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Critique de meeva


- Tiens Thomas, tu as un Alex P. en 6ème. Moi, en 4ème, j'ai un Alexandre P. Ils sont cousins ?
- Ah, ben non, Alex est le petit frère d'Alexandre.
- Hein ? Quoi ? Pas possible !
- Ah, si ! Bah quand tu vois le grand, tu comprends qu'ils aient été déçus. Quoique à moins de trois ans, ça devait pas encore trop se voir, qu'il était raté Alexandre.
- T'es horrible ! Arrête…
- Euh, t'es sûre que c'est moi qui suis horrible… C'est que des blagues hein… des sales blagues mais comme on dit « mieux vaut en rire qu'en pleurer », parce qu'il y a de quoi en pleurer parfois…
- Et s'ils en avaient un troisième, tu crois qu'ils l'appelleraient comment ? al ?



Alice Miller parle ici, en 1991, des mauvais traitements que nous nous voyons infliger enfant, qu'ils soient physiques ou psychologiques et que nous refoulons.
Elle explique que ce refoulement est une question de survie, enfant, car nous ne saurions faire face à un tel traumatisme à ce moment-là, étant entièrement dépendants de nos parents.
Elle donne en exemple sa propre enfance où sa mère passait des journées entières sans lui adresser la parole, pour prouver son pouvoir absolue sur elle et la contraindre ainsi à l'obéissance.

Alice Miller explique qu'une fois à l'âge adulte, ce refoulement ne nous permet pas de nous débarrasser de la colère et de la haine accumulée, et que celles-ci se reportent alors sur nos propres enfants, de manière inconsciente.
Selon elle, il est donc nécessaire d'abattre le mur du silence construit pour cacher les traumatismes de notre enfance, avec l'aide de témoins lucides, afin de s'en libérer et d'éviter de perpétuer les actes de violence sous couverts d'éducation, de religion, voire de science.

Alice Miller critique dans son livre les psychothérapeutes, en particulier les psychanalystes. Elle a quitté en 1988 la Société psychanalytique helvétique et l'Association psychanalytique internationale.
Elle cite Freud, Jung, Adler comme étant à l'origine de théories erronées, présentant par exemple la méchanceté comme innée chez l'être humain, méchanceté qu'il est donc nécessaire de dompter.
Les psychothérapeutes prônent donc le pardon et l'oubli quant aux mauvais traitements de l'enfance.

Il en est de même de la religion, qui présente le mal comme faisant partie de l'homme, et non comme une conséquence de son vécu.

Et plus récemment, certains adeptes de ce genre de théories se reportent sur la science, cherchant à justifier la méchanceté, la violence, la délinquance par une prédisposition génétique.


Alice Miller évoque dans ce livre les conséquences de ces mauvais traitements infligés aux enfants et de leur non prise en compte, de leur refoulement à l'âge adulte.
Les guerres, les tyrans, dictateurs, sont d'abord des enfants victimes de mauvais traitements, qui n'ont pas su ou pas voulu devenir autre chose à l'âge adulte.
Elle donne en exemple Hitler et Ceaucescu.

Alice Miller mentionne aussi les attaques contre le droit à l'avortement. Elle indique que tous les enfants gravement maltraités sont des enfants non désirés.

Alice Miller cite une méthode permettant de donner accès à son histoire personnelle de manière progressive et non traumatisante : la méthode Stettbacher.
Cependant, elle ne décrit pas cette méthode ici. Il semble donc que pour être renseignée sur le sujet, il faut lire « Quand la souffrance a un sens », paru en 1991 également.

Pour elle, il est indispensable et prioritaire de lutter contre les violences subies par les enfants, car le fait que celles-ci soient reconnues comme des crimes (comme en Suède), même s'il ne permet pas l'abandon de toute violence, permet aux enfants de rompre le déni de ces mauvais traitements et de moins en faire subir eux-mêmes à leurs propres enfants, améliorant la situation petit à petit, au fil des générations.


Elle dénonce le fait de demander de pardonner à ses parents et prône plutôt l'expression d'une haine maîtrisée.


Malheureusement, au contact des adolescents, trop souvent l'on pressent que ces mauvais traitements sont fréquents.
Que de fois l'envie me prend de crier à ces gens « non, il n'est sûrement pas né comme ça », le comme ça étant tour à tour « fainéant », « immature », voire même « nul », « intenable ».
Et à entendre ce qui est dit, comme l'on craint tout ce qui n'est pas dit…

Et après la lecture de ce livre, il persiste la grande et angoissante question :
« Suis-je concernée personnellement par tout cela, c'est-à-dire ai-je des raisons de refoulement dans mon enfance et donc dois-je m'inquiéter et me préoccuper de cela davantage ? »



Evidemment, ce qui me trotte dans la tête en écrivant la critique, tout à fait adapté finalement, surtout en revoyant cet excellent clip :

“We don't need no education.
We don't need no thought control.
No dark sarcasm in the classroom.
Teacher leave the kids alone !
Hey teacher leave the kids alone !

All in all you're just another brick in the wall.
All in all you're just another brick in the wall !
[…]”

(extrait de “Another brick in the wall, The Pink Floyd :
http://www.youtube.com/watch?v=YR5ApYxkU-U)
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