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Critique de Rodin_Marcel


Midam (pseud de Michel Ledent – scénario et dessin) Angèle (couleurs) – "Kid Paddle : slime project" – Mad-fabrik, 2012 (ISBN 978-2-9306-1827-2) – 45 p. format 30x22cm

L'un de mes petits fils se gavant de ces deux séries du même auteur, intitulées l'une "Kid paddle" et l'autre "Game over", je me suis décidé à y jeter un oeil : au fil des cinq ou six albums ainsi examinés, la colère n'a cessé de monter en moi.

L'auteur est un certain "Midam" (pseudonyme de Michel Ledent, issu de la mouvance BD franco-belge), collaborant avec une certaine "Angèle" pour ce qui concerne la couleur. Il s'agit d'albums créés à la chaîne, sans originalité, reprenant inlassablement un nombre de gags limités et déjà éculés : pour ne prendre qu'un exemple, le coup des deux mioches se superposant en sa cachant dans un grand imperméable pour tenter d'entrer dans un cinéma en grugeant le caissier est ici repris et usé jusqu'à la corde au fil des albums.

le dessin est laid, bourré de stéréotypes, révélant un manque criant d'originalité : les mêmes vignettes sont resservies sans scrupule planche après planche, l'auteur ne se casse pas trop la tête. Jusque là, rien de bien étonnant, d'autres BD de basse qualité en ont fait tout autant, il suffit d'évoquer les kilomètres de vignettes de "Garfield", tout aussi lassantes.

Considérons par exemple ce volume 13, intitulé "Slime project" .
La "philosophie" générale de cette BD est donnée dès la première planche, dans sa quatrième vignette : les trio de petites terreurs réunissant le "héros" Kid Paddle et ses deux acolytes prépare un nouveau produit dénommé "slime", devant lequel ce Kid s'extasie avec ces mots :

"c'est visqueux, c'est répugnant, c'est gluant... et ça ne sert à rien ! c'est génial"

Les deux dernières vignettes de cette même première planche illustrent un autre principe moteur de cette BD : les personnes âgées (le vieux voisin du dessous) sont par nature à moitié demeurées, il est donc "marrant" de les persécuter.
Le grand-père qui apparaît page 35 est (bien évidemment) à moitié gâteux, il est donc très drôle de détruire ses vieilles encyclopédies, qui n'incarnent après tout qu'un savoir (bien évidemment) dépassé, et de ridiculiser au passage (page 39) l'un des jalons de la BD pour enfant que fut le personnage de Babar.
Le racisme anti-vieux atteint aujourd'hui partout des sommets, l'auteur juge donc urgent de l'inoculer aux enfants.

Dans le prolongement de ce mépris de la vieillesse, les adultes présentés ici sont évidemment des crétins, à commencer par le père, en poursuivant par l'instituteur, le marchand de figurines hideuses ou encore le caissier du cinéma.
Notons qu'il ne s'agit que de personnages masculins (la mère est totalement absente de cette BD) : c'est aussi dans l'air du temps que de ridiculiser, jusqu'à destruction, ce qui fut le rôle paternel. La tendance est d'ailleurs fortement ancrée, il suffit d'évoquer la série des "Cédric" ou "Titeuf".

le héros Kid Paddle est un cancre (on baigne dans les lieux communs), obnubilé par les jeux vidéos de destruction, de violence, de laideur. Les filles ne sont que des chieuses ridicules (cf le personnage de Zara pages 10 à 13). L'auteur ne rate pas non plus le filon scatologique (pages 17, 41), voire carrément sanguinolent (page 43). Quant au filon des jeux vidéo, il est exploité jusqu'à la corde, en se limitant aux aspects les plus violents et les plus sordides de ce type de produit. Ce caractère fort répétitif marque d'ailleurs plus généralement ces albums.

En dehors d'un personnage qui serait la mère, on relève une autre absence systématique : les gamins mis en scène sont de purs produits du monde strictement urbain, sans aucun contact avec la ruralité.
C'est un point d'aboutissement de la civilisation européenne actuelle que de voir croître ce genre d'enfants de ce que la bien-pensance nomme "les grandes métropoles ouvertes sur le monde" (sic et re-sic !), qui ne connaissent vraiment plus rien à la vie animale ni à l'agriculture, qui feront d'excellents "écologistes" de salon, peuplant les bureaux de Bruxelles ou les plateaux de télévision.

du "petit Nicolas" à "Titeuf" en passant par "Cédric", le personnage du petit garçon cancre est l'un des thèmes récurrents de la BD ; jusqu'à présent, ils avaient des côtés sympathiques, et cherchaient plus ou moins à "bien faire". Plus rien de tel ici, le petit caïd terrorise – ou rêve de terroriser – son entourage, ce qui est censé être drôle.

Heureusement, il ne s'agit que d'une représentation de l'enfance propre à cet auteur, et ne correspondant pas à la réalité, comme je puis le constater quotidiennement grâce à mes six petits-enfants (trois filles, trois garçons).
Il est tout de même consternant que certains adultes comme ce dessinateur se représentent l'enfance de cette façon, il est encore plus consternant de voir que ces BD idiotes connaissent hélas un succès commercial systématiquement organisé...

Horreur : j'ai purement et simplement confisqué ces imbécilités, avec moult explications qui ne furent guère écoutées, mais en offrant d'autres ouvrages, dont les excellentissimes romans d'Anne Laure Bondoux.
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