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Critique de FleurDuBien


Je vais derechef entrer dans cette polémique stérile, d'une imbécilité crasse, ces "fake news" indigestes que l'on voit fleurir ça et là sur les réseaux sociaux, sans preuves aucunes, sans véracité, sans pitié.
Et puis, la douleur dérange les braves gens, on ne sait jamais, cela pourrait être contagieux. Bandes de pleutres.
Alors oui je crois Mr Moix.
Je le crois d'autant plus que moi-même, je fus une petite fille maltraitée, humiliée, massacrée par une mère folle et haineuse à mon endroit. J'ai même failli être passée par là fenêtre par ma génitrice, qui se dit être une bonne mère aujourd'hui.
Mais mon enfance et mon adolescence ne furent pas du même acabit que l'horreur dont a été victime Yann Moix, et dont il sort, apparemment bien, je dis "apparemment" car, derrière son masque de provocateur et de mépris, se cache une âme tendre et veloutée.
Je le crois parce que, les sévices dont il fait mention sont si abominables, que personne ne pourrait inventer de telles horreurs.
Quand aux prétendus mensonges dont parle partout Mr Moix père, je n'en crois pas un mot. Aucun parent maltraitant n'avoue son (ses) crime(s), et je trouve déplacé ce qu'affirme ce bourreau, ce petit monsieur, à sa place je me cacherai plutôt que d'ouvrir sa si grande bouche.
Et puis je le crois par la sincérité incroyable que sont ses mots, et je le crois en raison d'une seule evidence ; dans quel but Mr Moix aurait intérêt à raconter par le menu ces sévices, et notamment cette scène abominable dans laquelle le père, le barbouille le visage de ses excréments par des linges souillés dûs à des crises d'angoisse récurrentes. L'encoprésie dont il souffrait est, on le sait maintenant, dû à une grande souffrance intérieure.
Ne pas oublier sa folle de mère, qui ressemble à Folcoche de Vipère au poing mais en pire, c'est dire, qui veut sa mort, elle le lui dit très clairement, sans prendre de gants.
Ceci étant dit, passons au livre lui-même.
Les deux parties, le dedans et le dehors, sont, à mon avis, complémentaires. L'une ne va pas sans l'autre.
Le dedans est terrible, je ne vais pas revenir dessus, on en prend plein la tête, les yeux et l'âme.
Le dehors est plus ardu à lire, plus hermétique, mais on y voit un Yann Moix amoureux, mais amoureux transi de froid car les filles le battent froid.
Ceci est dû vraisemblablement à ce que j'appelle la technique du paillasson ; tout enfant maltraité, n'est attiré que par des personnages toxiques, délétères et dont l'amour est moribond pour toujours. Et oui, les gens malmenés gravement par leurs géniteurs doivent avoir une odeur, une saveur qui découragent et éloignent les autres, Autres qui s'essuient avec une certaine satisfaction sadique à grand bruit leurs souliers crottés sur le paillasson de l'enfant martyrisé.
Quand votre mère ne vous a pas aimé, les autres ne vous aimeront pas, ou si peu, médiocrement, abusivement ou pas du tout. Les relations tiédasses ne sont pas ma tasse de thé non plus.
Cet ouvrage est un hommage poignant aux livres, qui ont sauvés littéralement le petit bonhomme massacré. On y trouve Gide, bien sûr, mais également Charles Peguy et le poète Francis Ponge, dont on peut reconnaître le style flamboyant en exergue dans la seconde partie. Bravo d'ailleurs à Mr Moix qui utilise à la perfection l'imparfait du subjonctif, et qui manie la langue comme personne. Cela aussi je l'ai beaucoup appréciée, cette si belle écriture, ce style magnifique, s'envolant au-dessus de nous, les lecteurs.
Mais ce que j'ai le plus aimé, ce qui m'a plus touchée, c'est le clivage qu'a opéré Mr Moix lors de ces faramineuses raclées, il se dédoublait pour qu'une partie puisse rester saine et protégée. C'est sans doute pour cela qu'il a échappé à l'asile d'ailleurs.
Bravo Mr Yann Moix. Votre livre est un prodige ( oui je sais, j'entends déjà derrière moi la meute de loups et leurs claquements de mâchoires féroces, mais je m'en moque).
Je vous dis au revoir Yann Moix, et j'ai le respect de votre courage pour avoir déterré tout cela, ce cloaque immonde, cette infamie, ce meurtre d'âme.
Rien que pour ce courage, j'aime Yann Moix.
Merci.


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