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Critique de Erik35


À L'ARRACHE...!

C'est sur le mode de la poursuite infernale que nous retrouvons Valerian, Laureline et leur petit protégé - insupportable, certes, mais pas imbécile, comme le pouvait être son involontaire avatar tintinesque - ce Califon qu'ils ont précédemment arraché aux griffes de ces pseudo-Men in Black dénués de scrupule, cyniques et mortifères que sont les représentants du "Quatuor Mortis". Ces malfaisants, jouant du jeu de mot musical plus ou moins douteux à tour de réplique, en ont toujours après nos trois fuyards désarmés. C'est qu'ils tiennent fermement empocher la récompense monstrueusement indécente promise par l'infâme papa Calife : voila pour l'essentiel du ressort narratif de ce dix-septième volet de la série, inséparable, comme vous l'aurez compris de l'opus précédent.

«L'Orphelin des Astres est une sorte de mise en boîte des moeurs de la côte ouest des Etats-Unis, ses grandes universités et son industrie culturelle» confie Pierre Christin lorsqu'on l'interroge sur cet album. Certes, oui, sans doute, peut-être, crucial et palpitant, non...? Euh... NON ! (En tout cas, votre serviteur se réserve le droit de se ficher de ces attendus critiques comme d'une guigne).

C'est vrai qu'on y croise un étudiant (très) attardé car obligé de travailler à mi-temps, des professeurs aussi inutiles que prétentieux et qui dispensent des cours qui frisent le superfétatoire (rien moins !) et le verbeux. Tout aussi vrai cette rapide et critique plongée dans le monde de "l'entertainment" à la mode hollywoodienne, même si cela se passe ici aux confins de l'univers fictif. On y croise un certain Ty Koün IV qui n'est autre qu'une caricature de ces fameux tycoons d'antan. On y aperçoit même un certain scénariste qui, trompe digne d'un fourmilier mise à part, ressemble trait pour trait à un certain... Pierre Christin !

Tout ces éléments narratifs, c'est vrai, on les croise planche après planche, mais cela suffit-il à faire une bonne histoire, un album de référence, un titre dont on se souviendra longtemps après sa publication ? Personnellement, nous en doutons fort ! Bien évidemment, nos deux auteurs sont doués et roués. Après une vingtaine d'année de collaboration souvent fructueuse, inutile de chercher les faiblesses de structure, les incohérences majeures : la machine est bien huilée et ce Valérian, c'est une petite affaire qui roule. Qui roule, oui, mais pour quel but, si ce n'est cette impression sourde et désagréable de grand vide conceptuel ? Ça trépide tellement tout au long de cet Orphelin des Astres qu'on en finirait presque par oublier la puissance de feu de ces bons vieux Valerian des années précédentes, aussi bien menés, drôles mais tellement plus profonds, tellement plus acides et subtils. N'évoquons même pas le dessin génial de Jean-Claude Mézière : il n'en subsiste ici plus qu'une ombre auto-parodique où, n'était le travail que cela demande malgré toutes les apparences, on croirait pourtant que l'illustrateur s'est contenté de déposer quelques traits, souvent grossiers, en suspens sur la feuille, charge au coloriste de se débrouiller avec !

Tant et si bien qu'à la fin de ce dix-septième opus nous vient une évidence : de ces Valerian-là, on se sent Orphelin... Désastre ! On craint le pire pour la suite, espérant tout de même que c'est le seul album de la célèbre série avec lequel on se sera - et copieusement - ennuyé.

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