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Critique de FeyGirl


J'ai eu envie de lire ce livre, car le film Cloud Atlas qui s'en inspire m'avait beaucoup plu. Mais comment parler de ce livre ?

Pour commencer, il est bien écrit, et très bien traduit. J'ai pris un immense plaisir à le lire !

Ce n'est pas une, mais six histoires, qui se déroulent à des époques différentes, et qui sont écrites dans des styles eux aussi variés :
* première époque : nous lisons le journal que rédige vers 1850 Adam Ewing, jeune notaire de San Francisco qui traverse le Pacifique en bateau avec son ami le Dr Henry Goose. Dans un style très littéraire, le protagoniste prend conscience des injustices subies par certains peuples (roman historique).
* deuxième époque : nous découvrons les lettres écrites en 1931 par Robert Frobisher, jeune musicien déshérité. Anglais réfugié dans les Flandres pour échapper à ses créanciers, il se met au service d'un vieux compositeur reconnu (roman épistolaire mélodramatique).
* troisième époque : nous suivons l'enquête de Luisa Rey, jeune journaliste qui découvre un complot de grandeur ampleur, au cours d'un récit trépidant comme savent le raconter les Américains (polar).
* quatrième époque : de nos jours en Angleterre, nous nous amusons des catastrophes arrivant à Timothy Cavendish, éditeur misanthrope se retrouvant enfermé dans une maison de retraite par son frère encore plus filou que lui (comédie britannique).
* cinquième époque : dans une Corée futuriste inspirée de Philip K. Dick, nous assistons à l'interrogatoire de Somni~451, clone humain arrêtée et condamnée car elle menace cette société consumériste reposant sur l'esclavage des clones (science-fiction dystopique).
* sixième époque : dans un très lointain futur à Hawaï, Zachry et sa tribu survivent et combattent une horde cannibale. La civilisation a disparu, et avec elle le savoir et le beau langage… (roman post-apocalyptique)

C'est un roman où il faut accepter de se laisser emporter par la narration, les protagonistes et les événements. La langue évolue et perd sa beauté au fil du temps : élégante au XIXe siècle, standard dans la deuxième moitié du XXe siècle, elle devient malmenée dans le monde apocalyptique où règles et syntaxes sont oubliées. Il faut souligner le talent du traducteur, qui non seulement respecte le style de chaque époque, mais aussi qui arrive à nous rendre très lisible la dernière époque (post-apocalyptique) alors que le langage n'est plus qu'une bouillie, à tel point qu'on l'oublie et que l'on continue à plonger dans le récit pour suivre les aventures de Zachry.

Les liens entre les histoires et les personnages sont tenus, mais ils installent une ambiance légèrement fantastique : une tache de naissance similaire, et un document produit par le personnage de l'époque précédente qui tombe entre les mains du protagoniste de l'époque en cours sans qu'il y ait réellement d'impact sur son histoire.

Alors quels sont le vrai lien et le sens général de ce roman ?

La réponse réside dans la construction du récit, qui est très différente de celle du film. Dans la version cinématographique, les réalisateurs passent constamment d'une époque à l'autre. Pour le roman, l'auteur a choisi d'abord de raconter chaque aventure dans l'ordre chronologique, en s'arrêtant à chaque fois à la moitié de l'histoire pour passer à la période suivante. Arrivé à la sixième et dernière époque (post-apocalyptique), il va jusqu'au bout de la narration, pour remonter le temps et terminer les récits des époques précédentes. Lors de la période polar des années 70, un paragraphe nous suggère qu'il est possible de modifier le futur. Je m'attendais donc à un événement fantastique, et… pas du tout !

Nous remontons peu à peu dans le temps, nous prenons du plaisir à retrouver des personnages que nous avions laissés de côté, nous nous demandons sans cesse quel est le fin mot de l'histoire… Et nous découvrons enfin le thème qui lie les époques et qui soutient le récit dans les dernières pages. Et oui, les dernières pages. Mais quand on le lit, cela semble tellement évident ! Ce tour de force est permis par la construction du roman qui est très solide, plus que celle du film, tout en délivrant un message plus subtil.

J'ai regardé divers commentaires de ce livre après l'avoir lu, et les jugements sur la tonalité optimiste ou pessimiste de l'oeuvre diffèrent grandement selon les chroniqueurs. de mon côté, j'ai préféré y voir une note positive : l'avenir de l'humanité est entre nos mains, si nous le voulons bien.

Lien : https://feygirl.home.blog/20..
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