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Critique de emmyne


emmyne
02 septembre 2012
Malgré cette présentation qui situe exactement le contexte, celui-ci n'apparaît pas de façon descriptive. Stéphane Michaka n'a pas écrit un roman américain, ni une biographie romancée, encore moins une hagiographie. Il n'est pas nécessaire d'avoir lu les nouvelles ou les poèmes de l'écrivain Raymond Carver pour être littéralement happé par ce livre, même si, après lecture, vous ne pourrez résister à la rencontre.

Ciseaux est une fiction. Stéphane Michaka dépasse son sujet pour raconter un écrivain, l'écrivain, ses relations à l'éditeur, à ses livres, ce qu'ils deviennent et ce qu'il devient quand ils ne lui appartiennent plus, ses relations aux femmes, à sa famille, à l'écriture, ses passions et ses douleurs qui le portent, son espérance désespérée. Il raconte un homme, un auteur, qui essaie de s'en sortir. Avec tout ça.
Parce qu'il n'écrit pas autre chose, cet auteur-là, à travers ses nouvelles dans lesquelles son regard aigu et sa plume incisive s'immiscent dans le brut d'une vérité sans en imposer le sens ou la sentence. Il cherche à raconter. A travers lui, nous. Et c'est peut-être cela le véritable talent, la puissance d'un auteur : trouver les mots au creux de lui pour dépasser le motif intime. Ce que fait Stéphane Michaka à son tour.
Son écriture est toute aussi sensible, perspicace, percutante et prenante. La force des sentiments, de tout ce qui affleure en retenue malgré le choix du ton direct et de l'oralité donne des frissons. On y retrouve les accents de Raymond Carver, cette profondeur à la fois cynique et tendre, si justement et cruellement humaine, sans concession, sans jugement. Les émotions et les paroles y sont souvent violentes, dérangeantes mais vraies, et pire encore, parfois drôles. On y lit les histoires d'amours aussi. Toujours.
La narration dans ce roman s'enchaîne chronologiquement en voix réinventées. D'autres prénoms, pas de chapitres, des monologues, des conversations, des lettres. Tous prennent la parole, se dévoilent et se mêlent. Et dans ce récit polyphonique, les mots écrits, une mise en abîme saisissante, vertige et virtuosité littéraires : Stéphane Michaka parvient à nous rendre l'homme et l'oeuvre en insérant dans son roman des nouvelles pour relater certains épisodes de la vie de Raymond Carver dont les titres, le style, les moments et les personnages relèvent parfaitement de l'univers de l'écrivain américain.

« On appelle cela de la fiction, mais on oublie qu'il y a des gens derrière. On oublie les éléments de la fiction. »

Stéphane Michaka était un écrivain prometteur. Avec Ciseaux, il tient toutes ses promesses.

Lien : http://www.lire-et-merveille..
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