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Critique de jaco5757


Jamais un roman ne m'aura autant mis mal à l'aise, de par les messages épouvantables qu'il véhicule. Je le trouve même parfois carrément toxique !
Camille, richissime homme d'affaire, reconnaît être addicte au sexe, fréquente régulièrement des prostituées de luxe, fait et accepte qu'on publie des sextape le mettant en scène avec ses compagnes, fréquente des strip-club et organise des parties fines chez lui. le pire n'est cependant pas là… En effet, il crée une application internet qui permet aux personnes qui souhaitent se prostituer ou « se payer » des prostituées d'assouvir leurs besoins de sexe ou (pour les victimes) d'argent. Les prostituées sont souvent de jeunes étudiantes qui n'arrivent pas à payer leurs études (Il en racole, personnellement, une qui est en fac de Médecine) et les clients sont des hommes (très) fortunés qui n'ont plus qu'à faire leur marché sur l'application, en toute discrétion !...
« Je fais une appli pour protéger les prostituées car il y aura toujours de la prostitution. » (sic) Drôle de manière de les protéger en leur facilitant la possibilité de se jeter dans la gueule du loup, en les incitant à gagner de l'argent (à partir de 100 euros la passe) en rencontrant des gros porcs lubriques, passibles de 5 ans de prison en tant que client (et encore, si leur proie est majeure, ce qui, sur une appli, est tellement facile à laisser croire…). 5 ans de prison (Article 225-5 du Code pénal) et jusqu'à 10 ans pour le souteneur, le mac, le proxénète, bref, dans notre cas, celui qui gère l'appli et touche les commissions inhérentes à son trafic (in)humain. Lui qui est riche à milliards, ne serait-il pas plus opportun de faciliter l'accès au travail, des formations, des aides, à ces jeunes gens qui préfèreraient, sans nul doute, gagner de quoi vivre, autrement qu'en vendant leur corps et leur sexe à des inconnus ?... Mais, ce serait, sans aucun doute, moins lucratif pour lui ! le pire de tout, c'est que Camille n'est pas le « méchant » de cette romance mais bien le héros qui va nous entraîner dans une romance merveilleuse et « épicée » à souhait. Et le pire du pire, c'est qu'il n'y a pas la moindre ambiguïté dans le fait que l'auteure, par la bouche de son héros, essaie de nous convaincre que cette application est une bonne chose !!! Et le pire du pire du pire, c'est que de jeunes adultes, des adolescentes, pas toutes capables d'un esprit critique suffisant, sont « fans » de cette auteure et boivent ses paroles écrites comme vérités absolues, comme des modèles à suivre les yeux fermés !!! (D'où le terme « toxique », en début de chronique)
La raison de « l'engagement » de Camille ne peut pas être révélée ici, car ce serait un regrettable « spoil », mais rajoutons simplement que l'auteure semble s'acharner à défendre l'indéfendable, s'enlise, essaie de se « rattraper aux branches » et s'enfonce de plus en plus, au fur et mesure que le récit avance.
D'autres invraisemblances jalonnent le récit :
- Nolia est traumatisée par son passé douloureux et des « sex tape » d'elle qui ont
été diffusées à son insu, sur le NET. Elle en garde un traumatisme bien compréhensible. Pourtant, quand son amoureux Camille l'exhorte à visionner, sur internet, une « sex tape » « porno hardcore » où il est en scène avec une femme, celle-ci le trouve merveilleux et se masturbe tout en regardant !!!
- Accro au sexe, Camille est malheureux car il ne comprend pas que Nolia n'aime pas
trop ça. (Le pauvre…)
- Au beau milieu de leurs ébats intimes, Nolia demande à Camille D attendre
quelques instants, car elle doit « aller faire pipi… ». En réalité elle va vite se raser « le maillot » car elle s'est rendu compte qu'elle avait oublié…
Au début, le récit traîne, avec les richesses, l'argent, les tournages, les séances photo, les beaux restaurants, les demeures incroyables (22 pièces, 9 chambres, 7 salles de bain,…), les tenues de grands couturiers changées 3 fois par jour. C'est long, les banalités et le luxe s'étalent, de pages en pages, frôlant l'ennui et la vulgarité. « Sa chemise Prada est ruiné mais il s'en fiche. C'est rien, elle ne coûte que 1200 euros ».
le luxe mais aussi le sexe est, lui aussi, omniprésent tout au long du récit (le thème général est bien posé), que ce soit dans les dialogues, les événements, et les scènes indécentes très explicites où on a même droit aux odeurs, celles des parfums de luxe se mélangeant à celles du sperme, de la cyprine et de la sueur.
Ce n'est qu'assez tard que la romance prend enfin un peu de profondeur avec une révélation inattendue et très belle. L'idée, en liaison avec une légende ancienne, est vraiment originale et apporte beaucoup de tendresse et d'amour autour de nos deux personnages. Camille se révèle sous un jour très positif, attentionné, aimant, généreux qui est en opposition totale avec le personnage public et médiatique (Quel dommage qu'il ne soit pas uniquement ce personnage-là !). Il adore carrément la fille de Nolia et va s'en occuper comme si c'était sa propre fille.
Comme à son habitude, Morgane Moncomble aborde quelques faits de société actuels et graves avec beaucoup de justesse et c'est d'autant plus incroyable de constater comment elle aborde celui de la prostitution…
- Les mères possessives et dépendantes affectivement de leur enfant dont elles n'arrivent pas à couper le cordon ombilical.
- Les mariages arrangés, encore à notre époque et en Europe.
- le déni de grossesse et la souffrance qu'il peut engendrer pour la maman
- le harcèlement, les violences conjugales, les violences sexuelles
- le rôle assigné aux femmes d'être de « bonnes mères », tout en s'occupant bien de leur mari (Ca existe encore ça ?!)
- Les déchirements, parfois, autour de la garde des enfants de parents séparés.
- Les divergences dans les concepts éducatifs des parents d'une génération à l'autre
En opposition totale avec les considérations surprenantes développées sur le sujet
de la prostitution, Morgane Moncomble termine l'ouvrage par une annexe qui donne des contacts de vraies associations oeuvrant pour la protection des femmes, des prostituées et des femmes victimes de violences. Surprenant !
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