Citations sur Les Moujiks : La France dans les griffes des espions .. (6)
Avec 10,7 millions de soldats tués et 15,9 millions de vic- times civiles, l'Union soviétique est le pays qui a payé le plus lourd tribut de la Seconde Guerre mondiale². De loin.
2. La Fédération de Russie s'approprie les morts soviétiques. Il convient de noter que parmi les Soviétiques se trouvaient alors des peuples aujourd'hui indépendants. Pour ne prendre que quelques exemples : 260 000 Lettons, 6,8 millions d'Ukrainiens ou encore 2,2 millions de Biélorusses. Ces trois nations ont ainsi perdu respectivement 14, 16 et 25% de leur population. Ces données sont des estimations, qui font l'objet de nombreux débats d'historiens. Les chiffres retenu ici sont ceux de l'historien Vadim Erlikman
Je doute de parvenir à rentabiliser un tel déplacement. Le contexte reste intrigant : la mémoire n'est pas l'histoire. Elle est souvent utilisée pour relire notre passé et nourrir les décisions politiques actuelles. Elle a une force colossale: elle est moins clivante qu'une franche discussion politique et mobilise autour de symboles et de mythes. Il peut parfois être difficile de la remettre en question. Qui pourrait refuser d’honorer les morts? Les Russes le savent parfaitement et manipulent cette matière riche en émotions.
« Bonjour, je travaille au ministère de l'Intérieur. Je souhaite vous rencontrer à propos de quelqu'un que vous connaissez. Je peux juste vous dire qu'il vient de l'Est. »
« Bonjour, je m'appelle Serge. Je suis attaché militaire à l’ambassade de Russie. Je cherche à rencontrer du monde et à mieux connaître Paris. »
La trentaine, les cheveux courts, un visage rond et un sourire poli, Sergueï Solomasov me tend sa carte de visite. Une simple adresse Gmail avec son nom. Étonnant pour un officiel. Il donne l'impression d'être un peu égaré, comme mal à l'aise dans un costume-cravate qu'il ne semble pas habitué à enfiler. Son français est correct mais hésitant, truffé de maladresses et teinté d'un accent russe attachant. Lorsqu'on lui sourit, il se laisse facilement emporter par un rire de poitrine, sonore.
La communication du Kremlin, multipliant les mensonges et les contre-vérités depuis des années, a contribué à semer un chaos informationnel généralisé. Les différents acteurs du pouvoir coordonnent leurs efforts, au moins depuis l'invasion de l'Ukraine en 2014, pour fragiliser l'un des rouages essentiels des démocraties libérales: l'accès à une information pluraliste et libre.
C'est l'ingrédient fondamental de la guerre de l'information menée par Moscou, jusqu'à aujourd'hui : une pincée de doute.