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Critique de enjie77


Modiano fait partie de ces auteurs qui me touchent, m'émeuvent avec son écriture minimaliste, d'une pudeur maladive, et pourtant, il sait si bien parler de l'intime. Sa plume parvient à dégager cette atmosphère de mélancolie que l'on va retrouver tout au long de son oeuvre dont je suis admirative.

Dès les premières pages, les mots défilent, ils sont comme posés sur le papier, sans affect, un peu comme si Modiano vidait sa mémoire, c'est comme s'il ouvrait une boîte pour en nous raconter le contenu, des vieilles photographies, des lettres. Les souvenirs s'enchaînent toujours tenus à distance.

C'est alors que j'ai découvert ces phrases comme pour mieux confirmer mon ressenti :

« J'écris ces pages comme on rédige un constat ou un curriculum vitae, à titre documentaire et sans doute pour en finir avec une vie qui n'était pas la mienne. Les évènements que j'évoquerai jusqu'à ma vingt et unième année, je les ai vécus en transparence – ce procédé qui consiste à faire défiler en arrière-plan des paysages, alors que les acteurs restent immobiles sur un plateau de studio. Je voudrais traduire cette impression que beaucoup d'autres ont ressentie avant moi : tout défilait en transparence et je ne pouvais pas encore vivre ma vie ».

Monsieur Modiano, vous avez parfaitement réussi à traduire votre vécu en transparence.

C'est un livre bouleversant. Enfant, Modiano a vécu dans une atmosphère glauque. Né en juillet 45, d'un juif et d'une flamande, il vit dans une forme de no man's land affectif. Ses parents, rapidement séparés, lui font passer une enfance à la limite du rejet, comme un paquet encombrant, partagé entre une mère comédienne cantonnée aux petits rôles, toujours à court d'argent et un père qui évolue dans un milieu lié à la pègre, entre collaboration, marché noir et de rendez-vous bizarres. le tout, balloté de pensionnat en pensionnat et toujours avec cette absence terrible de la tendresse.

« Je n'y peux rien, c'est le terreau – ou le fumier – dont je suis issu ». Oui Monsieur Modiano mais Jean-Claude Brialy disait « C'est dans le fumier qu'éclosent les fleurs magiques ».

Monsieur Modiano, je confirme, votre oeuvre que je découvre, livre après livre, est à mes yeux une douleur - la douleur d'un enfant qui n'a pas connu le paradis entre les bras de ses parents - dont la beauté suggère à la rêverie et dont les messages subliminaux me remuent.
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