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Critique de steppe


Gilgamesh aurait vécu environ 2500 ans av. J.-C.
Selon les sources, les dates varient. Roi de la cité d'Uruk dans l'ancienne Mésopotamie, il devint légende et héros de la première épopée littéraire de l'Antiquité. le texte présenté ici s'intéresse donc à ce qui est aujourd'hui considéré comme le premier grand mythe fondateur de l'Humanité.

Il s'appuie sur un poème retrouvé sur des tablettes d'argile mises au jour en 1850 lors de fouilles effectuées à Ninive dans l'actuel Irak. Depuis lors, le texte a été de nombreuses fois traduit et interprété.
Et il y a pléthore d'ouvrages sur le sujet. N'en ayant lu aucun, je ne peux dire si celui-ci apporte vraiment quelque chose de plus... Par contre il a le mérite d'être très complet et de mettre à notre portée l'un des textes les plus anciens de notre histoire.

L'ouvrage se décompose en 3 parties.

Dans la première, l'auteur relate les conditions dans lesquelles les tablettes ont été retrouvées. Il parle d'autres récits antérieurs et nous donne une chronologie et un comparatif des différents poèmes relatifs à Gilgamesh.
Et surtout il nous donne les clés nécessaires pour décoder à la fois la forme et le fond, démêlant le mythe de la réalité, faisant de cette introduction une explication de texte presque scolaire. Mais dans le bon sens du terme.
Le tout est passionnant. Jamais rébarbatif. Attention toutefois pour ceux qui ne
connaîtraient rien du ressort dramatique de l'histoire car tout est révélé dans cette première partie. Et certains pourraient en trouver leur plaisir gâché.

Pour ma part, ça ne m'a pas gênée. Je connaissais l'histoire et cette introduction m'a permis d'aborder la lecture du poème avec quelques clés bien utiles.

Le poème donc.... Texte écrit 1700 ans av. j.-c., rien que ça, ça donne le vertige et suffit à nous émouvoir.
Le ressort dramatique est loin d'être ennuyeux et l'on pourrait presque le lire comme un bon bouquin de fantasy.
En ce qui concerne la forme, je suis plus partagée. Non pas que le genre poétique m'ait rebutée mais la volonté de modernisation de l'auteur a, je pense, un peu nuit à l'ensemble.
Et empêché l'émotion. Ceci dit, n'étant pas capable de lire le poème dans le texte (!), peut-être est-ce lié au récit lui-même et non à la présente traduction. La quatrième de couverture parle d'une langue à la fois fraîche, moderne et puissante. Justement, en lisant un texte datant de 4000 ans, on s'attend à tout sauf à de la "fraîcheur", et c'est peut-être là que le bât blesse. La magie de l'ancien s'en trouvant diminuée.
Toutefois, malgré ce léger bémol, il reste au détour de certains vers, quelques belles envolées.

Les thèmes abordés sont nombreux.
On assiste à la première grande histoire d'amitié de la littérature, on y soupçonne une homosexualité sous-jacente et l'amour de Gilgamesh pour Enkidu s'inscrit sans problème dans notre monde moderne.
On y parle de la peur de la mort, de la vulnérabilité, de la puissance, de l'arrogance. On y parle de quête et au final de sagesse.
On assiste aussi au premier récit écrit du déluge, bien avant celui de la Bible. Et l'on mesure ainsi l'importance du texte et de ce qu'il a amené aux siècles suivants.

La troisième partie du livre est constituée de notes se référant à différentes pages de l'oeuvre ou vers du poème et donne quelques explications supplémentaires. Elle montre l'influence de l'épopée de Gilgamesh sur des récits plus récents comme la Bible, voire Alice au pays des
merveilles (hé oui!), en montrant ainsi l'universalité.
Elle donne un aperçu des différentes traductions de certains passages particuliers. Elle fait référence à de nombreux autres écrits sur le sujet et contrairement au reste du livre, s'adresse plus aux érudits qu'à nous, pauvres ignorants....

En conclusion, j'ai adoré me plonger dans ce récit vieux de plusieurs millénaires. Assistant ainsi par procuration à la naissance de l'écriture.... Rien que ça !
J'ai trouvé très émouvant de rencontrer une pensée si lointaine et en même temps si proche de nos préoccupations actuelles. J'ai apprécié sans mesure l'universalité du propos qui ne paraît usé aujourd'hui que si l'on oublie de le replacer dans son époque.
Et que l'on oublie son influence sur d'autres textes mieux connus comme la Bible ou les écrits d'Homère...
Un grand merci donc à Babelio et à Synchronique Éditions pour cette découverte.

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