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Critique de Mioon


Les détracteurs de Berserk le qualifient souvent comme un manga bourrin et idiot, voire même manichéen, et je dois bien avouer que ça m'amuse assez de voir combien ces gens tombent magistralement à côté de la plaque ! Si les premiers tomes ne sont certes pas les meilleurs de cette oeuvre, ils placent toutefois la barre très haut, et Kentaro Miura a su créer des personnages beaucoup plus travaillés qu'il n'y parait au premier abord.

Si Zondark peut être qualifié de brute épaisse, l'abandon de son humanité face à l'adversité (dans une parodie christique assez appuyée en plus, avec le ''ceci est mon corps'') est au contraire les prémices d'une critique sévère envers la religion, et ce qu'il s'agisse des bourreaux ou des victimes, placées dans une position de victimes consentantes. Moins christique, Vulgus témoigne aussi de cette charge : un lecteur peu attentif y verra une brave victime qui veut juste qu'on rende justice à sa pauvre famille, mais un lecteur plus averti saura aussi déceler le mal qui se cache au coeur de son personnage. Vulgus n'est pas noble, et les horreurs qu'il a subi n'ont pas fait de lui un saint... loin d'un pathos glamourisant le handicap, Miura charge au contraire, démontrant que la victime est un homme comme un autre, que la souffrance ne transcende pas, et que Vulgus est au final un personnage vile et lâche, qui rêve d'une basse vengeance qu'il refile bien vite à autrui. Et que dire du Comte, veuf épleuré qui se sait monstrueux et se vautre dans ses vices, à peine capable d'y résister pour sa fille. Même Puck, l'elfe mignon et plein de bons sentiments, n'y fait pas exception, et c'est Guts qui le met face à ses contradictions sans prendre de pincettes : avoir de grands sentiments et une belle moralité, c'est bien. Envoyer les autres se battre à sa place en espérant que quelques mots grandiloquents suffiront, c'est veule.

Et comme les personnages ne suffisent pas, Miura joue aussi de symboles, notamment avec ce body-horror très présent chez lui et si bien utilisé. Cette utilisation de la prothèse de Guts qui, si elle rappelle bien évidemment Cobra, vient aussi travestir la chair pour rendre le personnage plus fort.

Berserk, c'est clairement un manga sans limite, dans le sens où Miura aime justement les troubler : la limite entre le bien et le mal, la vengeance et la justice, le courage et la rancoeur, la chair et le métal, la beauté et la pourriture. Loin d'être dénué de subtilité, Miura en déploie au contraire beaucoup, peut-être même trop, rendant ainsi son manga presque cryptique pour qui ne sait pas sortir des clichés farcis dans son crâne.
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