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Critique de Presence


En 1884, Edward Grey intervient à bord d'un navire pour mettre un terme à l'existence d'Epke Vrooman, un sorcier de mauvaise réputation. En 1981, Trevor Bruttenholm récupère un morceau du journal intime d'Edward Grey qui indique où le bateau a sombré et qu'à bord se trouve une dague mythique "Lipu". Malheureusement, Hellboy est en vadrouille avec l'archéologue Anastasia Bransfield. Il fait donc appel à un nouvel agent qui n'a jamais accompli de mission sur le terrain : Abe Sapien. Ce dernier doit se rendre à l'île de Saint Sébastien, accompagné par 3 agents Pratt (clin d'oeil au créateur de Corto Maltese), Hampton (clin d'oeil au peintre de comics, Simon Dark par exemple) et van Fleet (un autre peintre de comics, un épisode dans L'héritage maudit par exemple). Abe Sapien et van Fleet plongent sur les lieux du naufrage et ne tardent à affronter une pieuvre géante et une murène géante. Pendant ce temps là, des manifestations surnaturelles mettent en péril les vies des habitants de l'île. Une étrange vieille femme semble en savoir très long et manipuler les événements.

Le personnage d'Abe Sapien est apparu pour la première fois en 1994 dans la première minisérie d'Hellboy, Les germes de la destruction. "La noyade" est paru en 2008 et peut être lu indépendamment de la continuité d'Hellboy ou de celle du BPRD. le scénario de cette histoire a été écrit par Mike Migonla, le créateur du personnage. Il a choisi un mode narratif plutôt décompressé, où l'histoire n'est pas très dense (il ne m'a pas fallu longtemps pour lire ce tome) et où les illustrations ont la part belle pour raconter l'histoire. Abe Sapien (encore vert derrière les ouïes) patauge face à des êtres surnaturels dont l'objectif ne lui apparaît pas tout de suite et en plus il rencontre une inconnue dans l'équation : la vieille femme qui semble bien mieux maîtriser la situation que lui. Donc au niveau du scénario, Mignola ballade son lecteur d'apparition en apparition avec quelques affrontements, une révélation du mystère à l'avant dernier chapitre et un dernier combat qui met fin à la menace.

L'histoire est illustrée par Jason Shawn Alexander qui a également mis en image une histoire d'Hellboy dans L'homme tordu. Il utilise une mise en page à base de rectangles avec généralement de 3 à 5 cases par page. Il conçoit les scènes d'action comme des juxtapositions des positions les plus cinétiques des personnages, plutôt que comme un découpage vraiment cinématographique. Cela donne donc une suite de clichés pris sur le vif avec des cadrages à chaque fois différents pour des séquences qui multiplient les points de vue ce qui leur donne une grande vitalité. Pour la représentation des personnages, il marrie de façon fort originale des traits très fins pour délimiter les contours des silhouettes avec des encrages assez appuyés pour les ombrages, les marques des visages et es plis des vêtements. Cela donne des visages assez creusés et clairement adultes, on est loin des visages lisses et identiques pour chaque personnage. Par contre, son mode de représentation ne lui permet pas de rendre les subtilités des expressions sur les visages. D'un autre coté, comme la moitié du tome se déroule entre monstres, ce n'est pas si gênant que ça. Coté décors, il s'agit d'une bonne surprise : Jason Alexander Shawn a l'art de représenter le détail exact qui rattache un lieu ou une pièce à des éléments très concrets et très réalistes sans alourdir le dessin. Au fil des pages, le lecteur peut ainsi apprécier la texture des planches d'un navire, les piles d'ouvrages dans le bureau qui sert de chambre à Abe Sapien, les tuiles sur les toits des maison, le cuir de la combinaison d'Abe Sapien, etc.

Au final, la lecture de ce tome m'a un peu déçu pour le coté froid des illustrations qui installe une certaine distance avec les personnages et ne permet pas une réelle empathie lors de leurs aventures. le deuxième point qui m'a chagriné est que l'histoire n'apporte pas grand-chose à la mythologie développée dans les séries Hellboy et BPRD (si ce n'est la mention très rapide de la déesse noire), ni au personnage d'Abe Sapien. Mignola prend soin de le mettre dans une situation où il doit confronter ses doutes sur sa capacité à être un agent de terrain, mais ce point là est vite évacué pour l'action puisse reprendre son cours. Il manque vraiment le petit plus qui fait que les autres séries sont inoubliables : des personnages plus développés et des monstres qui sortent de l'ordinaire.
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