait le récit, douloureux parfois, des abandons successifs que les circonstances vont le contraindre à faire et à finir par accepter, un peu comme un pur sang qui doit finir par se résoudre à se laisser dompter mais ne perd rien de ses qualités.
J'ai de l'admiration pour le courage dont il fait preuve, pour son obstination et sa ténacité car la passion seule, tout en étant le moteur de sa quête, ne suffit pas à vaincre les multiples obstacles qu'il aura à franchir, qui le conduiront à remettre par trois fois ses projets. A chaque nouveau départ Louis Meunier aura gagné, gagné en profondeur, en humilité, en compréhension et amour pour tous les amis rencontrés, qui l'ont aidé, reconnaissant aussi envers la part de « hasard » qui le remet en selle pour lui permettre de repartir.

Une petite déception, il reste un peu trop en retrait. J'aurais aimé retrouver dans son écriture un peu plus de fougue, le souffle brûlant de la passion qui animait celui de Kessel qui avait su donner une dimension épique à son roman et ses personnages.
J'ai hésité entre 3 ou 4 étoiles mais j'ai opté pour 4 car ce livre est celui de Louis Meunier, un beau témoignage, une profonde leçon de vie.

Cette lecture m'a rendue mélancolique et inquiète quant à l'avenir de ce pays et de ses habitants vraiment attachants même si en conclusion Louis Meunier nous dit :
«On ne connaît plus l'Afghanistan qu'à travers les talibans, l'opium et les burqas. pourtant, ce n'est pas le pays dont je veux garder le souvenir. Ce livre témoigne d'une autre réalité, qui existe toujours en filigrane derrière les lignes de l'actualité. Ecrire est devenu une nécessité, pour manifester ma reconnaissance à Shams, à Jawed, à Yunus, à Kheiri ; à tous mes compagnons d'aventure ; à tous ceux qui m'ont accueilli et aidé au cours de ce long voyage initiatique au coeur du monde du buzkashi ; à Tauruq, à Moushki, à Komight, et à tous les chevaux d'Afghanistan. »
Souhaitons que les afghans continuent à préserver leur traditions comme ils ont su garder à l'abri et dissimuler aux regards prédateurs leurs beaux purs-sangs

Merci aux éditions Kero et à Babelio qui m'ont permis de partager cette belle aventure
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Les éditions KERO et Babelio m'ont proposé de me rendre gratuitement en Afghanistan en compagnie de Louis Meunier, le temps de la lecture des « Cavaliers afghans ». Je les en remercie.

J'y suis allée, bien sûr, et je me suis imprégnée de ces paysages grandioses, de ces déserts, de ces lacs, de ces champs de pavots, de ces montagnes quasi infranchissables...J'ai fait la connaissance de ces terribles tchopendoz, cavaliers sans peur bravant la mêlée lors du jeu national, le buzkashi.

Il faut dire que Louis Meunier est un excellent guide et qu'il n'a pas son pareil pour faire ressentir une atmosphère, pour décrire un homme, que ce soit un paysan hospitalier ou un chef de guerre cruel.
Son aventure en Afghanistan, ou plutôt son destin, il nous le narre avec conviction. Hanté par le roman « Les Cavaliers » de Kessel, il arrive dans ce pays mythique, à Maïmana, une ville du Nord, engagé par une ONG. Et à partir de ce moment, il n'aura de cesse de se procurer un cheval pour jouer au buzkashi, ce qui est très difficile pour un étranger ! Il est floué par des chefs, mais ne renonce pas. Pour affermir sa volonté, il se lance dans l'exploration des provinces profondes, accompagné d'un Ouzbek et de 3 chevaux. Après plusieurs semaines de grands espaces et de rencontres singulières, affaibli par la maladie, il sera rapatrié d'urgence en France. Mais il revient, et là, à Kaboul, il renoue avec sa passion, les chevaux et le buzkashi. Difficile...très difficile de renouer avec cette tradition ancestrale, alors que le pays plonge dans une situation politique difficile, avec des attentats, des enlèvements... bref tout ce que l'Occident connait de l'Afghanistan, alors qu'il est autre chose pour Louis Meunier : le pays des chevaux et de la liberté, de l'honneur et du courage.

Je referme donc ce récit de voyage initiatique, ce témoignage d'une passion fermement accrochée au coeur de l'auteur, toute contente de connaitre un peu plus ce pays et ses coutumes, ses splendides paysages (quoiqu'il n'y ait pas de photos, dommage) et ses personnages typés et vrais.
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L'Afganistan, l'Avshvagan, le Terre des chevaux. Un nom au pays inoubliable, aux images parfois imprononçables .
Qu'est ce qui décide du destin d'un aventurier ? Un livre, peut être. Mais certainement bien plus.
Le livre : « les Cavaliers » de Joseph Kessel. L'aimant des « coeurs purs », l 'aviateur, le résistant, l'immense reporter, l'écrivain, le baroudeur, le journaliste, le joueur, ce « coureur d'horizons »comme l'écrit Olivier Weber .
Kessel aimait l'Afghanistan. Il l'aimait telle qu'elle est. En portant témoignage de ce là bas jusqu'à nous, ici.
Louis Meunier jeune frais moulu de nos écoles de commerce européennes aurait pu vivre le destin qui l'attendait. Mais comme le veau sur le terrain de Buzkashi , son destin, il est allé le chercher. Se battre pour le remporter.
Partir pour un ailleurs. le hasard aurait du le mener au Tadjikistan , mais le hasard a choisi : ce sera l'Afghanistan.
Afghanistan, pays, non. Royaume peut être davantage.
Royaume des pierres précieuses, des vignes, des fruits, des plateaux,des steppes, des montagnes, des déserts, des lacs bleus, des neiges, des maisons de terre, des campements, des thés brûlants, de roches, de poussière, de caravansérail, pays des chefs de guerre, des seigneurs, des clans, des peuples, des luttes, des combats.
Braise immortelle de l'Asie et de l'Orient.
Résistance, rébellion, opposition, alliance, autorité ,fierté, honneur, conflit, vengeance, religion.... la grandeur des mots face au tumulte de leurs maux.
Royaume tribal, royaume du cheval.
L'Afghanistan est plongé dans le chaos, bien sûr..La guerre... les guerres.. toutes ces guerres sur les terres d'un seul pays et pourtant le royaume afghan reste vivant.
Un pays est une chose sur la carte des hommes. Un royaume est un parfum dans le coeur de l'homme.
Alors il ne faut pas oublier, le chaos, il ne faut oublier les meurtres, les carnages, le terrorisme, les talibans d'hier et ne l'espérons pas - d'après demain, et ces bacha pazi, ces garçons jouets, d'aujourd'hui. Il ne faut pas oublier le musée des horreurs. Ne pas oublier les incohérences d'un pays qui cache le regard de ses femmes et qui travestit les aînées de leur filles en fils, en basha poch. Parce qu'il ne faut pas perdre la face, par ce que malgré tout, au delà de tout, il faut survivre contre tout.
Ne pas oublier que les femmes sont devenus des ombres, et qu'elles ne peuvent assister au Buzkashi, parce qu'elles sont femmes, ne pas oublier la faim, la soif , le taux de mortalité infantile qui dans certaines régions atteint le chiffre les plus élevé de la planète, ne pas oublié les mariages forcés, l'analphabétisme . Ne pas oublier que si aujourd'hui dans les villes du pays les palais se construisent à une vitesse accélérée au rythme grandissant et vertigineux du négoce de l'opium, aujourd'hui, pour les peuples afghans c'est encore la peur, la violence, l'insomnie, les mines, l'exode.
Parce qu'il faut écrire « les peuples afghans » et non le peuple afghan. Il faut se détacher de notre vision occidentale. Pour nous un seul peuple un seule nation. Mais la rose des vents nous apprend qu'en virant d'azimut tout peut être à la fois si semblable et pourtant différent. Où la mesure du temps, le poids d'une parole, la valeur d'une vie, tout est différent. Mais l'homme est de nature universelle, alors comment vivre en Afghanistan ?
Aimaqs,Ouzbeks, Turkmènes, les Pachtounes, Les Hazaras, les Tadjiks, les Baloutches, les Pashayis, les Kirghizes, les Nouristanis.... des sikhs , des hindous. Des bouddhistes, des musulmans, des sunnites, des chiites... de la steppe, de la montagne, du désert, ou de Kaboul, il faut survivre.
Cela relève du miracle. Tremblement de terre, froid himalayen, invasion de sauterelles, sécheresse, maladies endémiques ( tuberculose, scorbut, choléra,poliomyélite), exécutions, mines, roquettes, enlèvements, raquettes..Il faut alors survivre. Ni adieu , ni au revoir lorsqu'on se quitte en Afghanistan mais « Zenda Bashi », sois vivant !
L'aventure que vivra louis Meunier sera celle d'un jeune cavalier qui atteindra l'un de ses rêves : devenir tchopendoz, cavalier de Buzkashi. « Harakat o barakat » : c'est dans le mouvement que l'on trouve la grâce de Dieu. »....
Alors il monte, il galope, il ouvre la route, il trace. Il regarde, il apprend, il comprend.
Il comprend que si l'on peut jouer sa vie nul ne devrait jamais perdre la sienne.

Récit initiatique, regard pertinent et extrêmement bien écrit. Dans les cavaliers de Kessel, le vieux Guardi Guedj disait : » la meilleure, la véritable prière est d'accomplir au mieux le destin pour lequel un homme a été jeté sur la Terre ».
Destin, donc, accompli.

Lire ce livre.
Lire les Cavaliers de Joseph Kessel
Voir «  Voyage en Afghanistan » 1967 Émission d'Igor Barrère et Michel Colombes – Ina Films
Écouter les entretiens France culture – Kessel , sa vie, son oeuvre – 1969 et entretien avec Chaudine Chonez 1973.
Voir le documentaire « Les Bacha Posh afghanes - Des filles au masculin » de Katrin Eigendorf et Shikiba Babori
Voir « La Danse des garçons afghans » Documentaire de Jamie Doran – 2010
Voir « les Prisonniers de l'Himalaya » film documentaire réalisé par Louis Meunier, 2012.
Voir «  7 000 mètres au-dessus de la guerre » film documentaire réalisé par Louis Meunier en 2013.
voir : Nothingwood , film de Sonia Kronlund, 2017.
Opération Babelio- Masse critique en partenariat avec les Editions KERO. Juin 2014.

« à Jehol. » 
Astrid Shriqui Garain
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Les voyages forment la jeunesse.

Nous sommes en 2002. Fraîchement diplômé de son école de commerce, Louis Meunier n'est pas pressé d'intégrer le marché du travail. Il décide de faire une pause et de s'engager dans une ONG. le voilà prêt à partir en Afghanistan. La veille de son départ, un ami lui conseille la lecture des Cavaliers de Joseph Kessel. Et avant même d'avoir mis les pieds sur le sol afghan, voilà notre jeune aventurier déjà sous le charme de la culture et des paysages qui l'attendent. Une idée fixe germe en lui : partir sur les traces d'Ouroz et devenir tchopendoz.
Quiconque aura lu Les cavaliers de Kessel ne pourra que comprendre Louis et sa soif de découverte. C'était mon cas et j'étais très curieuse de suivre Louis dans son périple et de pouvoir vivre à travers lui ce fabuleux voyage dont m'avait fait rêver Joseph Kessel.

Louis Meunier se rendra à plusieurs reprises en Afghanistan. Chaque partie du récit est dédiée à un voyage. le premier concerne sa mission au sein de l'ONG et raconte ses premiers pas dans le pays, ses premières difficultés, ses premières rencontres. Il fait connaissance avec le monde du buzkashi et ses tchopendoz, se familiarise avec la culture équestre locale.
Sa mission terminée, Louis rentre en France mais l'appel des contrées sauvages le taraude. Il repart avec un projet bien précis en tête : effectuer, à l'instar d'Ouroz, une expédition à cheval à travers une partie du pays. Muni de laissez-passer, Louis part accompagné de son guide Shams et de 3 chevaux. le voyage n'est pas sans risques. Les talibans et des bandits rôdent dans les parages. Les rencontres sont diverses, souvent positives, parfois décevantes et inquiétantes. Mais c'est l'occasion de découvrir l'extrême richesse et diversité des peuples afghans, leur culture, leur mentalité, leur mode de vie au quotidien. Par exemple, il est étonnant de constater les différences du statut des femmes d'une ethnie à l'autre. La curiosité des autochtones envers Louis donne aussi lieu à des situations et des dialogues plutôt cocasses.

Bien que pour un étranger, cette diversité soit perçue comme une richesse, du point de vue local, cette situation créé autant d'occasions de confrontations et est source de racisme. La hiérarchie sociale est très marquée et cloisonnée. La loi du talion et la vendetta règnent, signes de l'absence d'autorité suprême reconnue et capable d'unification.
Louis Meunier explique ainsi l'impact de l'intervention des occidentaux sur la politique et l'économie locale, bouleversant les relations sociales, les coutumes et la tradition. Vus dans un premier temps comme des libérateurs après que les armées occidentales aient renversé le régime taliban, les étrangers sont peu à peu jugés responsables des désordres et ne sont plus désirés. La méfiance voire la haine supplantent la règle d'hospitalité afghane qui veut que la présence d'un étranger soit un honneur pour celui qui le reçoit.
Cette dérive est très visible dans le récit de Louis comme le montre par la suite un grave incident survenu à son guide.

Malheureusement, l'expédition de Louis ne peut être menée à son terme. La vie dans les grands espaces a un prix. Louis doit être expatrié en urgence pour revenir aussitôt comme employé dans une entreprise implantée à Kaboul. Dégoûté de la vie superficielle et consumériste menée en occident, il est bien décidé à réaliser son rêve et devenir tchopendoz. Il intègre alors la première équipe de buzkashi de Kaboul.

Plus qu'un simple récit de voyage, Les cavaliers afghans est le résultat d'une expérience humaine incroyable, celle de s'être immergé au sein d'une population extrêmement diversifiée que seuls l'islam, le cheval et le jeu du buzkashi semblent souder et d'un pays qui n'a connu que la guerre depuis 50 ans. Les différentes rencontres de Louis permettent de connaître le véritable visage de l'Afghanistan à travers des témoignages personnels et des échanges enrichissants. On apprend énormément. J'ai beaucoup aimé vivre cette aventure par procuration, retrouver ces paysages à couper le souffle parsemés des vestiges de l'époque soviétique et des traces de la misère et du trafic d'opium souvent seule alternative pour les paysans appauvris.
Je déplore seulement le peu de détails sur la carte en fin d'ouvrage et l'absence totale de photographies.
Néanmoins, je conseille fortement cette lecture à tous les amoureux de grands espaces, tous les lecteurs éblouis de Kessel et tous ceux qui sont curieux de savoir comment un étranger peut vivre dans un pays en guerre.
Un récit dépaysant et très enrichissant à découvrir !

Un grand merci à Babelio et aux éditions KERO !




Lien : http://0z.fr/7GwRe
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Curieux, voyageurs et aventuriers, à vos marques... lisez : les Cavaliers afghans sont fait pour vous !
Je me rappelle avoir eu de très forts désirs d'aventure à la lecture de deux livres, « Les Cavaliers » de Kessel et « Un petit tour dans l'Hindou Kouch » d'Eric Newby : je n'avais qu'une envie, m'envoler vers l'Afghanistan, le Nuristan et l'Hindou Kouch pour découvrir des contrées splendides et des peuples hospitaliers… las, la guerre est passée par là et le tourisme est fortement déconseillé en Afghanistan, à fortiori pour une femme.
Louis Meunier est passé outre les menaces qui pesaient sur les touristes occidentaux et a décidé d'aller au bout de son rêve, celui de devenir un « tchoppendoz », c'est-à-dire un cavalier expert au jeu du « buzkashi », le sport national afghan.
Grosso modo, vous mettez sur un terrain un tas d'étalons quasi sauvages montés par des fous furieux prêts à en découdre, vous jetez au milieu la dépouille d'un animal, veau ou chèvre et vous attendez que cavaliers et montures s'étripent pour attraper la bestiole qui peut faire 50kg, faire le tour d'un mât et jeter la bestiole dans un cercle dessiné par terre. Bon, là évidemment, je force le trait, mais le buzkashi est au polo ce que la soule est au rugby, autrement dit un jeu sauvage et dangereux, où cavaliers et étalons rivalisent de force, de vitesse et de témérité. Et évidememnt, c'est beau ! Il suffit pour s'en persuader de revoir les extraits du film adapté des Cavaliers avec Omar Sharif.
Louis Meunier, donc, grand amateur de chevaux était, comme beaucoup, fasciné par le roman de Kessel, mais là où il s'est distingué du vulgum pécus, c'est qu'il a décidé de partir en Afghanistan pour une ONG, son diplôme en poche, afin de découvrir le pays qui le hantait. Et on peut dire qu'il a de la suite dans les idées car il aura fallu pas moins de trois séjours avant de réaliser son rêve, celui de devenir tchoppendoz.
Car entre Kessel et Ben Laden, il y a eu l'invasion russe, la guerre civile, la prise de pouvoir des Talibans et l'intervention de l'Otan, autant dire que l'Afghanistan n'est plus le même que celui de Kessel.
Mais Louis Meunier ne se laisse pas arrêter par les dangers, les attentats, ou les innombrables difficultés qui jalonnent son entreprise : plusieurs fois mis en échec, il ne renonce pas et finira par réaliser son rêve.
J'ai beaucoup aimé ce livre qui nous livre un témoignage extrêmement vivant de l'Afghanistan contemporain, qui n'est pas que, comme l'écrit Louis Meunier, le pays de l'opium, des burqas et des Talibans, mais aussi un pays de contrastes, un pays sauvage et beau, un pays malgré tout hospitalier et séduisant.
Et si Louis Meunier n'est pas Kessel il nous livre un livre passionnant et j'ai pris beaucoup de plaisir à lire son aventure (même si il fait abstraction du sort réservé au femmes dans ce pays).
Merci à Babelio, à la masse critique et aux éditions KERO.
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critiques presse (1)
LePoint
21 octobre 2014
Pourquoi le lire ? Parce que l'aventure est belle, modeste, lucide, sincère. Parce que sous la plume de Meunier, l'Afghanistan n'est pas un pays, c'est un royaume. Ce n'est pas juste une terre de talibans, d'opium ou de burqas, c'est "l'Avshvagan", littéralement en persan "terre des chevaux". Parce que, entre l'histoire et la légende, il a choisi la légende, et que ça fait du bien [...].
Lire la critique sur le site : LePoint
Citations et extraits (24) Voir plus Ajouter une citation
J'ai de la chance , je suis né du bon côté de l 'Histoire : les américains sont considérés comme des libérateurs parce qu'ils ont mis un terme au règne infâme des talibans. Pourtant c'est grâce au soutien des États Unis que le mouvement a vue le jour en 1994 et qu'il s'est ensuite étendu rapidement à tout le pays. Lorsque les talibans ont pris Kaboul , en 1996, la secrétaire d'Etat Madeleine Albright a déclaré que « c'était un pas positif ». En effet, les États Unis considéraient le pays comme une pièce centrale de l'échiquier énergétique centrasiatique et, à leurs yeux, ce gouvernement était le plus à même de leur permettre d'acheminer le gaz et le pétrole en provenance du Kazakhstan et du Tourkménistan. C'est seulement lorsque Al-Qaida a lancé ses avions contre les Twin Towers que George W.Bush a soudainement désigné l’Afghanistan comme le foyer de l'axe du Mal.Mais tout cela la majorité des Afghans l'ignore.
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Nous arrivons au village de Shahi sur des chevaux hennissants et ruisselants de sueur, faisant fuir dans toutes les directions des femmes drapées de couleurs. Un paysan de retour des champs nous aborde :
--- Soyez mes invités, je ne vais pas laisser des voyageurs dehors un soir d'Aïd !
Notre hôte s'appelle Iskander.
--- Iskander est le prénom du grand conquérant qui balaya la région et qui fonda le royaume de Bactriane, explique-t-il.
--- Alexandre le Grand ? C'est votre ancêtre ?
--- Peut-être !
--- Iskander est aussi le nom d'un missile russe, réponds-je
--- Je n'ai pas de lien avec celui-là, il n'est pas encore passé par ici, me dit-il.
p 192
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- Combien coûte une femme en France ?
- Rien, le mariage est gratuit mais deux époux doivent être consentants.
- Alors les femmes sont gratuites ?!
- Disons plutôt qu'elles ne sont pas à vendre. La femme est libre, elle a les mêmes droits que l'homme.
- Quelle étrange coutume... Les femmes sont très chères ici : vingt-cinq mille afghanis -cinq cents dollars, ou cinq kilos de tariak !
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Le ravitaillement en essence pour les camions est également un casse-tête car il faut passer commande auprès d'entreprises installées au Turkménistan et en Ouzbékistan. Cette mission complexe est confiée à Doctor Païram, un homme dont la réputation provient de son talent à déterminer la pureté d'une essence en y trempant les lèvres. Il n'a pas son pareil pour débusquer les truands qui coupent le carburant à l'eau pour en augmenter le volume. De temps à autre, Païram est appelé pour une urgence médicale et sa fonction de docteur reprend le dessus. Un tablier noir de taches d'huile autour de la taille et les mains pleines de cambouis, il accourt alors au chevet du malade pour une perfusion salvatrice.
p 50
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Et puis on dit que l'humanitaire est plein de bonnes âmes qui s'engagent autant pour sauver les autres que pour se sauver elles-mêmes. Je ne faisais pas exception.
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Vidéo de Louis Meunier
Louis Meunier présente son recueil de nouvelles "Si haute soit la montagne".
Les montagnes d'Orient sont le théâtre de mille et une histoires. Il y a ceux qui veulent en dompter les sommets, ceux qui tentent d'y survivre, ou ceux qui cherchent à les fuir. Dans la peau d'une alpiniste, d'une panthère, d'un berger ou d'un caravanier, Louis Meunier nous conduit des monts irakiens aux confins de l'Afghanistan, des lignes de crêtes du Pamir aux versants de l'Himalaya.
Saisie par une plume poétique, la beauté sauvage des montagnes, sublimes et impitoyables, répond à la brutalité des existences.
Un extrait à lire sur : https://calmann-levy.fr/livre/si-haute-soit-la-montagne-9782702184196
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