AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Garoupe


Miroir et négatif en Capitale

La Province est, chez Richard Millet, un miroir aux alouettes dans lequel se reflète la capitale.
La Province est, chez Richard Millet, un négatif dans lequel on perçoit mieux qu'ailleurs les creux et les pleins de la capitale.

Miroir et négatif, la Province dans laquelle Saint-Roch, journaliste en désamour de la capitale, tente un retour aussi triomphal qu'anonyme, est dualité sous la plume très particulière de Richard Millet. le livre se lit et se vit comme un énorme souffle, avec peu de respirations, peu de moments de calmes : les phrases sont longues, très longues, alambiquées parfois mais avec une poésie et un rythme qui n'appartiennent qu'à peu d'auteurs.

Le roman de Richard Millet se veut, par des références on ne peut plus nettes, un grand roman balzacien dans ce qu'il a de descriptif des moeurs provinciales qui n'ont rien à envier à celles de la capitale. Miroir et négatif…

La Province concentre, exacerbe, démultiplie les travers de la capitale, ses évolutions, ses problèmes d'identité, de religion, d'origines, de places, de systèmes, de castes et de sociétés à plusieurs vitesses.

La capitale a ses bobos, la Province a ses bopros (bourgeois provinciaux). La Province reproduit, par jalousie ?, par fatalité ?, par désoeuvrement ?, tout ce qu'engendre la capitale de nivellement et de classification par couches sociales plus ou mois perméables. Miroir et négatif…

Richard Millet délocalise, régionalise son propos pour mieux montrer la préciosité des attitudes consistant pour la Province à tenter d'imiter à son corps défendant la Capitale et pour la Capitale à traiter de haut sa petite soeur. Et pourtant l'une ne peut vivre sans l'autre. Miroir et négatif…

Et puis Richard Millet ne parle pas que de ça. Si la vie provinciale est le sujet principal du livre, à travers les différents microcosmes locaux, s'il n'épargne pas les milieux germanopratins, s'il évoque les problématiques d'intégration et de religion, Richard Millet part aussi à la recherche des origines : les racines de chaque être humain qui puisent leur existence dans les liens familiaux et paternels. Les paragraphes sur la relation de Saint-Roch à son père sont parmi les plus beaux passages de ce roman.

Roman atypique tant par le sujet que par le style de l'auteur, cette « Province » est intrigante à plus d'un titre et laisse une trace indélébile, et pourtant involontaire il me semble, car chacun peut y puiser quelque chose à laquelle il eut se rattacher, se comparer, s'opposer. Miroir et négatif…

Lien : http://wp.me/p2X8E2-Jr
Commenter  J’apprécie          30



Ont apprécié cette critique (3)voir plus




{* *}