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Critique de audelagandre


Alex Michaelides a fait une entrée remarquée dans le thriller psychologique en février 2019 avec « Dans son silence » (voir le lien vers ma chronique en fin d'article). Quand un roman obtient un tel succès, il n'est pas facile de relever le challenge une seconde fois, en proposant, à nouveau, un thriller psychologique. « Les Muses » met en scène une psychothérapeute, Mariana, appelée au secours de sa nièce étudiante à Cambridge. le cadavre d'une jeune fille sévèrement mutilée a été retrouvé près de l'école. Mariana, très fragile psychologiquement, puisqu'elle vient de perdre son mari mort noyé lors de leurs vacances, décide de se rendre à Cambridge pour soutenir sa nièce Zoé. D'origine grecque, elle rencontre sur le campus un professeur qui enseigne le grec ancien. Ce dernier, très charismatique, intrigue Mariana. Lorsqu'elle apprend qu'il a créé un groupe appelé les Muses, assemblage d'étudiantes triées sur le volet, en adoration devant le mâle savant auquel il donne des cours privés, elle le place immédiatement dans la liste des suspects. Quand un second cadavre est retrouvé, le doute n'est plus permis : Edward Fosca est le coupable qu'il faut parvenir à démasquer.

Avant de vous dire ce que j'ai réellement pensé de ce second opus, je voudrais redire ici qu'un avis de lecture est personnel et que ce qui fonctionne avec les uns ne fonctionnera peut-être pas avec les autres. À mon sens, et c'est mon avis, que vous pourrez confirmer ou infirmer, le schéma narratif choisi est exactement le même que celui de « Dans son silence ». Pour les gros lecteurs de ce genre d'ouvrages, suspicieux dès le départ, intuitifs ou à la recherche de tous les indices que laisse l'auteur, appelez ça comme vous voudrez, les ficelles de l'intrigue sont rapidement dénouées. Ainsi, aux environs du premier quart, j'ai échafaudé une esquisse de scénario. Même si je ne savais pas pourquoi ni comment, mes pronostics se sont révélés exacts. Il aura donc fallu terminer ces 372 pages pour comprendre le tissage de l'histoire, alors que j'avais depuis longtemps répondu à la question qui ? Il faut dire que certaines « incohérences », et/ou « insistances » m'avaient mis la puce à l'oreille, grâce ou à cause de la construction de « Dans son silence ». Que dire de la fin sans être trop grinçante ? Nous sommes en plein psychodrame lors d'une scène tellement téléphonée que le pire des cinéastes ne s'y risquerait pas : vive les lieux communs bien commodes et sans ambition où le lecteur exaspéré est abandonné sur le bord du chemin avec ses questions laissées sans réponses. Comme je vous l'ai dit plus haut, je savais qui, mais pas pourquoi… L'explication finale n'est pas piquée des vers, accrochez-vous. le plan déroulé est un non-sens total. Je ne peux pas développer ici mon argumentation, mais en gros, le roman se finit en queue de poisson, avec deux références à « Dans son silence » qui ne peuvent pas parler à ceux qui ne l'ont pas lu. Pour mémoire, Mariana est psychothérapeute. Dites-moi si vous avez l'impression qu'elle a fait son boulot dans cette fin ? Ça, c'était pour la trame, ce n'est pas fini.

« Les Muses » mêle psychologie et mythologie. L'idée est intéressante, mais il manque un supplément d'âme pour y croire tout à fait. Elle aurait pu passionner si l'écriture avait suivi… Malheureusement, le style est ampoulé, ronflant et très/trop théâtral. Certes, j'ai appris des choses (mes connaissances en mythologie sont faibles), mais j'ai eu un peu l'impression qu'on me les rentrait dans le crâne à coup de massue. Et les dialogues alors ? Pompeux, ennuyeux, sans saveur et tout sauf naturels. (c'est véritablement là que réside le problème) C'est précisément ce manque de naturel qui m'a posé problème chez Mariana, ou plus tard chez Zoé. Comme si, les réflexions que se font les personnages féminins sont à des années-lumière de ce que pense une femme saine d'esprit. J'ajoute qu'il y a dans ce livre des idées très dérangeantes du type : démontrer une corrélation entre intelligence et traumatisme « Pourtant, en dépit de tous ces traumatismes, Henry était doté d'une intelligence remarquable et pendant un moment il avait semblé qu'elle suffirait à le sauver. » Puis, plus gênant, affirmer que les psychopathes se créent dans l'enfance à cause de divers traumatismes, d'un manque d'amour ou de la perte d'un parent est assez limite. (Je dois être une psychopathe refoulée !) Enfin, le traitement d'une thématique précise à la fin est très très malaisante.

D'une manière générale, je n'ai ressenti aucune empathie envers les personnages. Mariana a de sacrés problèmes non résolus avec elle-même. de plus, sa « crainte » mainte fois évoquée à l'égard de la gent masculine démontre un sérieux problème mental. C'est bien simple, elle suspecte TOUS les hommes qu'elle rencontre d'être des serials killers en puissance. du coup, je remets totalement en cause la façon dont elle exerce son métier, et, forcément sa crédibilité.

Je m'arrête là même si j'avais encore beaucoup de choses à dire. Je vous invite à vous faire votre propre opinion et aussi à lire le premier ouvrage de l'auteur qui était tout à fait jubilatoire.

Lien : https://aude-bouquine.com/20..
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