AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de coincescheznous


Il s'agit pour moi d'une lecture improbable, car je n'avais jamais entendu parler de l'auteure auparavant, encore moins de l'ouvrage. Mais ma grande soeur, psychanalyste, m'a chaudement recommandé cet ouvrage, en m'expliquant que l'intérêt n'était pas de tout comprendre mais d'en piocher des points qui résonnent… J'ai laissé traîner un temps, chargée d'une pile à lire sans cesse renouvelée. Puis, durant les vacances, je me suis laissé entraîner dans cette lecture atypique.

Alors qui est Catherine Millot, indépendamment du fait qu'elle a été la dernière compagne de Lacan, ainsi que l'une de ses disciples ? C'est une psychanalyste française, assez réputée, ayant écrit beaucoup d'essais, reconnue pour la fluidité de ses propos et sa capacité à écrire en « association libre », comme le veut le travail thérapeutique. Fondamentalement, je n'en sais pas davantage, n'ayant jamais rien lu de sa main et étant inculte en termes d'écrits psychanalytiques.

Un peu profond ruisseau fait écho à un vers de Mallarmé « Un peu profond ruisseau calomnié la mort ». En effet, Catherine Millot fait partie des malades du coronavirus du tout début de l'épidémie, soit au début du mois de mars 2020, avant même que le premier confinement ne soit prononcé. Hospitalisée, sous oxygène, elle vit une expérience unique dans un monde totalement étranger et apeuré face à ce virus inconnu. Ce monde complètement flippé dans lequel nous avons baigné où les malades étaient visités par les médecins en tenue de cosmonautes… À l'époque, Catherine Millot pense qu'elle va y passer, que la mort arrive. Étrangement, alors que la nouvelle n'est pas des plus réjouissantes, l'auteure se sent apaisée, proche de l'extase dans cette chute sans retour. Cet abandon la questionne : pourquoi tant de sérénité ? Certes, d'autres ont écrit sur le sujet, mais elle se sent interpellée.

En véritable psychanalyste, l'écrivaine revient sur son parcours. Dès sa naissance, elle pense avoir été victime d'une envie de mort de la part de ses parents. Puis, très rapidement, le médecin de famille l'a déclarée comme condamnée. Qui plus est, sa mère, adulte, n'a pas marqué d'attachement particulier à sa fille, au point de l'avoir laissée plus ou moins sciemment contracter la tuberculose (et donc y passer !). Vous l'aurez compris, l'auteure interroge son rapport à la mort, mais aussi également son rapport à sa mère, centenaire, toujours en vie, déclarée sur le chemin de la mort à plusieurs reprises mais toujours en vie cependant !

Il n'y a pas grand-chose à tirer de cet ouvrage, dans le sens où il ne répond pas à une interrogation générale. On suit ici le chemin de « travail » d'une femme sur son propre rapport à la vie, à la mort, à l'abandon et à la joie que l'on peut en tirer. Certains passages ont résonné chez moi en vertu de ma propre histoire, comme d'autres résonneront chez vous en fonction de la vôtre. Il reste toujours néanmoins une chose particulièrement intéressante : interroger son propre rapport à la grande faucheuse, de notre premier cri de nourrisson à aujourd'hui.


Jo la Frite

Lien : http://coincescheznous.unblo..
Commenter  J’apprécie          30



Ont apprécié cette critique (3)voir plus




{* *}