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Critique de gerardmuller


Des grives aux loups. Tome II : Les palombes ne passeront plus. Claude Michelet
On retrouve dans cette seconde partie qui commence au début des années 30 Pierre-Edouard Vialhe , un homme épanoui, la quarantaine, qui s'est réconcilié avec son père Jean-Edouard. Marié à Mathilde la soeur de Léon Dupeuch son ami d'enfance, maquignon réputé et craint dans toute cette région de Corrèze, il a trois enfants, Jacques âgé de dix ans, Paul huit ans et Mauricette cinq ans. Plus tard, en 1932 naîtra le petit dernier, Guy.
Pierre-Edouard travaille dur pour faire fructifier ses terres plantées de froment, d'escourgeon, de pruniers et de noyers, ainsi que son bétail. le petit village de Saint-Liberal a bien perdu de sa population car l'exode rural a déjà commencé, mais ces hommes-là aiment leur terre et ne céderaient pour rien au monde ces vieilles pierres où courent silencieux les rapiettes, ces petits lézards pétricoles vifs comme l'éclair, au milieu des buissons où s'égaillent les traquets, les pouillots et les fauvettes, et où les huppes leur répondent de leur lancinante mélopée, blotties parmi les orchis, les viornes et la résille blanche des oenanthes.
C'est l'époque de l'électrification des campagnes et les travaux d'aménagement sont en cours : Saint-Liberal sera bientôt relié au réseau.
La grande nouvelle en ce mois d'avril 1930, c'est l'annonce par Léon, célibataire endurci, de son mariage prochain avec une fille de Brive que personne ne connaît. Lui qui de tout temps a toujours préféré la femme des autres aura bientôt la sienne ! L'annonce est faite au café tenu par Suzanne qui passe chez les femmes du village pour une dangereuse et perverse femelle ! L'heureuse élue s'appelle Yvette et est issue d'une famille très riche.
Nous arrivons en 1932 et la famille Vialhe se voit s'agrandir avec la venue d'un troisième garçon, Guy. C'est le début d'années difficiles avec ma mévente du blé. Une grave crise frappe le monde rural. Pierre veut renoncer à emblaver pour remplacer le blé par du tabac dont les cours n'ont pas chuté. le village se dépeuple encore davantage et le découragement, le scepticisme et l'amertume se font jour au sein de la population. Les soirées sont moroses autour du cantou des Vialhe malgré l'arrivée de l'électricité et du petit Guy.
Pour rentabiliser les cultures Pierre est contraint d'acquérir d'autres terres, avec un surcroît de travail. L'arrivée de Nicolas, un chemineau originaire des Balkans et en quête de petites besognes, est le bienvenu et seconde très efficacement Pierre et Mathilde. Nous sommes alors en 1933. le train ne passe plus ni l'autorail pour raison de rentabilité, l'exode rural s'étant encore accentué. Les crises politiques se succèdent à Paris et la monnaie a perdu de sa valeur d'où l'intérêt d'agrandir le domaine.
C'est aussi l'époque de retrouvailles : Felix le fils de Louise veuve d'Octave et soeur de Pierre – Edouard, et Thérèse sa jeune femme viennent à Saint-Liberal pour un moment de grande émotion après plus de vingt ans sans se voir.
de fenaison en fenaison, nous sommes en 1937. le Front Populaire de Léon Blum a fait long feu. La France s'enfonce dans la crise et les campagnes en sont les victimes collatérales.
Les temps de bonheur et les drames se succèdent au fil des ans dans la famille Vialhe tandis que l'amour de la glèbe continue d'animer Pierre-Edouard qui se demande si ses fils lui succèderont qui ne semblent pas éprouver une passion agreste démesurée. Beaucoup de tendresse et d'émotion aussi émanent de ces chapitres quand un membre de la famille est en difficulté.
le premier septembre 1939 voit l'entrée en Pologne des Allemands et la mobilisation générale. Saint-Liberal va devoir vivre au rythme de la guerre. Tous les épisodes bien connus vont frapper le village et parfois diviser la population : qui pour Pétain, qui pour De Gaulle, qui résistants, qui brigands, et puis entendre parler des 99 pendus de Tulle par les Nazis en guise de représailles.
Les années passent et les enfants grandissent en s'affirmant selon leur caractère, Jacques, Paul, Guy et Mauricette. La dynastie Vialhe résistera-t-elle au conflit des générations ? Les terres amoureusement cultivées par Pierre-Edouard séduiront-elles au moins un des fils qui sont troublés par les lumières de la ville ? Les parents sauront-ils accepter le modernisme qui séduit les enfants ? Autant de questions dont les débats animent les soirées de la famille installées auprès de l'âtre dans le cantou.
L'auteur tout au long de cette seconde partie, peut-être encore plus que dans la première, sait nous faire aimer la famille Vialhe tant et si bien qu'on a l'impression de les avoir toujours connus et qu'ils font partie de notre famille. Toutes les pages de ce roman parlent au coeur, jusqu'en 1968, terme de cette seconde partie.

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