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Critique de PatriceG


Il y a dans ma bibliothèque que je suis en train de remiser des livres que je n'ai pas lus ou que je n'avais pas lus, c'est le cas de celui-là : Insomnia ou le Diable en liberté écrit, il avait 75 ans passés, puisque l'histoire d'amour qu'il narre notre grand ami Henri, le plus français des américains lui est arrivée à cet âge. Oui je stocke comme ça des livres que je sais que je lirai un jour, le plaisir que j'ai de les avoir en bibliothèque est tout aussi fort que celui de la lecture puisque l'expectative que l'on fonde sur la lecture d'un livre d'un auteur qui nous fascine est peut-être le meilleur moment. Je ne le cultive pas : l'idéal étant pour moi bien sûr de les acheter chez le marchand quand ils sortent, quand il y a du tintamarre autour de ça, on a l'impression qu'il n'y a jamais trop de bruit et qu'il semble pour soi. Je conçois que même chez un auteur qu'on aime bien, il y a fatalement dans une oeuvre des livres qui sont moins bons comme chez Flaubert par exemple, mais je pense aussi à cause de cela qu'ils sont un poil en deçà en qualité dans une bibliothèque idéale où chaque livre est un enchantement et coche la case de l'intérêt tout particulier qu'on y porte. Mais venons-en vite à ce Diable en liberté.

Chez Henri Miller, quand une histoire généralement autobiographique, écrite de l'intérieur, est écrite d'une traite comme Jours tranquilles à Clichy par exemple, ça en fait un joyau littéraire de premier plan.

Il a consacré sur le tard des interviews qui ont fait l'objet de livres, il parlait comme dans un livre, avec une telle sagesse et une telle lucidité sur le monde que ça se buvait comme du petit lait. Rien qu'à l'écouter, on devenait bon par lui. Une culture diverse et variée amassée au fil de la vie ajoutée à l'expérience de la vie dont on n'a pas toujours rêvé caractérisent cette écriture si truculente, lyrique. Ici, on a enfin l'impression que cet homme âgé est un jeune homme qui a préservé son âme dans un décor parfois outrancier et impudique, voire hostile. Contre mauvaise fortune, bon coeur ! Ce qui lui arrive à cet âge n'est pas une parenthèse. on sait qu'Henri Miller a profité des dernières vingt années de sa vie qu'il a bien méritées et absolument pas comme un naufrage. il était reparti chez lui en Amérique, là où pourtant il fut prié de déguerpir quarante ans plus tôt pour avoir affiché dans son art avant tout le monde des choses crues sur le sexe avec une forme de poésie (ses fameux Tropique) et un détachement étonnant. Il nous livre une leçon fantastique de la vie avec une revanche sur le sort. Il a fait tout à contre-courant : combien d'autres se sont abimés dans l'épreuve de la vie, qui en sort indemne ?
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