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Critique de Cricri124


Dans la tête d'un indic à la solde de la gestapo française.

Le début est assez confus et malsain. le narrateur, un jeune homme de vingt ans, nous convie à la petite sauterie d'un groupe de personnages qui se complaisent dans l'opulence, s'extasient de boire du cognac qu'on ne trouve plus qu'à 100 000 francs le quart de litre, et fument des anglaises à 20 000 francs le paquet. Ça s'amuse, ça danse, ça batifole pendant que les hurlements d'un homme montent du sous-sol dans l'indifférence générale. On sait juste qu'un coup de filet se prépare grâce aux informations que doit fournir le narrateur. Ça y est, nous sommes entrés dans la ronde… mais quelle ronde ?
Une avalanche d'informations nous dégringole dessus de manière décousue. Et puis, nous comprenons, pensons comprendre…
Il y un magnifique passage, vertigineux, à peu près au tiers du roman, que je trouve emblématique de l'atmosphère de ce roman. Je le mets en texte masqué, il est assez long. Pour ceux qui en ont le courage :


Oui, c'est une ronde, une ronde sombre, glauque, dérangeante ; une représentation hallucinée et angoissée de l'époque de l'occupation, à l'instar d'un mauvais rêve dont les impressions s'agrippent, s'enflent, se répètent, et tournent, tournent, tournent, sans relâche, telle une ronde de nuit, balayées par intermittence d'un faisceau de lumière, ponctuées de déambulation dans un Paris occupé et de souvenirs d'avant-guerre. le temps y est également déformé, dédoublé.

A mon avis c'est typiquement le genre de livre sans demi-mesure : soit on aime, soit on déteste. Ce n'est pas une lecture plaisante à proprement parlé. Elle est déroutante, dérangeante mais elle est fascinante. Et comme les réminiscences d'un rêve, elle est sujette à interprétation. La personnalité et les motivations du jeune narrateur sont ambigües, se dévoilent par petits bouts, se contredisent parfois. Un garçon dont on disait qu'il aurait un bel avenir, un garçon qui promettait. Mais comme il le souligne lui-même : qui promettait quoi ?
Patrick Modiano fouille ce que la conscience à d'ombres et de replis dans une atmosphère psychédélique à travers un personnage ordinaire, lucide sur lui-même, bien qu'il aurait sans doute voulu être autre, un personnage qui nous emprisonne dans ses pensées. Je vous laisse découvrir.
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