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Critique de AuPouvoirDesMots


Quand j'achète ce livre de Yann Moix, je ne sais pas grand-chose de l'auteur, comme la plupart des gens. Et comme la plupart des gens, je ne connais que le chroniqueur acerbe et aux allures méprisantes qui sévit dans l'émission On n'est pas couché de Laurent Ruquier. Autant dire que je n'en connais rien. Et la curiosité, et le fait de ne pas le limiter à ce triste portrait, et le fait que les personnalités gênantes me donnent à réflexion, et que lire un auteur en apprend plus, certainement, sur l'homme que n'importe quelle caméra de télévision, j'ai lu Une simple lettre d'amour.
Et simple, elle est loin de l'être.
Un homme est quitté, et au retour d'un voyage, il écrit cette lettre à la femme aimée.

Que ce texte a dû faire frémir les bonnes gens douillettement installées dans leurs préceptes lissés d'amours cristallisées, de schémas moulés avec mode d'emploi à suivre ! Chabadabada…
Comment cet auteur peut-il écrire son mal d'amour en niant la beauté romanesque du sentiment ? Entre cynisme et amertume, le narrateur est un être détestable. Il n'y a pas d'amour heureux. C'est un être brûlé et brûlant qui oscille entre déclaration fiévreuse envers la femme perdue, ce corps tant convoité, tellement désiré, consommé avec une passion dévorante, et les mots dédaigneux de l'homme blasé de tant de superficialité. Car enfin, la femme aimée est aimée pour mieux s'aimer soi-même. Car la femme aimée excite la jalousie, elle est le reflet de l'homme quand il est en société, elle a le corps qui attise les sens, elle apaise les pulsions sexuelles.
Mais pour quelles fins ? Un corps qui vieillira, qui s'enlaidira. le corps devient un mensonge, une tromperie, le narrateur nous rejoue Une charogne de Baudelaire et surenchérit soulignant les conversations creuses et inintéressantes de la belle face à lui, l'être cultivé, lettré, à l'intelligence supérieure qui finit par s'ennuyer de tant de vide. Cette cruauté des mots souligne-t-elle une misogynie, une mégalomanie ou simplement la souffrance d'un homme qui ne sait pas aimer ? La fin de cette lettre peut laisser à penser qu'une blessure ancienne restée purulente nécrose tout frémissement amoureux bourgeonnant.
Le narrateur (Yann Moix ?) est-il vraiment cet homme blasé et cinglant ? Je n'ai pas pris cette lettre comme une leçon, il n'y a pas de leçon, juste une histoire d'amour échouée. Glauque. Cette histoire appartient à ceux qui l'ont vécue. Parce qu'il y a autant d'histoires d'amours différentes que de couples formés un temps, longtemps ou furtivement.
J'en retiens un texte fort, violent qui peut ébranler, choquer ou interpeller si on s'ouvre l'esprit. Des mots en rage, une écriture à fleur de peau, une plume sublime.
Yann Moix n'est plus seulement ce chroniqueur pédant.
Lien : http://www.aupouvoirdesmots...
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