Cela fait un bail que
Patrick Modiano n'a plus rien à prouver. Son oeuvre parle pour lui et il ne peut qu' y ajouter quelques chapitres, peut-être pour ses aficionados les plus insatiables, qui n'en auront jamais assez de ces atmosphères floues et de ces souvenirs fantomatiques qui forment l'essentiel de la matière de ses livres. Qu'est devenue
la danseuse dont le narrateur évoque le souvenir dans son dernier
roman, sans d'ailleurs préciser quelle fut, à une époque lointaine, la nature de la relation avec elle (amie, amante, les deux ?) de ce compositeur de chansons, pas encore très affirmé en sa jeunesse, qui allait devenir écrivain ?
Modiano se remémore des bribes, des personnages qui passent, parfois inquiétants, suffisamment en tous cas pour parler d'un hier révolu, dans un Paris qui, lui aussi, a disparu, aussi sûrement que les épais bottins téléphoniques. On attend toujours Patrick au carrefour de la nostalgie, et il est bien là, tel qu'en lui-même. Qu'importe si
La danseuse n'apporte rien à la grandeur du
Prix Nobel, c'est une brique de plus dans la construction d'un univers de multiples nuances de sépia dans lequel le lecteur conquis depuis des lustres plonge avec plaisir, sachant pertinemment que la destination n'est jamais importante, à partir du moment où le voyage erratique dans la mémoire nous a procuré la sensation étrange et agréable d'être parti vers un ailleurs dans le passé, où rien n'est certain si ce n'est qu'il a existé, d'une manière ou d'une autre.
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